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La performance au travail
Les jeunes d’aujourd’hui sont souvent jugés comme insouciants. Ils n’ont soi-disant peur de rien, se pensent invincibles ou bien se foutent de tout. On pourrait presque croire que les plus vieux mettent la pression sur les jeunes pour les décisions qu’ils n’avaient pas prises non plus, que ce soit sur le plan politique, économique ou environnemental.
Selon moi, cette croyance est très loin de la réalité. En fait, la peur touche les plus jeunes comme les plus vieux, si ce n’est pas plus. Que ce soit la peur d’échouer ou d’être insatisfait de sa vie, avoir peur est quelque chose d’humain et, de ce fait même, il est impossible pour un être mortel de se penser invincible.
Étant curieuse de voir jusqu’à quel point les croyances populaires sur les gens de mon âge étaient vraies, j’ai fait un sondage sur les peurs de 50 jeunes, âgés de 16 à 25 ans.
Dans ce petit groupe, seulement six m’ont répondu n’avoir aucune peur. Par contre, on m’a aussi relaté le fait d’avoir peur que le monde n’évolue pas, d’échouer, ou bien de ne pas être satisfait de sa vie, de ses accomplissements. Ces points me rejoignaient, alors je trouvais très important d’en parler, car ils me paraissent facilement liés à la pression des prédécesseurs, qui agirait comme une sorte d’effet démotivant sur les jeunes.
En portant attention à la société d’aujourd’hui, plus les années passent et plus les jeunes ont de choix dans le cadre professionnel et personnel, ce qui peut ajouter au stress quotidien, et donc les faire figer devant un futur incertain. Vu de l’extérieur, ce fait donne l’impression qu’effectivement, les jeunes ne veulent plus faire d’efforts. Au contraire, je serais portée à dire qu’ils veulent simplement trop, faisant de ces décisions futures des montagnes insurmontables.
D’un autre côté, il ne faut pas oublier que la technologie prend plus de place que jamais. Plusieurs boulots se créent depuis les dernières années sur internet et les gens y sont de plus en plus scotchés. Entre les passes temps obsessionnels et les nouveaux besoins technologiques que l’on se crée, il est donc tout naturel pour les plus jeunes de se perdre dans tous ces choix et de ne pas savoir dans quoi aller. Ces incertitudes peuvent mener à la peur de ne pas être satisfait d’eux-mêmes ou bien de faire le mauvais choix.
De plus, ces causes peuvent mener au manque de confiance en soi, à l’anxiété, à la dépression et même, dans certains cas, au suicide. Dans la société d’aujourd’hui, ces problèmes sont de plus en plus fréquents. L’anxiété touche un tiers de la population, la dépression touche 11% des gens chaque année au Canada, et cela ne fait qu’empirer. Cet accroissement peut engendrer plusieurs problèmes dans un futur proche car on nous fait douter alors que nous avons encore toute notre vie devant nous. Cela risque de ralentir les changements apportés au monde ou tout simplement de les annuler, bloquant à même l’inventivité de la race humaine par une surdose d’incertitude maladive.
D’un autre côté, si l’on remonte au temps des générations avant l’avancement technologique, les carrières étaient beaucoup plus sécurisantes sur le plan du salaire. Les possibilités de travail étaient beaucoup plus certaines car il était beaucoup plus question de travailler fort, plutôt que de performer ou d’exceller. Techniquement, il s’agit là de quelque chose de normal, puisque nous n’en sommes plus au même point, mais c’est aussi quelque chose de plus effrayant. En conséquence, vivre dans l’incertitude constante face à nos capacités et la stabilité de notre travail peut nous rendre plus anxieux, moins performants ou plus agressifs dans la vie de tous les jours. Au contraire d’aider à l’évolution des entreprises, nous serions plutôt en train de l’étouffer.
Notre mode de vie nous pousse de plus en plus à prendre de la médication contre l’anxiété, la dépression, etc. parce que nous n’en pouvons tout simplement plus. En tant que jeune, nous voyons bien l’évolution de nos proches dans le milieu du travail. Certain vivent des burn-out, d’autres font des arrêts de travail à cause de la pression ou encore quittent leur boulot à cause du stress excessif mis sur les épaules des employés et des employeurs.
Je ne tente pas de faire là une généralisation sur la manière dont la société fonctionne de nos jours, mais plus je vieillis et plus mon point de vue se voit affirmé : nous nous tuons à petit feu. Autant sur le plan mental qu’émotionnel et physique. Et ce n’est pas vrai qu’il faut être fort pour continuer à vivre dans ce monde ci. Il faut simplement être assez fou pour se boucher les yeux sur les problèmes qu’on engendre et les changements que l’on pourrait apporter pour améliorer ces conditions. Le changement, ce n’est pas mauvais. Il nous donne l’impression d’être un peu perdus au début, mais c’est tout à fait normal. Il faudra laisser la possibilité aux jeunes de commencer à prendre des décisions, peser le pour et le contre. Peut-être que les jeunes ne savent pas encore où ils vont, ce qu’ils font et pourquoi ils le font, mais je suis certaine qu’ils pourraient aider à ce que le monde du travail devienne moins angoissant, car ils ont encore l’espoir de pouvoir changer les choses.
Malgré la peur qui nous prend au ventre, nous ne sommes pas des incapables. Les meilleures idées dans le monde sont venues de gens qui voulaient changer le monde et essayer alors, au lieu de pousser à la performance en empruntant tous le même chemin, je crois que l’on devrait encourager les gens à faire ce dont ils ont envie. Il faudrait trouver un moyen de vivre qui puisse permettre aux gens d’avoir plus d’imagination, d’envie de faire des choses folles, ou même simplement d’avoir envie de vivre. Après tout, la prochaine idée que nous aurons encouragée peut être la prochaine chose qui marquera l’humanité entière de manière positive!
Si l’on se décidait finalement à en terminer avec le but de faire toujours mieux et plus dans une société guidée par l’économie, les décisions prises aujourd’hui pourraient être le phare d’une nouvelle ère. Nous possédons déjà amplement pour couvrir nos besoins pour vivre convenablement. Si l’on ouvrait enfin les yeux, nous pourrions voir naître le commencement d’une nouvelle branche, aux infinies possibilités…
Réponses du sondage
Quelles sont vos pires peurs ou phobies?
1) Araignées x10
2) Insectes x8
3) Les hauteurs x6
4) Aucune peur x6
5) Être seule x6
6) La mort x5
7) Mourir insatisfait de sa vie x4
8) Le noir x4
9) La profondeur des eaux x3
10) Échouer x3
11) Perdre le contrôle x3
12) Perdre ses capacités physiques x2
13) Les clowns x2
14) Anxiété x2
15) Se perdre x2
16) Performer en public
17) Être enfermé quelque part
18) Peur de souffrir
19) Que le monde n’évolue plus
20) Insécurité monétaire
21) Le dentiste
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