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PRISON SUR DEUX PATTES
Femme emprisonnée
Prisonnière des mots,
Prisonnière de tabous,
Prisonnière de F-E-M-M-E
Prisonnière, prisonnière, prisonnière.
Fille, femme, mère, chienne, salope
Toujours derrière ces barreaux de vie
Barres de société patriarcale
Pouvoir d’homme
Pouvoir de gros bras, grande gueule
Petites nous sommes
Je suis petite
Nous sommes petites
Prisons ambulantes
Faites de poils et de chair
Faites sur deux pattes envolées
Nous exécutons
Fermons-la !
Enfants, sang, jupe, IMPUISSANTE.
JE LE SAIS QUE T’ES BELLE
DIT :
Je suis belle
Je suis belle
Je suis belle
RÉPÈTE
Je suis belle
Je suis belle
Je suis belle
Ta beauté est spectacle auquel mes yeux s’abandonnent
Ta confiance est une fleur qui devrait être pierre
Où tu ne laisseras entrer personne.
Alors répète : JE SUIS BELLE.
SOIS UN ROI
Regarde les lignes de ta main
Elles sont vivantes d’intentions morbides
Dansent sur son corps
Ses muscles frêles se serrent
Tu continues à valser sur sa chair
Tes bras forts comme sa haine
L’enlacent férocement mais maladroitement
Elle se tortille tels tes doigts crochus
Tu crois que vous êtes en harmonie
Que vous êtes telle la poésie
Elle croit que vous êtes en plein cauchemar
Qu’elle se bat contre la mort
L’attaque de la clarté, elle aimerait que
Ce bout de tunnel s’ouvre sur elle
Elle ouvre les yeux et tu es encore là.
Tu signifies le gouffre
Elle veut se désintégrer par la pesanteur de ton anatomie
Ses yeux dégoulinent d’innocence
Tu absorbes cette candeur de ton éponge mentale
Lui enlèves à tout jamais.
Vivra-t-elle ?
Elle mourra de l’intérieur
Ses pensées se faneront
Son cœur construira cette prison
Elle restera incarcérée d’elle-même.
Réalises-tu ?
Regarde les lignes de ta main
Ce qu’elles peuvent faire.
Ces lignes tu les diriges
Sois un roi
Ou un bon vivant
Pas vipérin
Valse gentiment sur sa chair gracile.
Si tu veux d’une reine
Sois un roi : quand elle dit non, c’est non.
SÉDUISANTE TROUILLARDE
Belle fille grande tu es
Ton cou séduisant attire plus d’une bouche
Délicatement découpées, tes lèvres sont entrouvertes
L’air qui en sort susurre une voix de sainte-nitouche
Tu crois pouvoir rester sous tes couvertures
Celles que tu gardes pour te protéger
Tel un doudou d’enfant
Tu ne peux pas t’en débarrasser
Celui qui y arrivera devra se sentir triomphant
Tu ne baisses jamais ta garde
Tu as peur que ton cœur devienne noir
Pauvre petite cafarde
Les autres te diront simplement sors tes mouchoirs
Cesse de pleurer
Cesse d’avoir peur
Essaie simplement d’aimer
Sors de ta cachette de chasseur
Cesse de te camoufler
Personne n’est mort !
TU N’ES PAS
Il était une fois
Tu n’es pas Cendrillon
Cesse d’appeler ta fée marraine
Cesse de faire ta princesse
Tu ne vis pas dans un conte de fée
Réalise que tu n’es qu’un papillon sans aile
Un avion sans pilote
Un oiseau sans plumes
Un ange sans auréole
Tu ne te rendras jamais au 7e ciel
Tu n’es que toi-même
Pas la Reine des Neiges
Encore moins le nombril du monde !
ASSUME-LE !
Mannequin, maigre, maquillage, manucure
M-M-M-M
Podium, potins, photos, poupées
P-P-P-P
Couture, Cardin, catin, casting
C-C-C-C
Garde tes formes
Fuck l’anorexie
Fuck les modèles de beautés
Fuck les préjugés
J’aime tes formes
T’es séduisante autrement sexy
ASSUME-LE !
Ressembler à ces planches
C’est se détester
ASSUME- LE !
Mange ta poutine
Pas obligée de te maquiller
ASSUME-LE !
Une femme
Pas un objet
Pas un animal
Pas une planche à dessin
Une F-E-M-M-E
ASSUME-LE !
TENTATIVE DE REPRÉSENTATION
Les mots ne viennent pas
Les mots ne sortent pas
Les mots forts ne sont pas
Je ne peux en choisir
Pour nous décrire
Nous sommes des poèmes à nous-mêmes
Je le dirai la cinq cent-cinquante-cinquième
Séduisante, flamboyante, insouciante
C’est si peu pour dire << fascinante >>
Notre sexe associé au rose
L’opposé qui lit morose
Parce que j’ai raison
Nous sommes comme la floraison
Donnons vie et signifions nouveau
Nous sommes ce qu’il y a de plus beau !!!
AVANT MÊME D’ÊTRE ICI…
Avant même d’être ici j’ai peur
Que rose soit ma couleur
Je ne suis même pas une vie
Crier est ce dont j’aurais envie
Mes coups que tu sens
Expriment bien mes sentiments
Colère, injustice, colère, injustice
Je veux que tu m’appelles << ton fils >>
Je veux m’imposer
Naître écouter
Je ne sortirai pas de ma douillette coquille
Je ne veux pas être une fille !
MIROIR VOYEUR
Les dits du miroir voyeur
<< Tu es l’horreur
Qui, malheureusement, ne meurt
Quand tu partiras, ce sera dans la terreur ?
Peut-être la fureur…
Cesse de regarder ta maigreur !
Je suis ton dénigreur.
Tu fais peur !
Tu ne porteras pas ce tailleur ?
T’es vraiment ailleurs.
T’as un regard mitrailleur
Tes bras déshabilleurs
Dénudent ton corps de roupilleur
Tu commences à crier en bégayeur
Tes pensées contrôlées sortent chamailleurs
Quand en finiras-tu avec tes yeux brailleurs
Et ta tête d’idées ferrailleur ? >>
Et les autres : << Allez, change d’humeur ! >>
Tu pourris comme les poumons d’un fumeur
Tu détruiras ce miroir voyeur.
FEMME-CHAUSSURE
Je reste là et j’attends
Je te laisse avancer
Je te regarde regarder d’autres regards
Tu es rigide tel le cuir
Je suis friable, je me désagrège, je suis poussière.
Tu me laisses là, j’attends.
Je suis ta vieille paire de chaussures
Au fond de ta penderie
Je reste seule à me détruire
Je voudrais avancer avec toi
Tu avances avec tes autres femmes-chaussures
Quand seront-elles aussi usées que moi?
Quand reviendrai-je à la mode?
Je voudrais redevenir ta femme-chaussure.
UNE POMME
Ma confiance est une pomme
Celle déjà croquée
Celle qui pourrit
Celle que nous ne désirons plus
Celle qui était jolie
Si fière tu es d’y avoir goûté
Mais gaspillée
Difficile est de se régénérer
Je devrais être nouvelle
Plus belle
Mais tu as tout gâché
Tout gaspillé
Ma confiance est…
Beaucoup moins goûteuse
Beaucoup moins attirante
Beaucoup moins colorée
Je suis cent mots.
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C’est un privilège de lire celà ❤️