Partager
Elle était sur le point de rendre son dernier souffle. Elle ne me reconnaissait même plus, elle avait des hallucinations. Moi je l’aimais ; elle ne m’aimait plus. On a tenté en vain de la traiter au mercure, mais il me semblait que son état s’alourdissait. Ah ! Cupidon, ton mal en fait souffrir plusieurs. C’était ma Beatrix. Pauvre femme, Pauvre moi. De toute mon existence, je n ‘ai aimé qu’une seule femme, une des jeunes maitresses du marquis de Véri. Amour impossible. L’heure a sonné pour moi aussi. Malgré la violence qu’elle dégageait, tout le contraire de ce qu’elle était, j’ai voulu passer les derniers moments à ses côtés pour ensuite en finir avec ma vie. De toute façon, le bourreau m’aurait passé sous la guillotine puisque j’étais recherché pour meurtre. J’étais désespéré. C’est à ce moment que j’aurais voulu changer de vie et partir en mer avec James Cook. J’avais verrouillé la porte. Voilà, je ne savais plus quoi faire, ma vie était un fiasco et l’alcool avait fait son effet tant désiré, autant pour moi que pour ma Béatrix. J’ai eu envie d’aller m’étendre avec elle. J’ai commencé à ronfler en quelques minutes. J’avais fait le plus beau rêve de toute mon existence. Béatrix et moi étions partis vivre dans un petit village, là où personne ne nous connaissait. Nous avions des enfants et tout le monde était en santé. Le temps passait mais cela n’avait aucune importance puisque j’étais heureux. Soudainement, je me suis éveillé. La déception du retour au réel était atroce. Béatrix s’étouffait avec un morceau d’une pomme que j’avais laissée sur le chevet. Elle était blanche comme une morte ! Je l’ai donc prise dans mes bras et j’ai tenté de déverrouiller la porte que j’avais si soigneusement verrouillée. Elle me repoussait, elle voulait mourir. À son dernier regard, j’ai bien compris qu’elle m’avait reconnu mais voilà, ma Béatrix n’était plus. Je l’ai déposée dans les draps blancs de son lit. J’ai tellement pleuré, j’avais la rage au cœur. J’ai sorti mes pinceaux et j’ai peint ses derniers instants. Je ne voulais pas oublier le moment où elle m’a lancé ce regard, je devais le rendre éternel. J’ai tentai en vain d’oublier l’évènement tragique. J’ai demandé à mon frère d’en faire cadeau au marquis. Il était nécessaire que je disparaisse de cette civilisation. Je n’avais plus aucune raison de vivre et la folie me gagnait. J’étais inconnu de tous et tout le monde me croyait mort, moi, l’enfant dont personne n’a voulu sauf cette pauvre femme, ma Béatrix. Je l’aimerai toujours. Je vais maintenant la rejoindre pour un monde meilleur, je l’espère.
Joseph Fragonard
Suivez-nousPartager
Le vocabulaire de ce récit est recherché et riche et il le rend plus intéressant à mon avis. L’histoire est intrigante étant donné qu’il n’y a pas vraiment de contexte socio-historique. On peut présumer que le récit se déroule dans une autre époque à cause du vocabulaire qui n’est pas actuel.