Voyage au pays des patenteux avec Simon Laganière

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Lysanne Latour-Magnan
Lysanne Latour-Magnan

Il y en a qui idolâtre les comédiens et les chanteurs pop, moi j’admire les réalisateurs. L’essence d’une œuvre cinématographique est puisée directement dans le tiroir d’idées folles de la tête des réalisateurs et des réalisatrices. J’ai eu la chance de rencontrer l’un de ces créateurs inspirants : Simon Laganière.

Laganière est un p’tit gars de chez nous, un fier Mauricien et un patenteux de rêves qu’il dépose délicatement dans nos écrans. C’est l’homme à l’imagination lumière, celui qui transforme la simplicité d’un sourire et d’une idée enfantine en œuvre d’art.

J’ai rencontré Laganière pour la première fois lors d’une soirée Kino au cinéma le Tapis rouge à Trois-Rivières. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les évènements Kino, il s’agit d’un mouvement qui permet à des cinéastes amateurs de présenter leurs courts-métrages une fois par mois devant audience. Laganière était venu généreusement présenter son film Suivre la piste du renard devant l’organisation qui jadis avait été son école. C’est à ce moment-là que je suis tombée en amour avec le style très naïf (dans le très bon sens du terme) de son film. Brièvement, c’est l’histoire de deux cousins qui se rendent en Ontario pour amasser des fonds pour leur grand-père malade. Pour ce faire, l’un d’eux s’y rend en bicyclette sans jamais toucher à son guidon pendant que l’autre le suit dans son vieux pick-up. C’est un film qui, non seulement est très beau, mais qui vous amène à sourire sans avertissement ! Pas un sourire d’adulte, mais le sourire qui était caché loin, celui qu’on a laissé tomber à l’adolescence. Laganière c’est comme un ramasseur de morceaux perdus qui nous ramène malgré nous dans notre naïveté trop vite abandonnée. Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller lui avouer mon admiration même si c’est toujours un peu stressant de s’adresser à une personne qui nous impressionne. Finalement, j’étais face à un homme humble, peut-être même un peu timide et très touché devant les oreilles attentives de plusieurs jeunes cinéastes amateurs qui venait d’apprendre que les subventions ne sont pas qu’un mythe.

Quelques mois plus tard, j’apprenais que Laganière était nominé aux prix Écrans canadiens et aux prix Jutra 2015 (aujourd’hui Gala du cinéma Québécois) grâce à son court-métrage Suivre la piste du renard. Lors de la soirée des Jutra plus Jutra, je suivais passionnément la course comme si c’était moi qui gagnerais. J’aurais voulu qu’il monte sur la scène pour montrer au public son air sympathique… Mais il n’a pas dit son dernier mot ! Son tiroir à idées folles est toujours bien rempli et ce n’est, selon moi, qu’une question de temps avant de le revoir sur un siège rembourré en onde.

Un an après l’évènement, il accepta de répondre à mes questions devant une limonade au café Frida. J’étais très curieuse de découvrir l’univers et les impressions d’un réalisateur. On voit souvent des comédiens et des chanteurs parler de leur carrière à la télévision, mais les réalisateurs, eux, c’est plus rare sauf pour Xavier Dolan, j’étais donc curieuse de découvrir les subtilités de son métier autrement que dans un générique.

Après deux-trois gorgées de limonade je me suis lancée dans les grosses questions. Je voulais savoir si être cinéaste était son rêve de jeunesse. Il m’a répondu que comme plusieurs, il pensait que ce métier était inaccessible. Enfant, il aurait plutôt voulu être pilote d’avion, mais il a finalement décidé de pelleter des nuages autrement en se dirigeant vers la musique. C’est comme ça que sont nés Les frères Goyette, son groupe de musique folk.

Laganière est donc assez polyvalent et pas mal autodidacte parce qu’il n’a pas appris ses métiers sur les bancs en plastique dur de l’école. Sa persévérance lui a permis d’apprendre « sur le tas » sans se faire écraser par ceux qui sont au sommet du tas en question. Par contre, il m’a avoué avoir regretté de ne pas être allé à l’Université en cinéma… Mais peu importe la sortie d’autoroute qu’il a empruntée, il est loin d’être dans le champ !

J’ai tenté ma chance en lui demandant c’est quoi son secret. Comment il en est arrivé là le Laganière ? À défaut de ne pas être allé à l’école dans son domaine, il a beaucoup appris grâce aux festivals de cinéma et aux organisations telles que Kino. En fait, c’est surtout une question de contact, c’est important de rencontrer beaucoup de gens. Les relations humaines sont la base d’une carrière réussie en cinéma, parce que c’est d’abord un travail d’équipe de créer un film. Ensuite, c’est simple, un ami lui a dit un jour : « Si tu veux être réalisateur commence par le dire au monde que t’es réalisateur ». Finalement, le dernier ingrédient, il faut apprendre à ne pas s’en faire quand on se fait dire non. Parce que des non il y en a beaucoup pour peu de oui ! Se faire refuser dans des festivals ça fait mal, mais d’autres portes s’ouvrent ailleurs et il ne faut pas se décourager ! Comme être nominé au Jutra Gala du cinéma Québécois ou aux prix Écrans canadiens par exemple…

Dans tous les métiers, il y a des difficultés, j’ai voulu savoir quelles étaient celles qu’il devait surmonter. Il m’a répondu que lorsqu’on crée un film on en fait trois. Je vous éclaire : il y a le film sur papier (le scénario), ensuite, celui que l’on tourne avec tous les imprévus qui viennent avec et finalement le film qui se crée au montage. Il faut apprendre à laisser aller des scènes pour ne pas alourdir le film. Même si ce sont de belles images, parfois c’est nécessaire. Bref, il ne faut pas avoir des idées inflexibles parce que celles-ci se casseront rapidement !

Aujourd’hui, Laganière vise les longs métrages. Il travaille présentement sur un scénario, mais il attend la manifestation d’un producteur pour finaliser le tout et enclencher le projet. J’ai très hâte de voir ça ! Si ses courts-métrages réussissent à nous faire voyager aussi rapidement dans son univers, un long métrage nous fera sans doute déménager dans son monde !

En attendant, vous vous doutez bien que Laganière ne se tourne pas les pouces ! Évidemment, il travaille aussi sur de nouvelles chansons pour Les Frères Goyette… Finalement, je vous mets un lien pour visionner un de ses courts-métrages sorti en 2009 : Les outils. Un petit film bien charmant qui donne une bonne idée de l’imaginaire peu commun du réalisateur.

À bientôt, Laganière, on l’espère !

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