Poussières d’enfance… suite poétique de Malika Renard

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Sucrerie d’hiver

Il fait glacial

Dans le monde crème glacée vanille

La boule à neige secouée

Le sucre inonde l’horizon

Et tombe sur les bonnets à pompons

Des cornets de crèmes glaçons se forment

Le froid fait craquer les branches en chocolat

Et le toit pain d’épice de ma maison

Parfum de lait au cacao submerge

Mon foyer

Crépite sous les couleurs du soleil

Et laisse cette odeur familière

De bûches de truffes rôties

 

Emmitouflé dans ma couette de guimauve

Je regarde le paysage qui blanchit

 

 

 

 

L’Enfant Roi

Le nez pointant vers le ciel

Du haut de sa montagne de jouets

Ricane comme un corbeau

 

Perché sur son trône de sucreries

Ses maîtres à ses pieds

Succombent à sa dernière requête

 

Un autre sac de pourriture à dents

Et insignifiante babiole

S’ajoutent à sa colline diabétique

 

Le gamin au regard méprisant

Aux mains de chewing-gum

Et à la bouche de persuasion

Sourit de toutes ses dents d’égouts

 

 

 

 

Bonne nuit

Je l’avais pourtant dit

Ne ferme pas la lumière

Ce soir le ciel est fâché

Il crie

Il pleure

J’entends sa frustration tomber

Et elle m’angoisse

 

La veilleuse au fond du couloir

Seule source de réconfort

Tel un phare au milieu de la nuit

Guidant les marins égarés

 

Mon imagination est fabuleuse

Mais terrifiante dans le noir

J’ai peur de me faire peur

Ils sont là

Ils me guettent

Tous mes sens aux aguets

Pas question de laisser dépasser mon pied

Ils n’en feraient qu’une bouchée

 

Il fait soudainement complètement soir

Le petit phare en panne

Le couteau de la nuit est venu l’éteindre

 

Grincements dans l’escalier

Souffle d’une bête approchant mon lit

Il ne me reste qu’une solution

Pour me sortir de cette situation

MAMAN!! PAPA!!!

 

 

 

 

Temps pis

Les premiers sourires

Les premiers pas

Les premiers mots

 

Puis après on remarque moins

Puis après on oublie

Puis après on n’a plus le temps

 

L’horloge tourne trop vite

Le coucou crie

Pressé et Stressé

Par le décompte

 

Tout est temps

Plus on grandit

Moins il en reste

Pourtant on n’en a jamais assez

Du temps pour rêver

Du temps pour voyager

Du temps pour aimer

Du temps pour inventer

Du temps à soi

Pour soi

 

Tic…

Tac…

 

 

 

 

 

Longue nuit

Petit pyjama à pois

Je sais qu’il n’y a plus de monstres sous mon lit

Plus de fantômes pour me tourmenter

Qu’il n’y a aucune bête pour me dévorer

Petit pyjama à pois

Ce soir c’est ma conscience qui rampe sous mon lit

Ce sont mes pensées qui me survolent avec malice

C’est l’anxiété qui déguste ma chair

Petit pyjama à pois

Ma peau sanglote

Ma bouche comme le Sahara

Mon thorax hurle

Je suffoque dans mes draps

Mon corps en séismes

Mes membres s’engourdissent

Ma tête est une toupie

Seul le sommeil peut arrêter ce supplice

Mais l’insomnie s’en occupe

Et si elle échoue

Les mauvais rêves viendront à sa rescousse

 

 

 

 

Vieille amie

Ma petite poupée parfaite aux lèvres prune et pulpeuses

Aux boucles blondes comme un bouton d’or

Aux prunelles de cannelle et de caramel

Et au nez mignon comme un nouveau né

Ma petite poupée parfaite à la jupe de pétales pourpres

Et au chandail comme des châtaignes chaudes

Aux doigts doux et délicats d’orchidées

Aux dents d’ivoire et de diamant

Comme je t’ai aimée

 

Mais le temps a passé

Je t’ai oubliée

Abandonnée au grenier

Nos routes à nouveau croisées

Te voilà retrouvée

Amie de mon passé

Comme tu as changé

 

Ma petite poupée parfaite aux os qui collent à la peau de tissu

Aux vêtements tissés de poussière

Aux cernes de charbon

Et au sourire à l’envers

Ma petite poupée parfaite à l’œil pendant

Aux jambes frêles comme des baguettes

À la couture défaite

Et aux chaussettes trouées

Ma petite poupée parfaite au bras disloqué

Aux cheveux toile d’araignée

Et au teint fané

 

J’espère que tu n’es pas présage de mon futur

 

 

 

 

 

Quand c’était

Quand les meubles étaient plus grands que moi

Quand je croyais que gnomes et fées peuplaient les sous-bois

Quand princesse devait être mon métier

Quand tout pouvait piquer ma curiosité

Quand le lit de mes parents était le refuge pour échapper à mes mauvais rêves

Quand j’étais professeur et mes toutous mes élèves

Quand mon monde s’arrêtait au fond de mon jardin

Quand je mettais un bandage sur chaque bobo bénin

Quand je parlais avec mes amis imaginaires

Quand personne ne me regardait de travers

Quand je devais prendre une chaise pour me voir dans le miroir

Quand je faisais des vagues dans la baignoire

Quand j’avais des souliers à velcro

Quand quatre roues avait mon vélo

Quand j’évitais les lignes du trottoir comme un ninja en mission

Quand je m’accrochais au panier comme un koala lors des commissions

Quand je courrais jusqu’à ne plus respirer

Quand ma seule responsabilité était de jouer

Quand mon lit était le plus fabuleux des trampolines

Quand mes vêtements s’entremêlaient avec mes costumes d’Halloween

Quand mon seul stress était de ne pas dépasser les lignes de mon coloriage

Quand tout pouvait se transformer en bricolage

Quand mon imagination ne s’épuisait jamais

Quand c’était dans une petite tirelire que je conservais ma monnaie

Quand je voulais savoir si j’étais la préférée

Quand je ne comprenais pas exactement ce que signifiait d’aimer

Quand le temps n’existait pas

Quand mes rêves étaient barbe à papa

Quand les amitiés n’étaient pas compliquées

Quand les grandes décisions se prenaient par promis, juré, craché

Quand ma naïveté était vertueuse

 

Quand tout cela était

La petite fille était heureuse

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