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-Cassandre, viens ici ma puce.
-Papa, pourquoi elle ne me répond plus maman ?
-Parce qu’elle s’est endormie ma chérie.
-Mais papa, j’avais quelque chose à lui dire, quand est-ce qu’elle va se réveiller ?
-Qu’as-tu oublié de lui dire ma belle?
-J’ai oublié de lui dire que je l’aimais papa.
Mon père, à cet instant, me prit dans ses bras et je vis une larme couler sur sa joue. Je ne comprenais pas pourquoi. Mon père était, comme tout père l’est aux yeux de son enfant, l’homme le plus fort du monde. Il avait des bras aussi gros que ceux du super héros dans mes dessins animés favoris et il était aussi solide que mon carré de sable l’était alors que des tempêtes le percutaient de tous les côtés. Dans ma tête d’enfant, les adultes ne pleuraient jamais. C’est pourquoi, à ce moment, je pris sa tête entre mes deux petites mains d’enfant de cinq ans, je regardai dans ses yeux couleur miroir et lui chuchotai :
« Pourquoi tu pleures papa ? »
Enfant que j’étais, je n’avais pas compris que ma mère venait de quitter notre monde. Mon père m’avait fait croire qu’elle avait eu le don de rêver pour l’éternité. Je la trouvais donc chanceuse. Chaque soir, j’espérais m’endormir le plus vite possible afin d’avoir la chance de retrouver ma mère dans mes rêves. Lorsque je rêvais à elle, j’étais assurée qu’elle était venue me voir pour vrai. Mon père m’entendait parler avec elle dans la nuit et il pleurait en silence.
Plusieurs années plus tard, je me retrouve là où était ma mère. Dans un lit, à l’hôpital. Mon père est à côté de moi. Jour et nuit, il caresse d’une main désespérée mon visage, à la peau claire comme une porcelaine blanche, et mes cheveux couleur de renard roux. Aucun médecin n’arrive à savoir ce que j’ai. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que j’ai attrapé le don de rêver éternellement moi aussi. J’ai mal et j’attends que le don m’amène dans le royaume des rêves où je pourrai enfin aller rêver avec ma maman.
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Ton texte est très touchant, j’ai perdu un être cher étant jeune et je sais c’est quoi. J’ai revu ce moment quand je l’ai lu. Tu as très bien capté la naïveté que nous avons devant la mort quand nous sommes jeunes, je t’en félicite. J’ai eu les yeux rouges à la fin quand la fille va à son tour mourir, cela est un destin cruel pour le père. Tu as très bien choisi les mots pour le représenter.
C’est simplement magnifique! J’aime la façon dont tu nous fait voir les choses au travers des yeux d’un enfant. J’aime également la douceur que tu as donnée à ton texte et qui nous met bien dans la peau de la petite fille. Très belle histoire, félicitations.
Vivre dans le rêve… vivre dans la fiction… le rêve est la réalité… crée la réalité…
Thèmes de l’enfance, mais aussi de nombreux écrivains.
Merci Audrey.