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J’ai vu récemment sur Facebook une image qui disait quelque chose comme «À l’école, j’ai jamais appris à faire un budget, faire mes impôts, demander un emprunt à la caisse. Mais je sais c’est quoi un fucking théorème de Pythagore par exemple!».
D’habitude, les images qui circulent sur Facebook me passent mille pieds par-dessus la tête. J’en ai mon truck des photos de petites filles qui veulent un million de likes pour que leurs parents ne fassent pas euthanasier leur Golden Retriever ou des posts haineux du genre «Si tu ne partages pas cette image [bourrée de fautes écrite par un gars de 15 ans en manque d’attention] tu es pour la violence envers les enfants autistes».
Mais là. LÀ. Cette image circulant sur mon fil d’actualité m’a explosé en plein visage tellement elle me parlait. Parce qu’entre vous et moi, c’est pas un peu légitime de se questionner sur certains acquis faits à l’école? J’ai passé, en tout dans ma vie, 16 ans à l’école jusqu’à maintenant (si on compte mon année de pré-maternelle et les trois dernières années au Cégep à évaluer mes chances de devenir millionnaire avant l’âge de 30 ans). Et pendant ces 16 ans d’école, j’ai appris que mettre du Windex dans un plan de tomates n’est pas très bon pour la pousse desdites tomates. J’ai appris que «pis» n’est pas juste un mot servant à exprimer un degré de je-m’en-foutisme (où à désigner une partie de l’anatomie de la vache), mais bien une notion mathématique débutant par les chiffres 3,1416. J’ai appris que les Algonquiens vivaient dans des wigwams, qu’Adolf Hitler était un méchant monsieur effrayant, que les si n’aiment pas les rait, que bleu cyan et magenta mélangés ensemble donnent du violet.
On pourrait donc s’attendre et avec raison, à ce qu’une fille comme moi avec 16 années d’école derrière elle soit un minimum capable d’affronter la vie adulte. Eh bien non. Je ne sais pas gérer un budget. Je ne sais pas faire une liste d’épicerie qui a du bon sens (j’achète toujours juste des biscuits et des Party Mix parce que ce sont les croustilles les plus festives de l’histoire de l’humanité). Je ne sais pas s’il faut serrer la main du patron pendant une entrevue ou juste attendre qu’il la tende lui-même. Je ne sais pas toujours quelles sont les bonnes questions à poser quand je visite un appartement. Tous les mois, je reçois 20 dollars et 66 sous dans mon compte et je ne sais pas trop pourquoi. Mon père me dit ‘’Retour d’impôts…’’ et je comprends globalement que je peux m’en servir pour aller au restaurant. Jusqu’à tout récemment, je ne savais même pas comment dévisser le bouchon pour mettre de l’essence dans mon auto.
Avant la réforme, un cours d’économie (optionnel) existait à mon école pour les élèves de 5e secondaire. Il a été retiré. C’était trop utile ou quoi?
Mais bon. Loin de moi l’idée de critiquer. Au moins, je sais ce que c’est le théorème de Pythagore. Merci, système d’éducation, de forger aussi bien les citoyens de demain.
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Je ne suis pas d’accord avec toi. Je trouve que nous avons la chance d’avoir une éducation de qualité bien supérieure à celle qu’ont eue nos parents et nos grands-parents. Comme je le disais à une amie qui avait posté cette même photo sur Facebook, ce n’est pas la réforme qui a éliminé le cours d’économie familiale. Ce cours avait déjà été aboli en 1997, mes soeurs ne l’ont même jamais suivi alors que la plus jeune a huit ans de plus que moi. Aussi, je ne crois pas que nous ayons besoin de nous faire enseigner comment serrer la main d’un patron, il n’y a pas de convention pour ça. Faire un budget ne requiert également que très peu de connaissance mathématique; on a besoin de notre revenu, nos dépenses et d’une base en addition et soustraction. Avec les cours de math que nous avons eus, nous, enfants de la réforme, nous avons les capacités de faire beaucoup plus. Les cours d’économie familiale ont été retirés parce qu’ils étaient rendus désuets et qu’il était primordial que les enfants aient plus de cours de maths, d’histoire, de langues et de science, afin de promouvoir et d’aider la participation à l’éducation post-secondaire. Pour ma part, je crois que certaines personnes blâment l’école de leurs lacunes plutôt que de blâmer le véritable responsable: leur propre insécurité. Après tout, c’est du courage et de la confiance que ça prend pour faire un premier plein d’essence, pas d’un cours de niveau secondaire!
bravo!!! bien dit, beau texte engagé!