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Aujourd’hui, c’est Noël. Ben, on est le 24. Dans le fond, on est le jour avant Noël. Hier, mon père m’a dit que demain ça s’rait la fête de Jésus. Pis y m’a dit que c’tait juste les catholiques qui fêtaient sa fête à lui, c’est pour ça que mononcle Jacques s’rait pas là. Lui, y’a toujours un p’tit bol noir s’a tête. J’me d’mande ben comme y fait pour rester là son bol. Mononcle Jacques y’a même pu de cheveux. À place, y’a un tas de foin gris pis un trou au milieu. Depuis que j’suis p’tit, pour la fête à Jésus, toute ma famille vient chez nous. Ma grand-mère Nicole vient toujours avec son pitou. Y’ont la même face elle pis son pitou, les deux y’on plein d’plis pis y voient rien. Mon grand-père, lui, y’a toujours une boîte pour mettre ses dents. Faut ben croire qui tiennent pas ses dents, y tombent tout le temps quand y rit. Pis y’a mes cousines. Y’en a une qui s’amuse à donner des coups de langue à son ami pis l’autre qui essaie d’lancer la balle au chien d’Nicole, mais y fonce toujours dans l’mur. Ben en gros, le peuple vient chez nous pis on mange plein d’affaires. Si c’tait juste de moé, j’mangerais juste des p’tits carrés bruns qui goûtent le sucre, mais ma mère m’dit tout le temps : Léon, manges tes légumes !
Pis moé j’haïs ça les légumes. Surtout les arbres verts. Le seul arbre vert que j’aime, c’est le sapin que j’fais avec ma sœur pis mes parents. On met plein de boules pis plein d’oiseaux avec des ronds s’a tête. Mon père y s’bat toujours avec les fils qui brillent. Dinfois j’me dis qui f’rait un beau arbre vert. Pis quand les grandes personnes ont fini d’parler contre les messieurs en cravate qui passent à tv, ben on déballe les cadeaux. Ça, c’est l’bout que j’aime le plus. Ma cousine arrête de donner des coups d’langue pis l’autre a prend le chien aveugle dans ses bras au lieu d’le faire foncer partout. Tout le peuple vient dans l’salon pis mon père fait l’père Noël. Y’ont la même forme le père Noël pis lui. J’me d’mande ben c’que j’vais avoir demain. À toutes les fêtes de Jésus, j’ai c’que j’ai écrit sur la p’tite feuille blanche que j’envoie où cé que l’père Noël vit. Y vit dans une maison d’neige avec des oiseaux qui marchent pis qui volent pas. Y fait faire sa job par des p’tits bonhommes qui portent des pantoufles pis qu’y ont pas l’bout des oreilles rond. Faut croire qui travaillent ben les p’tits bouts parce qu’y sont capables de faire des cadeaux pour tout le p’tit peuple d’la terre avant la fête de Jésus. J’ai ben hâte de fêter Jésus d’main. Mon père dit toujours que c’te journée-là, c’est la plus belle de l’année. Y dit qu’y faut dire au monde qui vit avec nous qu’on les aime pis qui sont importants. Moé j’le dis, mais j’le pense pas tout le temps pour tout le peuple. Surtout pas pour le chien aveugle de Nicole. Tout cas, j’vous souhaite une ben belle fête de Jésus, pis si vous avez pas d’bol noir s’a tête, ben dites donc au peuple qui vit avec vous qu’vous les aimez même si vous l’pensez pas toujours. J’dis ben qu’jaime pas le pitou d’ma grand-mère, mais si y’était pas là, mon grand-père perdrait jamais ses dents !
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