La couleur des sentiments

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J’ai lu le livre La couleur des sentiments dans sa version originale anglaise (“The Help”). Malgré la barrière linguistique (mon premier roman en anglais, quel exploit), je suis tombée sous le charme de ce qui se veut à la fois un récit captivant et une critique sociale de Kathryn Stockett.

Comme trame de fond, la petite ville de Jackson, au Mississipi au beau milieu des années 60. Abyleen, de race noire, est bonne chez la famille Leefolt depuis la naissance de leur fille de 2 ans. C’est le 16ième bébé que la femme d’une quarantaine d’années élève : s’occuper des enfants et de l’entretien des maisons des blancs aisés, voilà le métier de la majorité des femmes noires de Jackson. Traitée avec un évident mépris à cause de la couleur de sa peau, Aybileen encaisse tout en silence : la toilette extérieure qu’on lui construit pour prévenir les microbes, les commentaires désobligeant des amies de Mme Leefolt, les parties de brigde où elle est confinée à la cuisine…

Aybee partage tout avec son amie Minnie, elle aussi bonne chez une amie de Mme Leefolt, la méprisante Hilly Holbrook (dont les deux bonnes se moquent allègrement une fois la journée terminée). Pourtant, si Aybileen et Minnie parviennent à ajouter un peu d’humour et de dérision à leur sort, il n’en demeure pas moins qu’elles sont prisonnières d’un milieu extrêmement raciste et que cela teinte chaque moment de leur vie.

Mais voilà qu’un jour débarque Skeeter Phelan, une amie des Leefolt qui termine tout juste ses études et qui possède une personnalité qui la fait détonner des femmes bourgeoises de Jackson. Ouverte d’esprit et fonceuse, Skeeter, contrairement à ses amies, ne rêve ni de mariage ni d’enfants, mais de devenir journaliste et écrivain. Au fil de ses visites chez les Leefolt, Skeeter développe une sympathie pour Aybileen, qu’elle trouve injustement traitée par son amie. Une idée germe alors dans l’esprit de la jeune femme : et si elle écrivait un livre racontant la réalité des bonnes noires à Jackson? À partir de cet instant débute pour Aybileen, Skeeter, Minnie et bien des bonnes de Jackson un projet aussi risqué que nécessaire : donner une voix à celles qui n’en ont jamais eue.

Je crois que la plus grande force de « La couleur des sentiments » est d’insuffler une lueur d’espoir face au racisme le plus radical, sans jamais tomber dans l’idéalisme : on ne cherche pas à embellir la réalité des gens de couleur à cette époque. Mais le roman n’est pas non plus plaintif : il est juste, touchant, mais jamais trop. Le livre est même truffé de moments plus cocasses : par exemple, Minny utilise les toilettes de la maison plutôt que les toilettes extérieures pour faire enrager ses employeurs, ou encore invente des tours pendables pour se venger de la façon méprisante dont ils la traitent. Cela ajoute un niveau de légèreté au roman qui vient équilibrer les moments plus dramatiques et ça apporte un bel équilibre à l’histoire.  C’est aussi un livre qui réunit beaucoup de choses : une représentation assez juste des années 60, un certain degré d’humour, un portrait social réaliste et une narration impeccable.

Les différents chapitres nous font d’ailleurs passer par différents narrateurs (et par conséquents, par différents niveaux de langage) : tantôt il s’agit d’Aybileen, puis de Skeeter et enfin de Minnie. Cela nous donne plusieurs points de vue différents. Il est ainsi facilement compréhensible pour le lecteur qu’Aybileen soit réticente et effrayée à l’idée de dénoncer les traitements infligés par les blancs. En revanche, on voit l’envers de la médaille et le désir de Skeeter de confronter les mentalités dans un milieu aussi fermé. Cela nous démontre bien que dans une problématique comme le racisme, dénoncer est parfois aussi difficile que se taire.

Personnellement, j’ai lu La Couleur des sentiments d’une traite, incapable de m’arrêter. Les chapitres nous transportent tous dans un univers différents, chez les Leefolt, chez Skeeter, dans la maison délabrée d’Aybee, à une soirée mondaine organisée par Hilly Holbrook…Ce n’est pas un roman lent et monotone, malgré son sujet sérieux. Au contraire, c’est un livre assez finement écrit pour offrir au lecteur un divertissement à travers les passages plus touchants.

C’est d’ailleurs ce qui fait à mon sens de La Couleur des sentiments un roman réussit : les personnages sont assez attachants et l’histoire assez bien ficelée pour garder le lecteur captivé jusqu’à la toute fin.

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