L’art d’être jeune… un scénario à suivre…

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Lysanne Latour-Magnan
Lysanne Latour-Magnan

Personnages

Charlotte : Grande fille aux cheveux bruns de 20 ans.

Arthur : Monsieur distingué et très poli de 80 ans.

Étienne, Catherine et Juliette : Ami(e)s de Charlotte dans la vingtaine.

Élyse : Mère de Charlotte d’environ 50 ans.

Stéphane : Père de Charlotte d’environ 50 ans.

Scénario

Séquence 1 : Int — Boulangerie Tous les jours dimanche/Caisse — Jour

Arthur va acheter son café comme à tous les vendredis matins.

Serveuse : Noir comme la nuit votre café, monsieur Beaupré ?

Arthur : Eh oui, plus on vieillit, plus c’est pareil !

Arthur se dirige vers sa table habituelle, celle qui lui permet d’écouter subtilement les débats d’un groupe de jeunes passionnés.

Séquence 2 : Int — Boulangerie Tous les jours dimanche/Table — Jour

Charlotte et ses amis discutent vigoureusement devant leur café déjà froid et les miettes d’un muffin au citron trop vite parti.

Étienne : Oui, mais Trump n’a aucune chance !

Charlotte : Tu surestimes les Américains dude.

Juliette : Étienne come on.

Catherine : Est-ce qu’on peut changer de sujet ? Sérieux ça sert à rien de capoter avec ça, les élections vont avoir lieu qu’on en parle ou non pis si Trump est élu on pourra chialer rendu là !

Étienne : Attends, si, comme vous dites, il a des chances d’être élu, c’est LÀ qu’on doit en parler pour éviter la marde !

Ils continuèrent leur débat, comme s’ils étaient seuls dans la boulangerie.

Arthur les trouve merveilleux. Les écouter lui redonne sa jeunesse perdue dans de vieilles photos. Il sourit en dégustant son café noir. Jamais il n’oserait les déranger, il est plutôt du genre invisible.

Les jeunes se lèvent et continuent de parler en sortant dehors sans porter attention à Arthur.

Séquence 3 : Int — Collège Shawinigan/Classe d’Art, local 2063 — Jour

Charlotte s’installe pour peindre. Elle adore les vendredis après-midi parce que la classe d’art est libre. Elle met Hier encore de Charles Aznavour pour se couvrir d’une musique inspirante. Elle fixe sa toile blanche.

Charlotte avec un air de défi comme si sa toile allait lui répondre : Tu veux quoi ?

Il faut croire qu’elle a reçu sa réponse puisqu’elle commença son mélange de couleur. Quand elle peint, Charlotte est aussi gracieuse qu’une ballerine.

Séquence 4 : Int — Maison de Charlotte – Soir (19 h)

Élyse : T’étais où ? T’as-tu vu l’heure ?

Charlotte : À l’école, pis oui j’ai vu l’heure.

Élyse : Ton père est passé tantôt pour te voir.

Charlotte :…

Élyse : Il voulait te montrer sa nouvelle guitare, il avait l’air pas mal content !

Charlotte : J’irai le voir demain, là j’vais manger si ça t’dérange pas.

Élyse : Il reste de la soupe.

Séquence 5 : Int — Appartement d’Arthur – Soir

Arthur mange une soupe, seul, avec Charles Aznavour qui chante Hier encore pour accompagner sa solitude. Il est face à une chaise vide.

Il rince son bol et va sous la douche.

Séquence 6 : Int — Boulangerie Tous les jours dimanche/Table — Jour

Le vendredi suivant, Arthur boit son café et jette quelques coups d’œil à la fenêtre où de petits flocons oubliés par l’hiver tombent. Le groupe de jeunes n’est pas là et Arthur trouve son café moins bon sans eux.

Charlotte arrive seule. Elle entre et secoue la neige de ses cheveux. Ses joues sont roses et elle semble chercher ses amis. Son regard frôle celui d’Arthur qui baisse le sien aussitôt. Elle s’installe à sa table habituelle et part s’acheter un café en faisant un sourire timide à Arthur qui est devenu un visage familier.

Charlotte ne sort jamais son cellulaire, comme trop de gens le font lorsqu’ils sont seuls. Elle griffonne plutôt dans un petit cahier jaune ou bien elle observe ce qui l’entoure. Elle en profite souvent pour regarder Arthur quand il a les yeux rivés sur un roman ou sur le journal. Elle aime s’imaginer son histoire. Ses pensées sont interrompues quand ses amis arrivent.

C’est au tour d’Arthur de s’amuser en les écoutant.

Les jeunes partirent après une heure de placotage incessant. En partant à son tour, Arthur trouva le cahier jaune de Charlotte par terre. Il le ramassa pour le donner à la caissière quand Charlotte réapparut en panique devant la porte. Arthur se dirigea vers elle avec le cahier.

Charlotte : Oh mon dieu, merci !! Il y a toute ma vie là-dedans !

Arthur : Votre vie est bien courte il va sans dire !

Charlotte : Bon, disons un résumé de ma vie plutôt !

Arthur : Sans vouloir être indiscret, vous y écrivez quoi ? Des poèmes, des insultes, des nouvelles ?

Charlotte : Ahaha un peu tout ça, ça dépend comment je me sens. Parfois je dessine parce que j’ai pas de mots. Ce qui est bizarre c’est que je n’écris pas dans l’ordre des pages, j’en prends une au hasard et je jette mon encre sur le papier. Pour une personne organisée comme moi, c’est surprenant, disons.

Arthur : On a tous besoin de désordre pour mieux s’ordonner.

Charlotte : C’est aussi ce que je me dis… Parfois il faut savoir se déstabiliser pour mieux trouver qui on est.

Arthur : Mademoiselle, vous êtes une charmante personne ! Je ne veux pas vous retenir plus longtemps, vous devez avoir un horaire chargé ! Je m’appelle Arthur ce fut un plaisir de vous avoir parlé, ne serait-ce que si peu de temps !

Charlotte : Mon horaire est loin d’être chargé ! Le vendredi, je profite de mon temps libre pour aller peindre au cégep. Oh et moi c’est Charlotte ! Vous êtes une tout aussi charmante personne ! Aimez-vous l’art Arthur ?

Arthur : Comme l’indiquent les trois premières lettres de mon prénom, je vis avec l’art depuis que je suis né !

Charlotte : Décidément ! J’aimerais vraiment en savoir plus… Est-ce que c’est étrange de vous inviter à prendre un café bientôt ?

Arthur : Je ne trouve pas ! Êtes-vous libre dimanche à 14 h ?

Charlotte : Oui ! C’est un rendez-vous ! Passez une bonne journée Arthur !

Arthur : Vous aussi Charlotte !

Leur chemin se sépare à la sortie de la boulangerie et les deux êtres sont plongés dans des pensées douces qui laissent transparaitre un sourire léger sur leurs visages pourtant si différents. Mais l’âge et le genre ne semblent pas déranger la complicité qui s’est installée entre eux.

Séquence 7 : Int — Collège Shawinigan/Classe d’Art, local 2063 — Jour

Charlotte, le corps détendu, installe ses pinceaux délicatement sur la table. Elle met Les sœurs Boulay dans le tapis et danse entre la toile et la peinture. Le visage d’Arthur apparaît tranquillement à travers les coups de couleurs bleue, orange et rose.

Séquence 8 : Ext — Boulevard Saint-Maurice – Jour

Arthur marche lentement en regardant droit devant lui perdu dans ses pensées. Il entre dans une bâtisse en brique rouge semblable à une école.

Séquence 9 : Int — Résidence pour personnes âgées — Jour

Arthur est debout à l’entrée d’une chambre blanche. Une vieille femme est couchée dans le lit, elle est tellement recroquevillée qu’elle pourrait disparaître dans son propre corps. Arthur s’assoit à ses côtés, sur une chaise inconfortable qui fait un bruit terrible. Il caresse ses cheveux.

Séquence 10 : Int — Boulangerie Tous les jours dimanche/Table — Jour (dimanche à 14 h)

Charlotte et Arthur sont installés devant un café et une brioche.

Arthur : Vous et votre groupe d’amis ça fait longtemps que vous vous connaissez ?

Charlotte : 4 ou 5 ans ce sont des amis du secondaire, sauf pour Juliette, elle ça fait 15 ans qu’on se lâche pus !

Arthur : Je trouve ça magnifique de vous voir tous ensemble. L’amitié est une force qu’on laisse trop souvent faiblir avec l’âge…

Charlotte : Vous n’avez pas d’amis de jeunesse ?

Arthur : Je n’ai pas vieilli depuis que j’ai 20 ans, ils m’ont dépassé et se sont lassés.

Charlotte : Moi je veux bien être votre ami.

Arthur : Vous pouvez, Charlotte, mais je vous avertis, c’est un grand défi ! J’ai tendance à être grincheux quand je fais des crises d’arthrite…

Charlotte : Ça m’fait pas peur, j’aime bien les défis !

Stéphane, le père de Charlotte, entre dans la boulangerie et se rend à la caisse, il passe à côté de Charlotte et Arthur sans réaliser qu’il s’agissait de sa fille. Un pain chaud en main, il finit par l’apercevoir et son visage laisse paraître qu’il ne comprend pas pourquoi elle est avec un homme âgé.

Charlotte : Allô dad, j’te présente Arthur, il répond à mes questions pour un travail d’école.

Stéphane en serrant la main d’Arthur : Enchanté… il donne un bisou sur la tête de sa fille Allô ma cocotte ! Je dois filer, désolé, on s’appelle ?

Charlotte : Oui oui, bye là !

Il sort.

Arthur avec un air taquin : Un travail d’école ?

Charlotte : Ouin je m’excuse, c’est juste que je n’avais pas envie d’expliquer à mon père que j’avais un nouvel ami qui a 60 ans de plus que moi ! J’espère que ça ne vous a pas vexé… C’est sorti tout seul.

Arthur : C’est vrai que ce n’est pas commun. Je me demande bien pourquoi. Charlotte, vous ne trouvez pas qu’il n’y a pas meilleur moyen d’évoluer que de partager des propos avec une personne qui n’a pas vécu à la même époque ?

Charlotte : Internet peut se rhabiller ! Je suis bien d’accord Arthur.

Arthur : Et puis, je ne dis pas ça uniquement pour vous, Charlotte. Moi aussi, j’en ai encore à apprendre sur les humains et sur moi-même ! Ce ne sont pas les vieux bornés du club de pétanque qui feront évoluer ma pensée ! Je veux écouter vos idées, pour mettre du désordre dans l’ordre des miennes.

À suivre…

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