Partager
Aux profs, je dis ceci.
Vous ne l’avez pas facile, les amis. La lutte pour le salaire qui a de l’allure est longue et la correction aussi. Ça ne va pas bien ensemble. On peut toutefois dire que ça va mieux ensemble.
Si vous vous levez ensemble, vous faites du bruit.
Peu importe l’indifférence du gouvernement, peu importe l’oppression du patronat qui n’est pas là quand vous vous tuez à la tâche lors des heures supplémentaires non rémunérées, peu importe les gens qui chignent que les profs devraient se rasseoir et arrêter de chialer, avec leur salaire décent et leurs longues vacances.
Car si vous vous levez tout de même, ce ne seront peut-être pas ceux que vous essayez de convaincre qui vous verront, mais vos disciples.
Nous, les élèves, devons vous entendre, devons vous voir. Dès que vous vous révoltez, vous avez gagné, car vous formez la jeunesse de votre révolte. Les jeunes ont besoin de figures héroïques qui se dressent contre les immenses dragons administratifs.
Dans les couloirs de notre cégep, des affiches nous montrent où en sont les négociations. Vous ne nous prenez pas pour des jambons. Vous nous expliquez pourquoi vous protestez. À mes yeux, c’est pour une juste cause.
Il est vrai que nos modèles à nous, les étudiants, sont des idoles d’Internet, des personnalités publiques qui râlent contre la société de manière plus abstraite.
Cependant, lorsque l’on voit sa prof de français monter dans les tours pour s’indigner de la charge de travail non rémunérée sous laquelle elle croule, on y voit quelque chose de très concret.
On vous l’a souvent dit, votre métier est l’un des plus importants. Vous êtes les bâtisseurs d’esprits, les mentors du raisonnement, les guides du sens commun, les meneurs de l’esprit créatif.
Vous êtes ceux avec qui les enfants, les adolescents et les jeunes adultes passent le plus de temps et qui plus est, vous êtes censés leur montrer la voie de la raison.
Cette description de tâche est extrêmement unique et lourde. Tout de même, un prof de bonne humeur n’était pas chose rare dans les différents établissements que j’ai fréquentés.
Alors à ceux qui dédaignent votre révolte, je réponds que cette lutte n’est pas un concours de salaire. C’est une question d’équité, une question d’évolution sur laquelle repose une société équilibrée.
Si on demandait aux jeunes de plier l’échine et d’accepter des incohérences comme on le demande aux professeurs, on ne pourrait pas compter sur la prochaine génération. Le futur n’est pas fait de moutons ni de loups, il est fait de bergers.
Les bergers, mes chers profs, ce sont vous.
Suivez-nousPartager