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La robe Gulnara, c’est l’histoire de Gulnara qui utilise toutes les économies de sa vie pour s’acheter sa robe de mariée, de la petite Mika qui tache la robe de sa sœur et fait tout pour la remplacer, c’est l’histoire de réfugiés de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan vivant dans des wagons désaffectés, manquant d’eau, d’électricité et d’argent et de nourriture, de Balaja qui suit sa mère tout au long du récit, de l’innocence perdue. C’est l’histoire d’une fleur qui pousse à travers les cailloux, mais qui finit par se faner.
Le texte d’Isabelle Hubert est une situation simple, presque banale; une petite sœur qui tache la robe de mariée de sa sœur, mais c’est le contexte qui donne l’âme de cette pièce. La famille Nariman vit dans des conditions inimaginables et dans une pauvreté complète. Cette robe, c’est tout ce que Gulnara a; c’est toutes les économies de sa vie; c’est toute sa vie. Le texte est simple mais poignant, émouvant, et nous montre la vraie valeur des choses, et les prix à payer.
Si le texte d’Hubert est à applaudir, la mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette mérite d’être acclamée. La pièce se divisant en trente-trois petites parties, les changements de scènes sont rapides et s’enchainent à la perfection, donnant un effet encore plus dynamique à la pièce, la gardant toujours en mouvement. Cette écriture scénique met en évidence le fait qu’une décision, une conversation, un événement en entraine une suite, une conséquence. Il a réussi à rendre poétique quelque chose de visuel et dynamique. La pièce n’est pas seulement touchante, elle est belle. Une des scènes particulièrement recherchées du côté esthétique est sans nul doute celle où les acteurs jettent la crinoline de la robe blanche dans les airs, dans un éclairage bleu; on croirait entrer dans un univers féérique. L’utilisation d’objets comme les valises qui font figure de train, et, à la fin, de pierres tombales, était des plus recherchée.
Le jeu des acteurs était impeccable. À la représentation au Centre des arts de Shawinigan, Marilyn Perreault, qui interprète la jeune Mika n’était pas présente, Sophie Desmarais la remplaçait. On aurait pu croire que la pièce en aurait pris tout un coup, par contre, Desmarais a su interpréter son rôle avec brio et, vu sa petite forme, était extrêmement crédible en petite fille de treize ans. De plus, la chimie avec Sébastien René dans le rôle de Mubaris rendait leurs scènes des plus agréables à regarder; on croyait vraiment être en face de deux jeunes enfants. Le jeu de Sasha Samar, interprétant le rôle du narrateur qui suit la pièce, Bajala, et raconte l’histoire de sa mère Mika, amène une touche encore plus dramatique à la pièce. Le jeune homme essaie de parler à sa mère, enchainant les répliques en russe qui, même si nous ne comprenons peut-être pas, nous brisent le cœur. On peut comprendre ce que le fils essaie de dire à sa mère. La scène, où il soutient les pieds de Mika et enfile les valises pour ne pas qu’elle tombe est très lourde émotionnellement et fut jouée avec brio.
Lors de la scène finale lorsque tous les acteurs se couchent devant leur valise, devant leur pierre tombale, les larmes furent extrêmement difficiles à contenir. Si le but de la pièce était de toucher les sentiments humains, elle le fait à merveille.
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