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Toc toc toc.
Qui est là?
Madame folie.
Elle cogne à la porte de ma maison de fer, celle aux barreaux froids qui rendent mes jointures blanches quand je les serre trop fort. Blanches mes jointures. Comme les murs de ma chambre. Tout est trop blanc ici. Je n’aime pas le blanc, j’aime la couleur, comme le rouge. Parfois, j’essaie de peindre les murs, alors je danse. Je danse comme s’il n‘y avait pas de lendemain. Je m’envoie valser partout sur les murs. Ma tête, mes mains, mes pieds, tous participent à ce ballet épileptique. Je danse jusqu’à ce que les murs de ma chambre s’ornent de coulisses cramoisies. Ou jusqu’à ce que les dames blanches ne m’arrêtent. Lorsqu’elles entrent dans ma chambre et qu’elles me voient ainsi, perdue dans ma chorégraphie sanguinaire, décorant les murs de traînées rougeâtre, elles s’y prennent à trois pour m’attraper. Elles essaient de me faire porter une drôle de veste qui se porte à l’envers, mais je n’ai pas froid, j’ai même chaud. La sueur coule sur mon front et se dépose en gouttelettes écarlates sur le sol.
Les dames blanches approchent. Je crie, je cours, je griffe, je mords, je crache, je hurle, je pleure, je sens un pincement dans ma fesse gauche. Je tente de me débattre mais je sens que mes bras deviennent lourds, ma tête roule vers l’arrière et je peux apercevoir ma toile constellée de sillons de sang. Ma bouche devient pâteuse, mes oreilles deviennent pratiquement sourdes, seul le crépitement des néons blancs me parvient, mes yeux s’embuent d’un voile diaphane et mes doigts picotent comme si des milliers de fourmis tentaient de s’emparer de mon corps. Je perds pieds, puis tout devient noir.
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Les figures de styles et les procédés stylistiques sont bien utilisés. Ils rendent le texte très émotif. Il est à la fois troublant et très précis. J’ai l’impression que je pourrais être ce personnage. J’adore !