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Au Théâtre Marigny, à Paris, une pièce de théâtre nait en Mars 1996 sous la plume d’Éric-Emmanuel Schmitt. Gravitant autour des thèmes de l’infidélité, de la littérature, de la vérité et du mensonge, dans lequel les deux protagonistes pataugent tous les deux, Variations Énigmatiques est pleine de rebondissements inattendus.
Abel Znorko (Emmanuel Bédard), prix Nobel de Littérature vivant en ermite sur l’île de Rösvannöy, située en mer de Norvège, et Éric Larsen (Vincent Champoux), journaliste à la Gazette de Nobrovsnik, se rencontrent lors d’une interview acceptée contre toute attente par le premier. Commence alors une joute verbale sur les divergences des deux protagonistes sur leur vision de l’amour et les façons de le vivre. Cette joute, qui est aussi alimentée par les différences que l’on constate dans leurs personnalités respectives, est nourrie par plusieurs dissimulations et mensonges que les personnages éclaircissent au fur et à mesure que le dialogue avance.
L’histoire se déroule dans la demeure de Znorko, illustrée par un décor en bois signé Amélie Trépanier, où l’on retrouve un salon (bibliothèque, causeuse, table basse en verre) et un bar (plusieurs dizaines de bouteilles) et un balcon (au fond). Ce décor réaliste donne irrésistiblement une impression de confort et de chaleur, malgré toute la froideur et la raideur dont fait preuve l’hôte face à son invité.
Derrière le décor, au-delà le balcon de la maison, on assiste à la progression de la journée sur une grande toile tout au fond de la scène, par le biais de projecteurs aux couleurs variant du chaud au froid à mesure que le soleil se couche. C’est un détail ingénieux qu’on remarque avec surprise et intérêt. De plus, des lumières suivent les personnages où qu’ils aillent sur la scène du Centre des Arts, mettant l’emphase sur le dialogue qui s’y déroule et afin de ne pas laisser les yeux des spectateurs vagabonder sur le décor, on le répète, somptueux.
Lors de cette représentation de 20h00 du vendredi 23 novembre 2012, la foule, peu nombreuse mais concentrée au parterre, a toutefois apprécié à sa juste valeur Variations Énigmatiques, et on la comprend. Parsemée de revirements surprenants, la pièce enchaîne les révélations et les aveux renversants, pour finir sur une note frappante. Bien sûr, le texte, entrecoupé de silences pertinents et bien mesurés, ne serait pas aussi bien interprété sans la maîtrise et l’excellence des deux acteurs.
En outre, on écoute avec délectation certaines portions des «Variations Énigmatiques »
(« Enigma Variations » du compositeur anglais Edward Elgar) qu’on entend de temps en temps, déclenchées en temps réel par les protagonistes à certains moments dans la pièce. On remercie d’ailleurs le metteur en scène Hugues Frenette pour nous avoir bercé les oreilles de ce rêve mis en musique. Par ailleurs, des cris de mouettes et des bruits de vagues très subtils nous signalent que la demeure est située près de la côte.
Au final, on aime beaucoup Variations Énigmatiques pour ses coups de théâtre, ses extraits musicaux ainsi que pour son texte lucide et intelligent qu’on savoure sous sa forme exprimée par Emmanuel Bédard et Vincent Champoux.
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