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Étions-nous plus heureux enfants ? Est-ce que la capacité de créer des histoires nous donne le pouvoir d’atteindre le bonheur ? Le merveilleux est souvent synonyme d’enfance, pourtant les adultes aussi ont le pouvoir d’inventer, d’embellir ou d’exagérer leur existence. Big Fish de Tim Burton nous permet de faire une grande réflexion sur cette capacité trop vite mise de côté à l’atteinte de la majorité.
Tout d’abord d’un esthétisme Burtonniens marquant, Big Fish est un film magnifique, fantastique et à la fois lourd en remise en question. Sorti en 2004, ce film ne cesse de me captiver. Il raconte l’histoire d’Edward Bloom (Albert Finney et Ewan McGregor), un homme à la vie merveilleuse. Un gros point positif est que lors de ses jeunes années, Edward Bloom est interprété, à mon plus grand plaisir, par Ewan McGregor (t’sais là Obi-Wan Kenobi dans Star Wars !). Je les aime d’amour lui et son sourire en forme de 8e merveille du monde. Je m’égare, pardon. Il reste que les choix des acteurs et des actrices dans les films de Burton ne sont jamais décevants.
Après avoir vécu une vie invraisemblable, Edward et sa magnifique femme Sandra (Alison Lohman et Jessica Lange) ont un fils nommé William (Bill Crudup). Edward prend plaisir à raconter ses péripéties à son jeune garçon qui trouve son papa bien impressionnant ! La relation du père et du fils se brise lorsqu’une fois adulte, William veut savoir la vérité. Edward ne nie rien, pour lui, sa vie était réellement remplie de fantastique, comme sa rencontre avec un géant et des chanteuses siamoises. Les deux hommes ne se parlent plus pendant plusieurs années et ils finissent par reprendre contact lorsqu’on apprend qu’Edward a le cancer. William tente sa chance une dernière fois pour savoir la vérité sur la vie de son père.
Dans cette quête du sens, j’ai réalisé que notre société ne laissait pas beaucoup de place à notre imaginaire. William éprouve de la haine pour son père parce qu’il a l’impression qu’il lui ment. Pour lui, lorsqu’on devient adulte il faut cesser d’inventer, la seule voie vers la réussite c’est la réalité. Ce qu’il n’a pas compris c’est que son père avait trouvé un moyen de rester jeune toute sa vie et qu’il avançait même si son chemin était plus magique que celui d’un adulte « conventionnel ».
Ça me fait énormément penser au film Citizen Kane d’Orson Welles, dans lequel un homme meurt en regrettant son enfance. Charles Foster Kane (Orson Welles) était riche et puissant, sa vie était digne de l’American dream, pourtant, il est mort malheureux. C’est tout le contraire d’Edward Bloom qui lui est mort heureux, la tête remplie de souvenirs merveilleux qui lui ont permis de passer à travers la vie sans se décourager.
Certains diront qu’Edward vivait dans un monde fictif qui l’empêchait de faire face aux problématiques réelles de la vie. Ils diront aussi que ce n’est pas en maquillant le monde pour l’embellir que ces « problèmes » se règleront. Mais pourquoi pas ? Et si cette capacité de peindre notre réalité en un monde débordant de magie était la solution pour être heureux ? Dans le cas de Charles Foster Kane, celui-ci a laissé tous ses jouets d’enfants très rapidement pour se tremper les bras dans les finances. Les jouets stimulent l’imaginaire, ils sont la base d’histoires que l’on se crée lorsque nous sommes jeunes. Quand les jeux sont remplacés par un agenda et un compte en banque, les histoires prennent aussi le champ. Edward n’a jamais abandonné le don de raconter des histoires, pour lui, tout était prétexte à devenir une aventure fantastique.
Son fils admirait son père jusqu’à ce qu’il devienne adulte. Il avait l’impression d’être plus mature que son propre père. Il lui en a voulu encore plus lorsqu’il a su qu’il aurait un enfant avec sa femme Josephine (Marillon Cotillard). Comment allait-il expliquer à son enfant que son grand-père ne vivait pas dans le monde réel et que pour lui c’était un menteur ? Comment allait-il devenir un bon père quand le sien l’avait autant déçu ? William n’a pas eu un modèle paternel classique, certes, mais c’est aussi la meilleure leçon qu’un homme peut recevoir. Quoi de mieux que d’ébranler la réalité d’un autre pour lui faire réaliser qu’il n’y a pas une seule manière de mener une vie humaine ?
Edward était un être très apprécié et extrêmement bien entouré. Les gens l’aimaient parce qu’il trouvait toujours la beauté même dans le plus banal. C’est ce que j’appelle la pensée positive. Selon moi, il n’y a rien de mal à se créer un monde merveilleux ! Edward n’était pas fou. Au contraire, il savait mieux que quiconque rester sain d’esprit en ne se laissant pas abattre par la monotonie de notre monde parfois trop sérieux et c’est très inspirant !
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