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On avait découvert le réalisme poignant d’Anaïs Barbeau-Lavalette cinq ans plus tôt avec son film Le Ring, qui nous plongeait au cœur du milieu défavorisé des habitants d’Hochelaga-Maisonneuve. Pour son deuxième long métrage de fiction, la réalisatrice pose le même regard dur sur les inégalités sociales, mais nous transporte cette fois en plein conflit israëlo-palestinien.
L’histoire gravite autour de Chloé (Evelyne Brochu), jeune obstétricienne québécoise qui demeure à Jérusalem mais travaille dans une clinique d’un camp de réfugiés palestiniens. Chaque jour, elle traverse un « check point » pour se rendre au travail, puis pour retourner chez elle. Dure adaptation pour la jeune médecin qui compose au quotidien avec le contraste de la vie relativement confortable des Israéliens et celle, misérable et teintée de violence du côté de la Palestine.
Peu à peu, Chloé en vient à développer des amitiés des deux côtés du mur : d’abord avec Ava, soldate Israélienne qui demeure dans le même immeuble qu’elle, puis avec Rand, l’une de ses patientes sur le point d’accoucher.
Mais il est difficile de rester objective dans une situation pareille et Chloé se retrouve bien vite dépassée par l’ampleur du conflit et la violence qui fait rage autour d’elle. Étrangère dans une guerre qui n’est pas la sienne, elle constate qu’il est finalement pratiquement impossible de nouer des liens des deux côtés de ce mur qui divise son univers.
Inch’Allah est un film qui fait davantage sa force dans la justesse de son propos que dans l’aspect émotif. Ce n’est pas une histoire larmoyante ou qui joue énormément sur les éléments dramatiques, même si on s’identifie facilement à Chloé, s’attachant du même coup à Rand et à sa famille. Il faut en fait attendre la deuxième moitié du film pour que l’action nous accroche complètement. Anaïs Barbeau-Lavalette a préféré miser sur le souci du détail (le film ayant été tourné en Cisjordanie, la reconstitution des décors, particulièrement le « check point » est époustouflante). C’était un choix audacieux, mais plutôt risqué car l’histoire elle-même aurait pu en souffrir.
Heureusement, à mon sens, le jeu des acteurs rattrape vite la mise. J’aimais déjà Evelyne Brochu d’amour et son interprétation m’a bouleversée. J’ai aussi adoré Sabrina Ouazani, une superbe découverte. Sa façon de livrer le personnage de Rand, drôle, positive, légère, justifie pleinement le prix que l’actrice a reçu lors du dernier gala des Jutras. D’ailleurs, le duo formé par Chloé et Rand est particulièrement touchant. Les deux amies rigolent même au beau milieu d’une décharge en plein soleil, se maquillent au milieu des débris, se regardent dans un bout de miroir fracassé…J’ai trouvé que les deux personnages apportaient ensemble une belle légèreté à la trame de fond si brutale de l’histoire. Il en est de même pour Mika, le bébé qu’attend Rand qui tout au long du film est pour le spectateur une petite lueur d’espoir dans le climat de violence.
L’une des scènes à mon sens les plus touchantes du film est lorsque, pour la première fois, les deux univers de Chloé se rencontrent. Alors qu’elle fait passer Rand et sa famille au « check point » pour une sortie en Israël, ils rejoignent Ava, qui les aide à passer la frontière. Rand et elle se fixent en silence. Elles se connaissent par l’entremise de Chloé depuis longtemps, se prêtent des objets, prennent des nouvelles l’une de l’autre grâce à leur amie commune, mais ne se sont jamais rencontrées. Ce jour-là, au pied du mur, ces deux femmes que tout divise portent le même rouge-à-lèvre…
La fin d’Inch’Allah est aussi particulièrement belle. Ce n’est pas une fin fleur bleue ou idéaliste, bien au contraire. Mais il y a quelque chose de beau dans la tristesse et la surprise que l’on éprouve en comprenant le dénouement.
Anaïs Barbeau-Lavalette a mené ce film d’une main de maître. On en reste essoufflé, ému, presque dépaysé. Parfois, la vérité criante d’une œuvre suffit à en faire une réussite.
On avait découvert le réalisme poignant d’Anaïs Barbeau-Lavalette cinq ans plus tôt avec son film Le Ring, qui nous plongeait au cœur du milieu défavorisé des habitants d’Hochelaga-Maisonneuve. Pour son deuxième long métrage de fiction, la réalisatrice pose le même regard dur sur les inégalités sociales, mais nous transporte cette fois en plein conflit Israëlo-palestinien.
L’histoire gravite autour de Chloé (Evelyne Brochu), jeune obstétricienne québécoise qui demeure à Jérusalem mais travaille dans une clinique d’un camps de réfugiés palestinien. Chaque jour, elle traverse un « check point » pour se rendre au travail, puis pour retourner chez elle. Dure adaptation pour la jeune médecin qui compose au quotidien avec le contraste de la vie relativement confortable des israéliens et celle, misérable et teintée de violence, du côté de la Palestine.
Peu à peu, Chloé en vient à développer des amitiés des deux côtés du mur : d’abord avec Ava, soldate Israélienne qui demeure dans le même immeuble qu’elle, puis avec Rand, l’une de ses patientes sur le point d’accoucher.
Mais il est difficile de rester objective dans une situation pareille et Cholé se retrouve bien vite dépassée par l’ampleur du conflit et la violence qui fait rage autour d’elle. Étrangère dans une guerre qui n’est pas la sienne, elle constate qu’il est finalement pratiquement impossible de nouer des liens des deux côtés de ce mur qui divise son univers.
Inch’Allah est un film qui fait davantage sa force dans la justesse de son propos que dans l’aspect émotif. Ce n’est pas une histoire larmoyante ou qui joue énormément sur les éléments dramatiques, même si on s’identifie facilement à Chloé, s’attachant du même coup à Rand et à sa famille. Il faut en fait attendre la deuxième moitié du film pour que l’action nous accroche complètement. Anaïs Barbeau-Lavalette a préféré miser sur le souci du détail (le film ayant été tourné en Cisjordanie, la reconstitution des décors, particulièrement le « check point » est époustouflante). C’était un choix audacieux, mais plutôt risqué car l’histoire elle-même aurait pu en souffrir.
Heureusement, à mon sens, le jeu des acteurs rattrape vite la mise. J’aimais déjà Evelyne Brochu d’amour et son interprétation m’a bouleversée. J’ai aussi adoré Sabrina Ouazani, une superbe découverte. Sa façon de livrer le personnage de Rand, drôle, positive, légère, justifie pleinement le prix que l’actrice a reçu lors du dernier gala des Jutras. D’ailleurs, le duo formé par Chloé et Rand est particulièrement touchant. Les deux amies rigolent même au beau milieu d’une décharge en plein soleil, se maquillent au milieu des débris, se regardent dans un bout de miroir fracassé…J’ai trouvé que les deux personnages apportaient ensemble une belle légèreté à la trame de fond si brutale de l’histoire. Il en est de même pour Mika, le bébé qu’attend Rand qui tout au long du film est pour le spectateur une petite lueur d’espoir dans le climat de violence.
L’une des scènes à mon sens les plus touchantes du film est lorsque, pour la première fois, les deux univers de Chloé se rencontrent. Alors qu’elle fait passer Rand et sa famille au « check point » pour une sortie en Israël, ils rejoignent Ava, qui les aide à passer la frontière. Rand et elle se fixent en silence. Elles se connaissent par l’entremise de Chloé depuis longtemps, se prêtent des objets, prennent des nouvelles l’une de l’autre grâce à leur amie commune, mais ne se sont jamais rencontrées. Ce jour-là, au pied du mur, ces deux femmes que tout divise portent le même rouge-à-lèvre…
La fin d’Inch’Allah est aussi particulièrement belle. Ce n’est pas une fin fleur bleue ou idéaliste, bien au contraire. Mais il y a quelque chose de beau dans la tristesse et la surprise que l’on éprouve en comprenant le dénouement.
Anaïs Barbeau-Lavalette a mené ce film d’une main de maître. On en reste essoufflé, ému, presque dépaysé. Parfois, la vérité criante d’une œuvre suffit à en faire une réussite.
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