Pipilotti Rist et poésie: atelier d’écriture; textes inspirés d’une vidéo d’art

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Sip my ocean (écoutez la vidéo sur Youtube)

Je vous propose ici des poèmes écrits par plusieurs étudiant(e)s lors d’un atelier d’écriture qui suggère de puiser l’inspiration (sur le plan thématique et stylistique) de l’écoute d’une vidéo d’art. Tous ces textes sont nés de cet «océan» de la performeuse allemande Pipilotti Rist. Cette image est extraite de sa vidéo Sip my ocean qui a servi de source d’inspiration aux élèves. Plusieurs n’ont pu soutenir l’intenable cri de la chanteuse et d’autres sont devenus des adeptes de la chanson. Je vous invite, lecteurs, lectrices, à tenter l’expérience à votre tour… Bonne lecture, bonne écoute!

Laurence Daneault-Flageol

Je me noie.
Je vois des couleurs: rose corail, bleu océan, vert d’algue.

Les couleurs de la mer, de la vie.

Sauf que moi, je me meurs.
Oh, mais personne ne le sait. Je suis stoïque tandis que j’implose.
Je sombre dans la folie, les profondeurs abyssales du chaos.
Je suis marquée. Ma chair pleure.
Le fil d’une lame damnée est incessamment passé sur mon âme.
On la lacère. On en déchire des lambeaux. On la dévore vivante.
Mais jamais, jamais je ne meurs.
Ma vie est néant, mes pensées, cauchemars.
J’agonise perpétuellement. Je pourris de l’intérieur. Je me noie dans la noirceur.
Je hurle en silence mes souffrances.
Et mes cicatrices rouvrent et suppurent.

Arielle-Anne Bédard

 Je m’enfonce, je me noie, je perds tout contrôle sous l’emprise de tes bras

Je souffre, souffre d’un mal de vivre qui s’est imposé bien malgré moi,
Mais pourquoi me fais-tu cela? Ton cœur est de glace aussi froid que l’hiver
Je tombe dans un gouffre sans fond, glissant sur les cordes de ta guitare
Je bascule dans un tout autre monde, psychédélique, maléfique, mathématique
Non, Je refuse d’y céder, je ne peux, je ne veux être en amour avec toi et ta voix.
Ton âme est noire, aussi noire que tes yeux. Ton impact m’est hors de contrôle …
Envoutants, troublants, effrayants sont les sentiments auxquels je cède
Je décline dans un monde de forêts noires, de créatures et d’êtres étranges
Me faisant sombrer dans une folie incongrue, inconnue et tu en es la cause.
Non, Je refuse d’y céder, je ne peux, je ne veux être en amour avec toi et ta voix.
Tu m’as fait sombrer dans le vice, danser avec le diable pour sombrer à ses caprices.
Mes mains sont imprégnées de ton sang, de son sang et de ma peine dégoûtants
Il me l’avait dit, cette voix logée au sein de mon cerveau m’avait avertie,
je m’y suis soumise pour qu’elle arrête de penser, de parler de me harceler .
Non, Je refuse d’y céder, je ne peux, je ne veux être en amour avec toi et ta voix.
J’ai hurlé, pleuré, crié pour qu’on vienne me secourir car elle ne voulait pas mourir.
Qui suis-je? Désaxée, déséquilibrée, aliénée et détraquée, selon le juré .
Je repeins chaque jour ton visage, tes yeux ensorcelants du fin fond de ma cage.
Emprisonnée dans cette pièce blanche je ne peux que t’imaginer et rejouer ta musique
Chanter, crier tes paroles pour l’enterrer, pour stopper le son du canon qui t’a tué
Pour l’empêcher de me parler, je ne veux plus l’écouter, je suis épuisée je laisse tomber
Non, Je refuse d’y céder , je ne peux, je ne veux être en amour avec toi et ta voix.

Félix Milette

Lors de ma tendre jeunesse
Passée à regarder voler les serpents ailés, Je n’aurais jamais cru avoir un jour besoin de toi

Et pourtant, voilà où j’en suis; assidûment à tes côtés.

Il suffit de jeter un œil à la fermeture éclair me servant de bouche
Pour découvrir le conditionnement malsain qui m’habite.
Il suffit de jeter un œil aux pantins cornus me servant de doigts
Pour plonger dans les profondeurs de la toxicité des portails qui s’ouvrent en moi.

Ces corps obèses, nus et cadavériques,
Dansant en rond comme de lugubres vaisseaux,
Formant ton image de façon chaotique,
Meurent tous en chœur dans l’espoir de goûter une fois de plus à votre addictive géométrie.

Mais que faire si vous me dévorez?

Que faire si vous avez plus faim que moi,
Et que votre appétit surpasse ma volonté
D’être ici et maintenant?

Je n’aurais jamais cru terminer ma courte vie
Dans l’estomac d’un psilocybe cubensis.
Non, je n’aurais jamais cru terminer ma vie,
À nourrir Demoiselle Schizophrénie.

Noémie Plamondon

La mer paisible et l’eau calme les saturent de leurs sons apaisants. Ils se laissent tranquillement bercer par cette cadence à la fois réfléchie et improvisée. Aucun d’eux n’aperçoit le halo de lumière au-dessus de leurs têtes qui s’estompe lentement, ni leurs dernières capsules d’air qui éclosent à la surface. Sous eux, le sol semble se dérober, se diviser, se multiplier, puis se fractionner, encore et encore. Ils voient double, triple même. Personne ne semble se rendre compte de l’étrangeté de la situation. Seulement des visages paisibles, en transe, fascinés par ce monde apparemment inconnu. Captivés par les cicatrices claires du sol, qui disparaissent et réapparaissent au même rythme que la berceuse qui guide leur mouvement. Hypnotisés par ces couleurs qui s’emboîtent, s’embobinent et se mélangent, tel un kaléidoscope en constante rotation. Puis, une sensation étrange, un sentiment d’oppression, la vision soudainement brouillée par le flou environnant, se font ressentir. Ce flou devient peu à peu fumée noire qui obstrue la vue. Leurs esprits soudain réagissent , happés par la panique, par l’appel de l’essentiel, du nécessaire. Les cris montent, fusent de toute part, ricochent sur les rochers, les coraux, mais comme réponse à leurs échos, il n’y a que des bulles d’eau. Des hurlements, qui restent sans réponse, excepté l’assourdissante bleue qui tente d’étouffer leurs plaintes, à travers ses flots tumultueux.

Ève Tremblay
 
L’eau sirupeuse se gorgeait,

elle se gorgeait de colère.
Dans la blancheur de ses vagues qui,
sur la grève venaient se briser.
Dans tant de bruit et de rage,
que tous s’abandonnaient à ce dur spectacle,
qui perdurait sans jamais s’arrêter.

Cette mer furieuse engloutissait tout, ce qui par malheur
se trouvait en son sein.
Sans pitié pour les faibles,
elle criait son indignation,
face à ce monde sans passion.
Ce monde vide de toute raison, qui pour elle,
était laissé à l’abandon.

Déchainée, aidée par la puissance du vent,
elle réussissait à détruire la terre des hommes,
qui sous estimaient ses forces enfouies,
dans sa beauté calme et apaisante.

François Caron

Sip my ocean
Océan de sons, Puissant soit-il
Violence douce, amour liquide
Fluide torrentiel, sur mon cœur de corail
Cris stridents des vagues
Désert bleu, rempli de vie
Plein de mort pourtant
Puisse-t-il apporter ma bouteille au loin
Pour que tu puisses un jour
Nager avec moi dans cette mare de malheur

 

Ariane Grondin

Mélodies hypnotiques,

Désirs erratiques,

Sensations épileptiques,
Malaises apoplectiques,

Réactions flegmatiques,
Cycles elliptiques,
Flots magmatiques,
Par moment, narcotiques,

Ensorceleuses schismatiques,
Discours encomiastiques,
Perceptions électriques,
Saisissements émétiques,

À la fois thérapeutique,
Thymoanaleptique,
Mais sans aucun doute énigmatique,
Intergalactique.

Karine Cossette

Un monde irréel, mais presque vrai

Comme dans un parc d’attraction
J’ai eu une bizarre de sensation
Les couleurs m’ont aveuglée

Au fond de l’océan, il y a de la vie pourtant
Je reprends mon souffle et je redescends
Les poissons nagent contre le courant
J’ai vu un visage de bonheur ou de peur

Je crois que je me noie, mon cœur palpite
Les images se bousculent
J’essaie de m’enfuir de cette emprise
Je vois finalement la surface

Est-ce le reflet de cet enfer ou des larmes

Je n’en sais absolument rien
Je doute de ce monde rempli de péchés

La colère m’envahit

La brume me brûle les yeux
Une sensation équivoque
Qui m’a épuisée à respirer
Mais maintenant, je me sens purifiée

Edith Lussier



L’histoire d’une sirène

Lorsque ce n’était que le néant,
j’ai décidé de me diriger vers l’océan.
Là où les animaux marins sont en abondance,
là où chaque végétal fait la différence.

J’y ai donc plongé rapidement ma tête
afin de ne pas commencer à disparaître.
Me sentant comme un lion dans une arène,
je me suis transformée en sirène.

J’ai voyagé jusqu’au plus loin de mes yeux
cette grande étendue d’eau bleue,
car c’est à l’aide de cette nouvelle queue,
que je pouvais m’enfoncer aussi creux.

Un jour la nuit tomba,
et la lumière qu’éclairait auparavant l’océan se cacha.
C’est ce jour-là que tout s’envola
et que mon père me réveilla.

Sandra McMurray

 

Des airs jusqu’à l’océan
Les couleurs s’éparpillent
Elles prennent la forme de coraux, Royaumes féériques des poissons
La vie se montre sous de nouveaux visages
Des êtres vivants si fragiles que les humains détruisent
La nature peut être si vulnérable et si dévastatrice à la fois

Quand l’amour va-t-il enfin guider toutes les actions du monde?
Il y a beaucoup trop de violence, de soif de richesse et de pouvoir
La guerre noie l’amour au creux de l’océan
Où aucune lumière ne peut caresser ce fond de ses rayons
Il y fait si froid, un monde sans amour serait beaucoup trop hostile

L’eau et la terre ne devraient être souillées que par la bête qui a tué pour se nourrir

Plutôt que l’homme qui a abusé de son pouvoir
Et il arrêtera seulement quand il comprendra que ce n’était pas la bonne façon de procéder
Quand son cœur se noiera dans la peur et le regret

Virginie Sorge

Ciel difforme, déformé, transformé
Transformé, l’air irrespirable, souillé
Souillé, terre sur laquelle il y a la vie
Fauchés, les corps sur lesquels l’eau glisse
Glisse le sable entre nos doigts

Nos doigts sur lesquels le sang est taché
Taché, sali, dégoûté comme notre âme
Notre âme, invisible, perdue dans les bas-fonds
Bas-fonds où est enfermée la liberté
La liberté, privée, arrachée, inatteignable
Inatteignable comme la profondeur des mers
Mers dans lesquelles joie, cris, pleurs s’entremêlent
S’entremêlent, nos pensées sur le monde
Monde, y suis-je perdue ?
Perdue, dans ma folie ?
Folie, dernier lien avec notre présent.

Émie Vallée
 
Et je plonge dans l’océan comme dans un roman

Laissant place au calme, à la tranquillité
Je réfléchis sur cette belle musique
Harmonieuse à mon oreille
Je quitte ce monde, je m’éloigne
De toute cette violence  méprisante
Je quitte la terre un certain moment
Pour me retrouver au fond de l’océan
Mon cœur s’emballe, je tremble devant tant d’espace
Je suis stupéfaite de tant de beauté
Je m’enfonce dans la profondeur de l’océan
Pour découvrir ce qui s’y cache
Voilà je reviens dans mon monde sombre, impitoyable
Qu’est  la vie

Charlaine Lemay
Commence alors un voyage vers l’horizon

Un ciel bleu aux nuages blancs

Aucune fin à l’approche

L’infini devant, la fin derrière

Les bras de la faucheuse, tentacules géantes, relâchés

Chaleur, douceur

Le passé au passé

Souvenir…

Mer déferlante

Froid glacial

Cris

Panique

Plus d’air

Plus d’air pour respirer

Impossible de rejoindre la lumière

Le futur inexistant devant

Le présent effacé

La mémoire d’un sourire

Le son d’un rire

Doux murmure

Un cœur battant

La fin du voyage

Le début du voyage

Paix

Mélodie

Berceuse

Brise fraîche après tempête

La mort emporte doucement

Éteint le feu de la douleur

Plus besoin d’air

Lentement

Doucement

Je coule dans l’ombre

Mon temps s’arrête

Plus un son

Délicat parfum

Eau qui coule

Dernière lumière

Je m’éteins

Katy Ferron

Dans les airs
Sur la terre
Les sons résonnent
Les basses me transportent, m’emportent
au rythme de nos cœurs inégaux
N’en as-tu pas un
La mer me fait naviguer
Sur le son de ta voix
me faisant chavirer
Je dérive, je décroche
Je m’en vais avec les poissons
Avec les oiseaux
Dans les airs, sous la terre
Je nage, je me détache
Je m’arrache de toi
Je m’en vais en lâche.

Kim Bournival

Dans la noirceur
Dans l’abîme de ces amours
Il ne reste qu’aux animaux
La carcasse de ces tableaux
Ne regarde pas ne juge pas
Rien n’est plus comparable
À l’imagination de cette arriérée
Croisée dans un café
Folle n’est-elle maintenant plus
Depuis que dans la tristesse de sa toile
Est arrivé un Marchand de Sable
Récoltant enfin ces couleurs affables

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2 thoughts on “Pipilotti Rist et poésie: atelier d’écriture; textes inspirés d’une vidéo d’art”

  • Merci beaucoup Madame Deraîche pour cette information pertinente. Effectivement, après vérification, Rist est une artiste suisse. J’ai moi aussi vu sa vidéo au musée à Québec en 2009 et comme elle m’avait beaucoup inspiré et séduit, j’ai pensé l’offrir aux élèves comme moteur d’écriture. Au revoir

  • J’ai eu la chance de voir cette expo au Musée national des beaux-arts du Québec à l’automne 2009. Je crois que cette artiste est née en Suisse. Il faudrait vérifier.

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