Trou noir… une scène théâtrale pas du tout absurde de Roxane Cloutier

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La scène est noire. Au fond il y a une porte. Deux filles sont allongées par terre, face à face et les mains liées. Elles portent des vêtements de soirée et leurs cheveux sont décoiffés. Après quelques secondes, un spot s’allume au-dessus d’elles.

Arianne se relève lentement, l’air perdue, mais elle réalise rapidement qu’elle est retenue par Roxane. Elle ne peut donc pas se relever complètement. Elle regarde à côté d’elle et elle voit Roxane.

ARIANNE chuchote
Eille… réveille…

Pendant que Roxane se relève lentement, Arianne regarde autour d’elle, elle essaye de comprendre ce qui se passe et où elle se trouve.

ROXANE un peu perdue
Qu’est-ce qu’on fait là, voyons? 

ARIANNE
Pis pourquoi qu’on est attachées?

Les filles commencent à essayer de se détacher. Elles soupirent de découragement, puis finissent par baisser les bras.

ROXANE
Te souviens-tu de c’qu’on a faite hier? 

ARIANNE hésitante         
Ben… me semble qu’on est allées au bar?     

ROXANE
Hen ouin?   

ARIANNE
Ouin…          

ROXANE
Le dernier souvenir que j’ai, c’est que j’étais en train d’essayer d’écrire un poème, pis je l’avais pas pentoute… J’ai ben de la misère avec ça, les poèmes! Tu l’sais, hein?    

ARIANNE
Ouin, toi pis les poèmes, ça fait pas deux ça fait 12… (éclate de rire) T’as pognes tu!? 12! Comme dans un alexandrin! (rit toute seule)

ROXANE perplexe          
Ouin…

ARIANNE cesse de rire 
C’était sur quoi, ton poème?

ROXANE
Ben… j’essayais d’être quétaine pis d’écrire un bon poème d’amour à mon chum. Mais j’pas capable d’être quétaine moé dans vie. Faque finalement, ça raconte l’histoire d’une fille qui cherche son frère disparu pendant qu’il était parti faire l’épicerie. À fin à le retrouve, mais y’é trop tard, y fait partie des illuminatis.

ARIANNE
Euh… ok… c’t’un poème ou une nouvelle, ton affaire?

ROXANE
C’t’un poème, j’t’ai dis.

ARIANNE
Ah…

ROXANE
Ouin…

ARIANNE
Mon dernier souvenir, moi, c’est dans un parking. Y faisait frette, j’courrais mais j’sais pu trop pourquoi…  

ROXANE
Sûrement parce qu’y faisait frette.

Arianne juge Roxane du regard. Elles forcent toutes les deux les liens sans trop de conviction, puis abandonnent rapidement.

ROXANE
Pense-tu qu’on serait parties avec des inconnus?

ARIANNE
C’pas trop mon genre. Pis si c’est l’tiens, j’pu ton amie!

ROXANE
Ahhh… C’est quand même pas nos amis qui nous ont faite ça!

ARIANNE hésite
Ben… j’osais pas trop te l’dire, mais j’trouve que Sophie est un peu spéciale…

ROXANE
Comment ça, spéciale?

ARIANNE
Non, laisse faire ça…

ROXANE
Ben là! Come on! T’as commencé, laisse-moé pas d’même!

ARIANNE
Bon, ok… dis-le à personne par exemple là!

ROXANE
Ben non.

ARIANNE
Ben, quand t’étais pas là, l’autre midi…

ROXANE la coupe
Ouuuuin…

ARIANNE
J’ai dîné toute seule avec elle. C’était ben correct, parle parle jase jase, a m’parlait de son nouveau chum, t’sais le gars aux ch’veux bruns, ya des gros pipes, yé juste correct, yé pas laite mais yé pas chaud non plus…

ROXANE
Ben oui! Chose là… comment qui s’appelle…

ARIANNE
En tous cas, lui là. Bon pis on a mangé, y’avait pas ben ben de monde dans cafétéria y’était passé 1h de l’après-midi. Pis là on s’en allait au cours d’anglais, pis juste avant de partir… imagine toé dont… a bu son jus d’cornichon! (outrée)

ROXANE perplexe, déçue de l’anecdote
Quoi… c’est juste ça!?

ARIANNE
Ben là… « juste ça »! C’est dégueulasse…

ROXANE
Voyons dont! Ça y donne pas une raison de nous attacher d’même bâtard!

Arianne remarque sa sacoche par terre, un peu plus loin. 

ARIANNE
Eille tchek, c’est ma sacoche! J’ai peut-être mon cell, on pourrait essayer de savoir
c’qui se passe!

Roxane rapproche la sacoche avec ses pieds et elles essaient de fouiller dedans, mais la sacoche est trop petite pour que leurs mains y entrent. Arianne retire sa main des liens pour prendre son téléphone et la remet ensuite. Elle commence à jouer avec son téléphone, mais fait autre chose que d’essayer d’appeler.

ARIANNE
Eille… le chum à Sophie vient de m’adder sur facebook!

ROXANE se penche pour voir le téléphone
Meh! En tous cas… J’pensais qu’elle avait plus de goût que ça…

ARIANNE en déposant son téléphone par terre
Ouin… j’sais ben, mais qu’est-ce tu veux?

Roxane commence à regarder autour d’elle, puis elle voit qu’il y a une porte derrière elles.     
ROXANE réjouie
Eille, y’a une porte!

ARIANNE peu réjouie
Ouin, je sais pas si j’aime ça. On est attachées dans une pièce toute noire, me semble que c’est louche!

ROXANE agacée  
Tu voudrais qui se soit passé quoi? On s’est quand même pas faites kidnappées!

ARIANNE hésite un peu
Ben… on sait jamais…

ROXANE
Ben voyons dont! Ça arrive pas des affaires de même, à Shawinigan! Aweille, on va essayer d’se rendre à porte!

ARIANNE
Comment tu veux faire ça?

ROXANE en désignant la porte d’un coup de tête
On va essayer de se lever en même temps, pis on va marcher jusque-là.

Arianne soupire de découragement. Les filles se débattent pour parvenir à se lever en même temps et elles se rendent jusqu’à la porte, qui est verrouillée.

ARIANNE
Qu’est-ce qu’on fait?

ROXANE
J’sais pas, on attends.

ARIANNE panique
Ben là! Tout d’un coup qu’on s’est vraiment faites kidnappées! J’veux pas mourir, moé!

ROXANE
On mourra pas! Calme-toé!

Roxane avance et force Arianne à revenir avec elle vers l’avant de la scène. Arianne lâche des petits cris de panique et elle semble nerveuse.

ROXANE impatiente         
Bon! Là t’es tu capable de te rappeler de quelque chose d’autre que ta run dans l’parking concernant hier soir?

ARIANNE plus détendue
Euh… (réfléchit) Y’avait d’la vodka pis… des beaux gars!

ROXANE
Ça nous avance pas ben ben…

ARIANNE panique
Je sais ben, mais quess tu veux!? J’PEUX QUAND MÊME PAS NOUS SAUVER AVEC MES SOUVENIRS!

Roxane soupire fortement. Les filles restent silencieuses quelques secondes. Elles se rassoient par terre avec difficulté. Roxane fixe le sol, Arianne regarde autour d’elle.

ARIANNE hystérique
AU SECOURS! ON EST ENFERMÉES!

ROXANE sursaute, hurle
Quesser qu’tu fais!?

ARIANNE
(calme) Ben là! J’appelle à l’aide! (pause – hystérie) ON EST ICI!! VENEZ NOUS CHERCHER!!

ROXANE
Eille, tu penses-tu que si y’a un tueur l’autre bord d’la porte, y va v’nir nous aider!?

ARIANNE
Pis toi, tu penses pas qui aurait p’t’être quelqu’un pour nous aider l’autre bord d’la porte!?

ROXANE
Oui, mais on sait PAS, c’qui a l’autre bord!

ARIANNE
Eille tu m’énarves!

ROXANE
Ben toé ‘si tu m’énarves!

Les deux essaient de croiser les bras, mais lorsqu’elles réalisent qu’elles ne peuvent pas parce qu’elles sont attachées, elles soupirent. Elles essaient à nouveau de se détacher, sans succès.

ARIANNE
S’cuse-moi… j’pense que j’suis stressée.

ROXANE
Ouin… moi aussi, s’cuse.

Des gros coups se font entendre à la porte. Elles tournent la tête vers la porte et elles commencent à essayer de se relever. Mais elles sont trop pressées et elles ne sont pas capables.

ARIANNE ET ROXANE
EILLE! ON EST LÀ!

La porte s’ouvre sur quelqu’un, qui les regarde comme si elles étaient folles.

QUELQU’UN
Ben voyons… quesser qu’vous faites dans l’garde-robe?

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