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Sucrerie d’hiver
Il fait glacial
Dans le monde crème glacée vanille
La boule à neige secouée
Le sucre inonde l’horizon
Et tombe sur les bonnets à pompons
Des cornets de crèmes glaçons se forment
Le froid fait craquer les branches en chocolat
Et le toit pain d’épice de ma maison
Parfum de lait au cacao submerge
Mon foyer
Crépite sous les couleurs du soleil
Et laisse cette odeur familière
De bûches de truffes rôties
Emmitouflé dans ma couette de guimauve
Je regarde le paysage qui blanchit
L’Enfant Roi
Le nez pointant vers le ciel
Du haut de sa montagne de jouets
Ricane comme un corbeau
Perché sur son trône de sucreries
Ses maîtres à ses pieds
Succombent à sa dernière requête
Un autre sac de pourriture à dents
Et insignifiante babiole
S’ajoutent à sa colline diabétique
Le gamin au regard méprisant
Aux mains de chewing-gum
Et à la bouche de persuasion
Sourit de toutes ses dents d’égouts
Bonne nuit
Je l’avais pourtant dit
Ne ferme pas la lumière
Ce soir le ciel est fâché
Il crie
Il pleure
J’entends sa frustration tomber
Et elle m’angoisse
La veilleuse au fond du couloir
Seule source de réconfort
Tel un phare au milieu de la nuit
Guidant les marins égarés
Mon imagination est fabuleuse
Mais terrifiante dans le noir
J’ai peur de me faire peur
Ils sont là
Ils me guettent
Tous mes sens aux aguets
Pas question de laisser dépasser mon pied
Ils n’en feraient qu’une bouchée
Il fait soudainement complètement soir
Le petit phare en panne
Le couteau de la nuit est venu l’éteindre
Grincements dans l’escalier
Souffle d’une bête approchant mon lit
Il ne me reste qu’une solution
Pour me sortir de cette situation
MAMAN!! PAPA!!!
Temps pis
Les premiers sourires
Les premiers pas
Les premiers mots
Puis après on remarque moins
Puis après on oublie
Puis après on n’a plus le temps
L’horloge tourne trop vite
Le coucou crie
Pressé et Stressé
Par le décompte
Tout est temps
Plus on grandit
Moins il en reste
Pourtant on n’en a jamais assez
Du temps pour rêver
Du temps pour voyager
Du temps pour aimer
Du temps pour inventer
Du temps à soi
Pour soi
Tic…
Tac…
Longue nuit
Petit pyjama à pois
Je sais qu’il n’y a plus de monstres sous mon lit
Plus de fantômes pour me tourmenter
Qu’il n’y a aucune bête pour me dévorer
Petit pyjama à pois
Ce soir c’est ma conscience qui rampe sous mon lit
Ce sont mes pensées qui me survolent avec malice
C’est l’anxiété qui déguste ma chair
Petit pyjama à pois
Ma peau sanglote
Ma bouche comme le Sahara
Mon thorax hurle
Je suffoque dans mes draps
Mon corps en séismes
Mes membres s’engourdissent
Ma tête est une toupie
Seul le sommeil peut arrêter ce supplice
Mais l’insomnie s’en occupe
Et si elle échoue
Les mauvais rêves viendront à sa rescousse
Vieille amie
Ma petite poupée parfaite aux lèvres prune et pulpeuses
Aux boucles blondes comme un bouton d’or
Aux prunelles de cannelle et de caramel
Et au nez mignon comme un nouveau né
Ma petite poupée parfaite à la jupe de pétales pourpres
Et au chandail comme des châtaignes chaudes
Aux doigts doux et délicats d’orchidées
Aux dents d’ivoire et de diamant
Comme je t’ai aimée
Mais le temps a passé
Je t’ai oubliée
Abandonnée au grenier
Nos routes à nouveau croisées
Te voilà retrouvée
Amie de mon passé
Comme tu as changé
Ma petite poupée parfaite aux os qui collent à la peau de tissu
Aux vêtements tissés de poussière
Aux cernes de charbon
Et au sourire à l’envers
Ma petite poupée parfaite à l’œil pendant
Aux jambes frêles comme des baguettes
À la couture défaite
Et aux chaussettes trouées
Ma petite poupée parfaite au bras disloqué
Aux cheveux toile d’araignée
Et au teint fané
J’espère que tu n’es pas présage de mon futur
Quand c’était
Quand les meubles étaient plus grands que moi
Quand je croyais que gnomes et fées peuplaient les sous-bois
Quand princesse devait être mon métier
Quand tout pouvait piquer ma curiosité
Quand le lit de mes parents était le refuge pour échapper à mes mauvais rêves
Quand j’étais professeur et mes toutous mes élèves
Quand mon monde s’arrêtait au fond de mon jardin
Quand je mettais un bandage sur chaque bobo bénin
Quand je parlais avec mes amis imaginaires
Quand personne ne me regardait de travers
Quand je devais prendre une chaise pour me voir dans le miroir
Quand je faisais des vagues dans la baignoire
Quand j’avais des souliers à velcro
Quand quatre roues avait mon vélo
Quand j’évitais les lignes du trottoir comme un ninja en mission
Quand je m’accrochais au panier comme un koala lors des commissions
Quand je courrais jusqu’à ne plus respirer
Quand ma seule responsabilité était de jouer
Quand mon lit était le plus fabuleux des trampolines
Quand mes vêtements s’entremêlaient avec mes costumes d’Halloween
Quand mon seul stress était de ne pas dépasser les lignes de mon coloriage
Quand tout pouvait se transformer en bricolage
Quand mon imagination ne s’épuisait jamais
Quand c’était dans une petite tirelire que je conservais ma monnaie
Quand je voulais savoir si j’étais la préférée
Quand je ne comprenais pas exactement ce que signifiait d’aimer
Quand le temps n’existait pas
Quand mes rêves étaient barbe à papa
Quand les amitiés n’étaient pas compliquées
Quand les grandes décisions se prenaient par promis, juré, craché
Quand ma naïveté était vertueuse
Quand tout cela était
La petite fille était heureuse
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