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Le cruel déclin des arbres enracinés
Les arbres tapissent la terre
D’ombres qui grincent et hurlent
Libérant dans leur frayeur mouvementée
L’enracinement, l’emprisonnement de leurs jambes
Monstrueuse déficience de l’homme amputé
Qui voit autour la course fugitive ou frénétique
Du lièvre pourchassé, du chevreuil amusé
Pouvant échapper au chasseur
Pouvant gambader où envie le mène
L’arbre séquestré par sa nature
Hisse et grimpe, ses feuilles, ses branches
Afin de posséder une parcelle de ciel
Et voir de haut les montagnes, les ruisseaux
Avant qu’on ne le tue brutalement à son tour
À coups successifs de hache automate
Qui libère le tronc de ses racines
Et le prive de tout mouvement espéré
Faisant de beauté sombre, atrocité dénudée
Faisant du ciel, un lieu vaste et vide
Faisant de la terre, un désert morbide
Où même ombres agitées meurent paralysées
La solitude comblée de l’homme apathique
De visage en visage
J’aurai tout dévisagé, tout creusé jusqu’à la racine
Sans jamais apercevoir le moindre fruit
De tous mes sourires donnés
De toutes mes écoutes attentionnées
De chacun des pansements que j’ai apposés
Sur chacun des cœurs abîmés que j’ai bercés
L’hypocrisie de l’homme fuyant sa solitude
En faisant de l’autre un vulgaire appât de plénitude
Oh! Comme j’ai espéré récolter la semence
De mes sueurs tombées sur le champ
Restant à jamais asséché et désertique
Brûlé par la vanité des rayons du soleil
J’ai navigué avec l’équipage fantomatique
Souvent submergée sous d’amères déceptions
Parfois même noyée par l’abandon
Cherchant toujours l’île de la fertilité rêvée
Où le phare m’éclairerait, me guiderait
Et où enfin je brûlerais avec passion
L’illusion de l’homme se croyant entouré
Dans son égoïsme apathique
Le chaos de la passion
Il était là, devant moi
Et soudain, je perdis notion de toute chose
Mon esprit devint chaos de l’enchantement
Il m’empoisonna de la plus belle intoxication
Sa voix, douce mélodie symphonique
Fit sourdine à tout autre bruit existant
Mon âme s’emporta dans une danse passionnée
Où chacun de mes mouvements
Tanguait sur des vagues déferlantes
J’étais enivrée sous l’eau
Sans crainte, guidée par sa musique
L’amertume de la mer devenait sucrée
Lorsque je touchais ses lèvres
Le volume d’exaltation semblait être à l’apogée
Détruisant les lois de la gravité
Je ne sentis plus rien que ces effluves de jasmin
Qui m’aspiraient dans leur ardeur de tendresse
Bleu, rouge, rose, noir
Son être entier se transformait en œuvre
Les couleurs se mélangeaient et s’entrelaçaient
Faisant de la toile, une impressionnante illusion
Qui bouge, tourbillonne, se tortille, se bouscule
Emportant ma tête dans un étourdissement charmeur
Qui m’aveuglait d’une si belle prouesse colorée
Que je crus m’évanouir dans ses bras
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