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Il y a une croyance qui dit que lorsque l’on rêve d’une autre personne, c’est parce qu’elle rêve aussi de nous. Comme une connexion spéciale qui brise toute rationalité. Une force invisible voulant joindre les gens avec un destin commun. Je n’y ai jamais cru, jusqu’à mon début de cours de cette année.
Ariane Smith était la plus belle fille que je n’avais jamais vue. Elle était populaire, intelligente et intéressante. Elle était loin des autres filles superficielles et égocentriques que je pouvais entendre me critiquer à la cafétéria, car j’étais seul à effectuer un travail sur la thermodynamique qui m’avait englouti cinq heures sans résultat. Je l’apercevais souvent dans les couloirs. Lorsque je la voyais, je ne pouvais m’empêcher de bégayer et de lui adresser la parole avec un salut des plus anormaux. Auquel elle répondait toujours d’un petit sourire tout en continuant son chemin. Après plus d’un mois à rêvasser d’elle, j’ai eu cette connexion. Je venais de m’endormir après six heures de travail. Je l’ai vue devant moi, Ariane. L’endroit était étrange, j’avais le cœur qui battait à toute allure. C’était un couloir cylindrique sans fin visible. Les murs étaient comme translucides. Des lumières se déplaçaient à des vitesses incroyables comme si le cylindre était un passage qui voyageait à la vitesse de la lumière. Mais, je ne pouvais la perdre de vue dans ce spectacle de lumière, car elle était là. Elle était assise et me faisait signe de m’asseoir, ce que je m’empressais de faire. Elle me demandait ce que je voulais et pourquoi j’envahissais ses rêves. Je n’avais aucune réponse à lui donner, le stress me faisait perdre la capacité de parler et elle rajoutait :
- C’est toi qui me souris toujours, non ?
- Oui ! Je veux dire, oui. Je m’appelle Ted Daniels.
- Et moi…
- Ariane Smith, oui, je sais qui tu es.
Nous en profitions pour faire connaissance, cette nuit fut en quelque sorte spéciale. Elle ne faisait pas que me répondre. Elle poursuivait une conversation avec moi. Les semaines passèrent et je peux l’affirmer : le passage existe. Plusieurs fois par semaine, je retrouvais Ari dans le passage et nous avions commencé à très bien nous entendre. En revanche, c’était la seule façon de lui parler. Nous étions dans deux classes sociales différentes, j’étais qualifié de ‘’nul’’ alors qu’elle, c’était Ariane. Elle me souriait à son habitude, mais elle ne me parlait jamais. Elle m’avait dit que son cercle social était très important et qu’elle préférait que je n’interfère pas. Cela faisait mon bonheur, je trouvais ses amis complètement insupportables. Lors de nos rêves fusionnels, nous commencions à développer de l’amitié. Je crois qu’elle m’aimait bien.
- Comment se passe ta période d’examens ?
- Tu sais bien que je n’ai aucune difficulté. Je passe tout mon temps dans mes devoirs. Je n’ai pas vraiment d’amis pour passer le temps autrement.
- Mais je suis là moi, non ? Je ne compte pas ?
- Si, mais qu’ici. Tu ne me parles pas lorsque nous sommes dans l’établissement.
- Tu sais bien, j’ai une réputation.
- Je sais… Ça te dérange si… Si l’on devient plus que des amis ? Uniquement ici ! En vrai, oublie, en fait ça me va comme ça.
- D’accord.
- Hein ?
- Je suis d’accord, Teddy.
Depuis cette nuit, j’étais plus expressif et j’avais l’impression qu’elle aussi se permettait plus. Je m’offrais le droit de lui envoyer la main lorsque j’étais à la cafétéria. Elle me renvoyait ce petit salut gêné. Ses amis la taquinaient de cette relation qui, de surface, paraissait comme la relation la plus timide de l’histoire. Mais c’était bien plus que cela, je vivais dans un conte de fées. C’était un amour passionnel. Je me retrouvais dans notre chambre commune pour la joindre. Nous étions toujours près l’un de l’autre. Nous avions des moments de discussion, de réflexion et d’intimité. C’était bon d’avoir tout cela alors que nous n’étions pas ensemble physiquement. En décembre, le rêve se brisait comme la tasse que l’on échappe au sol. Je sortais de mon cours et Ariane embrassait un garçon. Je figeais et des larmes commençaient à pleuvoir sur mon visage. De tristesse, je me réfugiais chez moi dans ma chambre. J’étais en colère après elle.
- Cette salope.
Le soir même, je ne pouvais l’enlever de ma tête. Je la retrouvais dans le chemin. J’étais assis et cette fois, c’est elle qui était debout.
- Qu’est-ce que tu fais là !
- Je viens ici, comme à notre habitude.
- Tu as un sacré culot pour venir ici après ce que tu as fait. C’est même étonnant que tu rêves à moi, je pensais que tu n’allais pas pouvoir venir ici.
- Mais je t’aime.
- Ferme là ! C’est faux ! Sinon tu n’aurais pas fait ce que tu as fait !
Des larmes continuaient à couler. Ce n’étaient plus des larmes de tristesse, mais de colère.
- Tu es une vraie conasse !
- Je n’avais pas l’intention de te faire du mal.
- C’est raté ! Tu sais quoi ? Je ne devrais même pas te parler.
- Mais…
Le passage s’était coupé. Je me réveillai au milieu de la nuit et je ne pouvais me rendormir. Jusqu’au lendemain, je ne dormis pas. Tout se bousculaient dans ma tête. Je pris un couteau et je le dissimulai dans mon manteau avant d’aller en cours. Mais lorsque je suis arrivé à l’établissement. Elle était là avec le garçon de l’autre jour et son groupe d’amis, je me dirigeai vers eux. Je n’en ai rien à foutre de sa réputation, je vais lui en faire une. Je poussai le sportif et commençai à insulter cette menteuse et lui faire part de mes sentiments sur ce que nous avions vécu. Ce n’était rien pour elle ? Je n’étais qu’un jouet pour elle ? Qu’un simple passe-temps ? Ses amies étaient figées, elles semblaient avoir peur et Ariane se mit à pleurer. Je continuais à l’insulter de tous les mots que je connaissais. Je criais de plus en plus fort. Je ne le remarquai qu’à ce moment précis, j’avais le couteau en main. Le sportif m’imprima un coup de poing directement dans la mâchoire. Je m’écrasai au sol. Il me prit le couteau des mains. La douleur était atroce. Je voyais flou et je n’avais plus la force de me relever. L’une des amies appela la police et me qualifiait de dangereux psychopathe armé d’un couteau. Ariane prit enfin la parole. Elle allait prouver mon innocence et lever le voile sur toute notre histoire.
- Ne t’approche plus de moi, espèce de malade. Tu m’observes depuis longtemps et tu me fais peur ! Et comme si quelqu’un comme moi aurait été avec un minable comme toi !
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