Les souvenirs… un roman envoûtant et touchant, critique d’Olivier Bellemare

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La vieillesse est une étape marquante dans la vie d’un individu. L’arrivée de la cinquantaine trace le chemin vers la retraite et éventuellement la maison de retraite. Cette dernière phrase résume ce qui sera plus de vingt ans de vie. C’est sur cette lancée de pessimisme, mais aussi de «poétisme» que David Foenkinos publie Les Souvenirs en 2011. Il écrit une œuvre qui raconte l’histoire d’un jeune apprenti romancier, nostalgique suite au décès de son grand-père. Les personnages qui complémentent la vie de celui-ci ont un intérêt particulier. Les différents problèmes que traversent ceux-ci selon les âges méritent autant d’attention. La franchise de l’écriture de Foenkinos captive le lecteur. D’ailleurs, l’histoire m’a profondément touché.

C’est l’histoire de Patrick, un jeune apprenti romancier qui, à la suite de la mort de son grand-père, est épris d’un sentiment nostalgique envers ces moments qu’il n’a pas pu vivre à ses côtés. C’est ce qui lui fait prendre conscience qu’il doit écrire ses souvenirs, les mettre sur papier pour les rendre logiques. À ce même moment, sa grand-mère semble perdre de l’autonomie. Contre son gré, elle est placée dans une maison de retraite et son appartement est mis en vente. Pour profiter du temps où sa grand-mère est encore vivante et saine d’esprit, le narrateur lui rend souvent visite. Il parvient à l’extirper de sa solitude, même à la faire rire. Cependant, elle fait une fugue ce qui prend toute sa famille au dépourvu. Il tente de la retrouver pour lui offrir ses derniers moments de paix. Le hasard met Louise sur son chemin, cette femme qu’il aimera et le quittera. Il trouve le temps, mais aussi l’inspiration pour écrire ses souvenirs.

Les personnages sont tous reliés logiquement. Il y a Patrick, jeune homme sensible et soucieux du bien-être de son entourage. Il travaille comme réceptionniste dans un hôtel et aime bien ce boulot. Cela le met dans l’ambiance d’écriture qu’il aime tant. Il y a son patron, homme d’une quarantaine d’années, solitaire malgré sa relation avec sa femme. Il essaie de s’occuper avec son hôtel. Il y a le père de Patrick qui, lui, est en deuil de son père et s’occupe du mieux qu’il peut de sa mère, puisque ses deux frères ne prendront pas soin d’elle. Il y a la mère de Patrick qui entre dans la grande aventure de la retraite. Dès qu’elle a quitté l’enseignement, elle s’est empressée de faire des voyages. Elle voulait s’extirper d’un mal de vivre, s’occuper pour ne pas s’ennuyer. Dès son retour chez elle, la nouvelle retraitée s’enfermait dans son monde de solitude. Une vive dépression se déclare rapidement. Son mari, le père de Patrick, ne sait trop comment réagir à ce malaise qu’elle ressent depuis quelque temps. Son couple étant aussi en jeu, il ne sait pas quoi faire. Il y a la veuve du défunt grand-père qui est envoyée en foyer de retraite. Elle ne se plait pas dans cet endroit. Elle ne s’y sent pas à l’aise. Cette femme n’a pas d’handicap ou de perte d’autonomie flagrante. Alors manger de la nourriture molle la rend furieuse. Elle partage de nombreux moments avec Patrick, ce qui allège ses journées de solitude. Un jour, elle fugue de la maison de retraire et le narrateur se lance à sa recherche. À l’issu de cette fugue, il rencontre Louise qu’il aimera tant, cette femme avec qui, dans le futur, il aura un enfant. Cependant celle-ci le quitte, au même moment où les parents de Patrick se réconcilient.

David Foenkinos fait un travail recherché en intégrant les différentes générations dans son œuvre. Patrick fait partie de la dernière génération. Il se soucie d’aspects de la vie qu’un autre jeune homme de son âge n’aurait même pas conscience. C’est la nostalgie qui s’éprend du narrateur, le renverse pour mieux le guider dans sa vie. Il y a la deuxième génération, une lignée désenchantée par leur entrée dans le monde des vieilles personnes. Ils ne savent pas comment réagir à cette nouvelle vie calme, quand tout leur passé était rempli à craquer d’activités et d’obligations. Il y a la première génération, ceux qui ne tardent pas à quitter ce monde. Ceux qui se sont rendu compte qu’ils ne peuvent plus faire grand-chose de leurs vies, mais qui sont toujours là, passifs, à attendre la mort. Ils cherchent en vain à se sortir d’une solitude qui les attaque sans cesse. Cette critique des générations et de leurs problèmes, de leurs pensées et de leurs craintes fait la force de ce roman. Patrick se vide le cœur : «J’ai toujours été fasciné par cette routine de l’agacement entre [mes grands-parents] […] Les disputes avaient le don de souligner le sentiment d’être vivant. On meurt sûrement plus vite dans l’harmonie conjugale» (p.14). L’auteur fait part, avec une touche d’humour, d’un thème grave qui n’ajoute cependant rien de morbide. En d’autres mots, Foenkinos sait faire le constat d’une société en souffrance de vivre.

C’est un livre qui s’adresse à un public avant tout mature et ouvert d’esprit. L’auteur amène le lecteur à réfléchir sur des sujets que notre société ne nous montre pas beaucoup. Il y a les sentiments véhiculés pendant qu’un jeune homme devient adulte, pendant qu’il trouve son identité, les moments de grande exaspération des nouveaux retraités, la peur d’un futur pas si lointain. Finalement, il y a les retraités qui vivent dans une grande solitude depuis déjà plusieurs années et qui s’efforcent de garder le moral. Cette franchise captive le lecteur. Malgré des thèmes plutôt durs et tristes, il n’entre pas dans la morbidité. Il manie les évènements avec humour. En d’autres mots, Les souvenirs est une douce critique de la société moderne.

Ce roman de David Foenkinos m’a profondément touché. Je redoute le moment où je devrai faire face au décès de mes grands-parents. Les souvenirs m’a permis d’apprécier davantage ces moments que je passe avec mes grands-parents. Il m’a fait comprendre qu’il est nécessaire de donner tout le temps possible. Il m’a fait prendre conscience aussi qu’il faut apprécier un sourire, un rire, un regard. Il m’a touché par sa redoutable description véridique des émotions, que ce soit la joie, l’extase ou même la déprime : «Mon cœur était comme une chaîne de vélo qui a déraillé ; j’en avais assez de tourner dans le vide ; je voulais que mon cœur batte enfin utilement. J’attendais tout de la tendresse» (p.73). J’ai eu l’impression de lire ma propre écriture, mon propre style à évoquer la vie avec sarcasme. En d’autres mots, ce roman m’a touché par sa franchise.

En conclusion, David Foenkinos a donné vie à Patrick et à tous ces personnages avec humour et véracité. Par ses thèmes universels, dont la vieillesse, l’histoire touche tous et chacun. Nous passerons tous au travers ces âges, vivront ces mêmes sentiments qu’ont rencontrés Patrick, ses parents ou sa grand-mère. La franchise de l’histoire m’a profondément touché. Je vous invite à vous laisser transporter dans l’univers de David Foenkinos.

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