À la quête de la langue… une courte scène comique d’Édith Lussier

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-Amandine

Femme célibataire de 20 ans originaire de France. Aime son pays et aime sa ville natale qui est Paris. Aime apprendre et s’adapte rapidement aux changements. Un peu naïve et nunuche, mais très positive et toujours souriante.

-Rose
Femme célibataire de 20 ans originaire du Québec. Tête dure qui aime voyager et rencontrer des gens de culture différente. Partie du Québec afin d’oublier l’école et sa carrière pas trop fameuse. Elle a besoin d’une grosse source de motivation afin de faire des sacrifices.

Résumé :
Rose (Québécoise) part en voyage seule à Paris question d’oublier un peu sa vie et de changer d’air. Arrivée en France, elle rencontrera Amandine (Française) qui revient de voyage et qui est natale de Paris. Elles deviendront amies et découvriront que même si elles parlent la même langue, leur français diffère. Rose devra changer ses habitudes en parlant avec un registre de langue plus soutenue si elle veut arriver à se faire comprendre par Amandine. Toute cette aventure emmènera Rose à travailler sur son français afin de réaliser à quel point sa langue natale est une belle langue, mais qui réalisera que les Français ne sont pas si parfaits que ça côté langue. De plus, ces sacrifices ne serviront pas à rien puisqu’elle rencontrera Antoine, un Français qu’elle devra épater en utilisant un «beau» français.

À la quête de la langue

ACTE 1

SCÈNE 1

*Entrée sur scène d’Amandine qui se rend à la récupération de bagages.

ROSE : (En marchant et en gesticulant) Osti de tabarnack y’ont encore perdu mes bagages! Pourquoi qu’à chaque caliss de fois que je prends l’avion je me ramasse toujours une semaine sans brosse à dents pis bobettes propres! Pis ça c’est sans compter le petit 25$ en carte-cadeau Wal-Mart que la compagnie nous donne une fois sur 10 pour nous «aider» à survivre lors de ces semaines qui sont tellement iinnnnterminable. Eille que cé qu’tu veux t’acheter avec 25$ au Wal-Mart de nos jours? Si t’arrive à revenir avec une paire de bobettes pis une paire de bas t’es bien chanceux! Pis messemble que les employés sont payés assez cher pour emmener les bagages du point A au point B sans qui aille aucun problème! Osti que j’suis pu capable!

AMANDINE : (Arrive sur la scène et s’adresse à Rose) Est-ce que tout va bien ma chère? Tu m’as l’air dans tout un état…

ROSE : (En s’adressant au public) Pis fallait que je tombe sur une esti de Française qui parle trop bien pour moé en plus! Ayoye toute qu’un bel accueil Paris!
(S’adressant à Amandine) Y’ont perdu mes criss de bagages pis la ma encore m’ramasser une semaine sans criss de brosse à dent pis d’bobette propre!

AMANDINE : (En s’adressant au public) Pourquoi implore-t-elle Jesus Christ lors de notre conversation?
(En s’adressant à Rose) Christ? Jésus Christ? Je le connais! Tu le connais également? Que c’est merveilleux!

ROSE : (En s’adressant au public) On est pas sorti d’l’aubarge!
(S’adressant à Amandine avec un accent français exagéré) Je voulais simplement dire que la compagnie aérienne de transport a égaré mes cargaisons.

AMANDINE : Oh je vois! Cela m’arrive parfois également! Tu peux venir avec moi si tu le veux, j’ai une demeure au centre-ville de Paris et je pourrais t’aider à te rendre aux boutiques les plus près afin de te procurer ce dont tu as besoin!

ROSE : (En s’adressant au public) C’est quoi la pogne? A me connaît pas pis a veux m’emmener magasiner! Eille, magasiner… Magasiner à Paris, magasiner dans les plus grandes boutiques de l’Europe entière, wow! Après tout, n’importe quelle fille dirait oui! Aweille donc on l’essaye!
(S’adressant à Amandine avec un accent français exagéré) Merci beaucoup c’est très gentil de votre part! Allons y.

(Les personnages commencent à se diriger vers le côté de la scène pour en sortir)

AMANDINE : Pourquoi prends-tu cet accent lorsque tu me parles?

ROSE : Parce que j’t’imite!

AMANDINE : Je ne comprends pas ce que tu me dis.

ROSE : OK, allons manger osti!

AMANDINE : Ah!! des hosties? J’ai des hosties à la maison, j’adooooore manger des hosties!

(Rose regarde les spectateurs et roule ses yeux en suivant Amandine qui sort de la scène)

 

(Entrée sur scène et arrivée au magasin, les deux filles marchent)

AMANDINE : Que désires-tu acheter?

ROSE : (S’adressant au public) J’suis quand même pas pour y dire que j’ai besoin de bobettes.
(S’adressant à Amandine)
J’ai besoin…de … bobettes.

AMANDINE : Des bobettes? (dire avec un autre ton) des bobettes? Qu’est-ce que c’est que ça, des bobettes?

ROSE : Osti comment que vous dites ça vous autres…. Culottes? Dessous? Sous-vêtements? Caleçon? Slip? Panties?

AMANDINE : (En se dirigeant vers l’étagère des sous-vêtements) Ahhhh oui! Hihi c’est trop rigolo comment vous dites ça la petite culotte! Bobettes par ci, bobettes par-là! Allez viens, c’est par ici les bobettes!

ROSE : Bin la calme toi on est pas plus bizarre que vous!

(Antoine arrive en fond de scène et la traverse)

ROSE : (Rose remarque Antoine)  Omygosh!!!!! C’est qui lui?

AMANDINE : (En se tournant vers Antoine) Ah c’est Antoine! Le beaaaaauuuuuuuuu goss Antoine n’est-ce pas?

ROSE : OK s’parce que tu le connais en plus? Y’est tellllllemmment chaud!

AMANDINE : (songeuse) Eh… et bien si tu considères que la température normale corporelle de l’être humain est de 37 degrés Celcius, je crois qu’il est dans la moyenne et ni plus chaud ni plus froid. Sauf lorsqu’il est dans une période de forte fièvre, là je te l’accorde, il peut être bien chaud, très très hot!

ROSE : (En dévisageant Amandine) De quoi tu parles??? T’es bin fuck top!

AMANDINE : Je parle probablement de bobettes hihihi! Non mais sérieusement, si tu veux qu’il soit ton mec tu vas devoir changer la façon dont tu parles. Personne ne te comprend ici, tu as l’air beaucoup trop Québécoise et les Français ne kiff pas sur les Québécoises.

ROSE : (S’adressant au public) Fuck. Bon bin si c’est ça que ça prend pour plaire au beauuuu Antoine, a peut bin m’être utile pour m’aider à changer mes habitudes de langue! (S’adressant à Amandine) Auriez-vous le plaiiisiiiir de m’aider chère nouvelle amie? J’ai vraiment besoin de toi!!!!!

AMANDINE : Avec plaisir! On va devenir des ‘’Best Friends’’! C’est ce que vous dites n’est-ce pas?

ROSE : (parlant à la française) Ouais ouais, c’est sa pis ‘’for ever’’ à part de t’sa!

AMANDINE : Après tout, on est déjà très proche l’une de l’autre, quand c’est rendu qu’on magasine même nos bobettes ensemble hihihi!

ROSE : (En sortant de la scène suivi d’Amandine) Ouais ouais, n’en parlons plus.


Une semaine plus tard

(Entrée sur scène des deux filles)

ROSE : Bon donc comment dites-vous spaghetti?

AMANDINE : Spaghetti

ROSE : OK pis comment dites-vous pizza?

AMANDINE : Pizza

ROSE : Bin là c’est facile!

AMANDINE : Essaie donc de prononcer plus tes mots.

ROSE : (En exagérant) Comme ça la, papier, panier, piano. Papier, panier, piano.

AMANDINE : C’est très bien. Passons au sérieux, tu ne dois plus dire tes expressions religieuses, tu as l’air un peu… nunuche.

ROSE : (S’adressant au public) A me niaise la ?
(S’adressant à Amandine avec un grand sourire) Je ne crois pas qu’elles sont nunuches. Après tout, ce n’est qu’un moyen d’expression que nous utilisons afin d’exprimer nos sentiments les plus profonds.

AMANDINE : Tu es chanceuse de parler le français. Après tout, vous avez hérité de la richesse et de la beauté de notre pays. Tu devrais faire plus attention de la manière dont tu parles. Les gens aiment beaucoup la langue française.

ROSE : La richesse et la beauté de votre pays bin oui votre pays est donnnnn beau et donnnnn riche et donnnn si et donnnn sa et siiii parfait. On le sait bien! Le Québec aussi c’est beau pis on est bien fier de notre français ‘’amélioré’’!

AMANDINE : Pffft! Mais vous ne l’avez pas amélioré du tout, vous l’avez rendu si moche.

ROSE : Puis si on regarde votre français à vous? Il n’est pas si parfait! Vous et vos expressions à la con. Vous dites putain lorsque vous vous frappez le doigt avec un marteau, chez nous, une putain c’est une pute qui marche sur Ste-Catherine!

AMANDINE : Bon allez, ce n’est pas comme si on disait ça à touuuut les coups qu’on se frappe le doigt avec un marteau! On dit aussi bordel de merde.

ROSE : Ouhhh! Bon là c’est ton tour de pratiquer ton français! Répète après moi. Didon dîna dit-on du dos dodu de dix dodus dindons.

AMANDINE : C’est facile! Didon dîna dit-on du dos dodu de dix dodus dindons.

ROSE : Haha je le savais! Tes «d» c’est tu laite comment tu dis ça! Tu dois les dire comme ça : du

AMANDINE : du du du du du! C’est moche et affreux!

ROSE : Bin non c’est pas si pire!

AMANDINE : Mais c’est à cause de ça si vous avez l’air d’un peuple sans culture!

ROSE : C’est vrai que le français c’est une belle langue lorsqu’on la parle correctement, mais c’est difficile de peser nos mots à la maison puisque si tu le fais, les gens te dévisagent et à travers les années, c’est de pire en pire. Tu devrais entendre les jeunes enfants à l’école.

AMANDINE : Ici aussi, comme tu l’as mentionné, beaucoup d’anglicismes se sont glissés dans notre langue au cours des siècles. J’espère de tout mon cœur que les gens comprendront un jour que s’ils continuent ainsi, nous allons perdre la beauté de la langue française.

ROSE : (En s’avançant vers le devant de la scène) Ouais parce que qui dit Française de France dit garce qui pense qui parle trop bien le français, mais qui en réalité n’est pas mieux que personne, putain!

AMANDINE : (En allant se mettre à côté de Rose) Et qui dit Québécoise dit vieille chienne sale décalissée par les bûcherons qui ont passé trop de temps dans l’bois!

(Fermeture des lumières)

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