Textes gagnants du concours d’écriture ALC 2016

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 Le président d'honneur, Bryan Perro, entouré des 8 gagnantes, de leurs enseignantes et des responsables du concours
Le président d’honneur, Bryan Perro, entouré des 8 gagnantes, de leurs enseignantes et des responsables du concours

Le programme Arts, lettres et communication est fier de vous présenter les 8 gagnantes dont les textes se sont mérités des certificats honorifiques décernés par le jury. Félicitations à vous toutes!

 

 

 


 

Gaëlle Vandal
Gaëlle Vandal

Gaëlle Vandal

Premier prix, 3e secondaire,
École secondaire Du Rocher

Chapitre un: Le déménagement

Dix heures sonnent et je me réveille pour la première fois dans ma nouvelle maison, qui est l’ancienne de mes grands-parents.  Cette demeure est un peu vieillotte, mais selon mes parents, ça fait son charme.  Personnellement, je ne la trouve pas particulièrement belle.  Elle est spacieuse, c’est vrai, mais pas vraiment jolie.  Pour tout dire, je la trouve plutôt mystérieuse… Je l’ai toujours trouvée trop grande quand j’allais chez mes grands-parents.  Maintenant, c’est moi qui l’habite cette maison trop grande dans laquelle je serai obligée d’aider mes parents à faire le ménage.  Non mais pensez-y un peu!

Ce matin, quand j’étais encore au lit, j’ai entendu le plancher grincer et ça m’a inquiétée, jusqu’à ce que je me dise que c’était sûrement ma mère qui m’attendait dans la cuisine.  En descendant le grand escalier, je me suis souvenue que mes parents avaient prévu aller déjeuner au restaurant avec ma grand-mère et qu’ils allaient me rapporter un petit quelque chose à manger, car le frigo est encore vide.  J’ai hâte qu’ils reviennent, je suis impatiente de pouvoir poser des questions à ma grand-mère au sujet de son ancienne maison qui m’intrigue tant.  Elle doit bien avoir des trucs mystérieux à me raconter sur cette vieille baraque.  En plus, discuter avec elle m’évitera de défaire des boîtes.  Quelle belle coïncidence!

Je les entends arriver.  Je me rends donc à la porte.  Grand-maman et moi allons nous installer dans le salon pendant que mes parents continuent à défaire les boîtes.

J’ai profité de cet instant, seule avec elle, pour lui parler du fait que je trouvais son ancienne maison mystérieuse.  Elle a eu l’air de trouver ma remarque plutôt comique et m’a dit qu’ayant été construite en 1909, elle pouvait effectivement sembler intrigante, mais elle m’a aussi laissée dans le doute en me disant que c’était à moi de découvrir ses petits secrets car c’est, selon elle, une maison pleine d’histoires.

Grand-maman me donne ses deux petits bisous habituels, un sur chaque joue, et quitte la maison sans m’en dire plus.

Je suis très intriguée par ce qu’elle vient de me dire et j’ai hâte de me mettre à la recherche de ces secrets et histoires dont elle m’a parlé.

Chapitre deux: La lettre

Avec un beau sourire, j’offre mon aide à mes parents.  Ils me connaissent assez bien pour savoir que si je leur offre mon aide, il y a quelque chose de bizarre, mais ils ont tout de même accepté parce qu’au fond, ils sont pas mal lents à deux pour toutes ces boîtes-là.

Malheureusement pour eux, en ce moment, je n’ai qu’une idée en tête : pouvoir, tout en défaisant des boîtes, fouiller dans cette vieille maison et trouver le plus d’indices possible au sujet des fameuses histoires et mystérieux secrets dont ma grand-mère m’avait parlé.

Je m’empare donc d’une boîte et pars jusque dans ma chambre avec celle-ci. Ouf!  Elle est plutôt lourde. Voyons voir ce qu’on peut y trouver… je l’ouvre et n’y vois rien dont j’ai besoin afin de faire mon enquête.  Je descends alors jusque dans la cave pour aller fouiller les vieux meubles et les grandes armoires que ma grand-mère y a laissés lors du déménagement, car son petit appartement ne lui permettait pas de tout apporter.  Je commence par inspecter ces vieux meubles.  J’ouvre tous les tiroirs et, dans le dernier que j’ouvre, je trouve une lettre.

Maman nous appelle.  C’est l’heure du souper.

***

Après le souper, je suis allée relaxer dans ma chambre.  En fait, ça, c’est la raison que j’ai donnée à mes parents, car je m’apprêtais plutôt à ouvrir la mystérieuse lettre que je venais de découvrir.

Chapitre trois: La chambre secrète

Je descends donc dans la cave pour y retrouver la fameuse lettre que j’ai trouvée avant d’aller manger.  Stressée, mais à la fois très curieuse, j’ouvre l’enveloppe avec conviction.  Je déplie le papier jauni par le temps et lis ceci :

Bonjour Léa,

Dans la bibliothèque située à ta gauche, un des livres est subtilement placé juste au bon endroit! À toi de trouver le mystère…

Alors, c’est parti! Je marche, ou plutôt je cours, vers la bibliothèque dont il était question dans la lettre et je fouille dans tous les livres.

C’est alors qu’en les fouillant tous, j’en prends un qui, en le tirant, semble faire bouger la bibliothèque complète.  Une porte semble se dessiner.  J’hésite, mais je finis par prendre mon courage à deux mains.

En en ouvrant la porte, je découvre…


Mia Delisle
Mia Delisle

Mia Delisle

Premier prix, 4e secondaire,
École secondaire Paul-le-Jeune

Vision nocturne

Ces voix dans ma tête, incessantes.  Principalement celle de ma mère en constant combat avec celle de mon jugement.  En quittant ce monde, je croyais être débarrassée à jamais de cette vieille mégère qu’était ma mère.  Non seulement étais-je condamnée à reprendre son poste de directrice et propriétaire du manoir de retraite qu’elle avait laissé vacant, mais en plus, je devais endurer ses dires qui encore, et éternellement, je présume, dictaient ma conduite.  J’aurais pu excuser mes actes en disant que la marge entre le bien et le mal était petite et que tout était relatif dans la vie, mais cela n’aurait en aucun cas atténué ma culpabilité.  Comme ma mère, jadis, avait pris un malin plaisir à le faire, me voilà qui, à mon tour, escroquais les malheureux résidents du manoir.  Ce n’était pas par convoitise d’argent, très loin de là, c’était pour survivre.  Sans cela, je me retrouvais à la rue et sans un sou.  Je ne pouvais compter sur l’aide de personne, bien entendu!  Tous, au village, avaient dédaigné ma mère et je voyais bien que cette rancune s’était retournée contre moi.  Ma vie entière reposait en équilibre précaire sur le fil de mensonges que j’avais construit.  Si les murs avaient des oreilles, ils devaient posséder des yeux aussi, car nulle part je ne me sentais à l’abri des regards indiscrets.

Un soir, alors que je croyais être à l’apogée de ma misère, je remarquai une silhouette sombre, et pourtant familière, me suivant.  De sa façon lasse de se mouvoir, à son frêle gabarit, je l’aurais reconnue entre mille.  C’était ma mère.  Ou devrais-je dire le fantôme de celle-ci, car elle était bien morte.  Aucun doute possible à ce sujet.

J’attendis une parole de sa part, quelque chose à quoi me raccrocher, mais rien ne vint.  Il se pourrait qu’à ce moment, quelques heures de sommeil manquaient à mon organisme pour son bon fonctionnement, mais cette vision, aussi surnaturelle qu’elle pouvait l’être, était réelle.  Au moment où je voulus partir, elle ne me quitta pas.  Elle longea avec moi l’interminable corridor menant à ma chambre.  Je jetai alors un dernier coup d’œil à la femme qui fut ma mère et éprouvai une étrange, mais sincère compassion pour elle.  Que cela devait être insupportable d’avoir ce sempiternel air maussade.

Ce fut seulement en baissant les yeux et en constatant avec effroi que ses pieds étaient reliés aux miens que je compris.  Ce spectre n’en était pas un.  C’était juste une ombre.  L’ombre de la femme exécrable que j’étais devenue, bien que je ne l’aie jamais voulu.


Jade Frappier
Jade Frappier

Jade Frappier

Deuxième prix, 3e secondaire,
Séminaire Ste-Marie

Ulysse et la fleur

Au fil des années qui passaient, et du temps que Calypso passait avec Ulysse, elle développa des sentiments faramineux pour ce dernier.  Elle adorait comment il était passionné dans tout ce qu’il faisait, son intensité la troublait.  Pour sa part, Ulysse n’en pouvait plus de l’attention grandissante que Calypso lui donnait.  Tout cet amour dirigé vers sa personne le rendait dément.  Cherchant désespérément un moment de se sauver de cette île et du même coup, de la femme qui l’aimait tant, Ulysse ne trouva autre idée que de jouer le jeu auprès de Calypso.  Simulant alors un intérêt soudain pour les plantes de l’île, Ulysse réussit facilement à convaincre Calypso de lui expliquer les différentes utilités des végétaux.  La jeune femme, pour sa part, était euphorique, c’était la première fois qu’Ulysse lui portait un intérêt.

Le jour venu, ils partirent dans la matinée.  L’île de Calypso était d’une splendeur indescriptible avec ses fleurs exotiques et ses volcans.  Calypso parla durant des heures de chaque arbuste, de chaque fougère, de chaque fleur, de chaque arbre, à un Ulysse peu intéressé.  Sans oublier un détail, elle lui expliqua les facultés médicinales et les différentes façons d’utiliser la végétation qui les entourait.  Le guerrier écoutait d’une oreille peu attentive, mais une certaine fleur retint son attention.  Elle était d’un rouge flamboyant, chaque pétale brillait de mille feux, on aurait pu croire un soleil miniature.  Calypso lui expliqua que cette fleur avait des pouvoirs somnifères et que le meilleur moyen de l’utiliser était de la faire infuser dans de l’eau chaude.  Il germa alors une idée dans le cerveau rusé d’Ulysse.

La visite finie, à la grande joie d’Ulysse et à la grande déception de Calypso, celle-ci retourna donc à ses occupations.  Ulysse en profita donc pour retrouver la fleur qui avait attiré son attention.  Une fois la fleur récupérée, le guerrier se dirigea vers la source d’eau réchauffée par les volcans de l’île.  Il récupéra une certaine quantité d’eau dans laquelle il plongea la fleur rouge feu.  Aussitôt fait, Ulysse apporta la boisson empoisonnée à celle qui s’était amourachée de lui.   Celle-ci, touchée par cette petite attention, s’empressa d’y goûter.  Toute de suite après la première gorgée, Calypso sombra dans un sommeil profond.  Ulysse, allègre que son plan ait fonctionné parfaitement, en profita donc pour construire une embarcation.  Il courut hâtivement d’un bout à l’autre de l’île à la recherche de tout ce qui pouvait aider à la fabrication de son petit bateau de naufragé.  Une fois son embarcation terminée, Ulysse ne perdit pas une seconde et prit la mer.  Quand Calypso se réveilla, Ulysse était déjà loin.  Elle comprit alors la ruse et fut prise d’une tristesse titanesque.  Elle sentit un trou dans son estomac comme si en la quittant, Ulysse avait apporté un morceau d’elle.  Elle hurla, un cri terrible et violent.  Si puissant que même Ulysse l’entendit, bien qu’il se trouvait à des centaines de kilomètres de l’île.  Elle pleura durant mille jours et mille nuits, jusqu’au jour où elle se promit de se venger.  Malgré le fait que la malveillance eut atteint son cœur, Calypso sentait toujours le trou béant qu’elle ne pourrait jamais remplir.


Sarah Juneau
Sarah Juneau

Sarah Juneau

Deuxième prix, 5e secondaire,
École secondaire Paul-Le Jeune

Il y a de cela maintenant très longtemps, une jeune femme du nom de Maëva vécut.  Elle était belle comme la Lune, délicate comme les pétales d’une fleur, et douce comme rayons du Soleil sur la peau.  En plus de tout cela, Maëva possédait également les trois plus belles qualités du monde : une vive Intelligence, une Curiosité sans fin et une Imagination débordante!

Maëva, voyez-vous, était une fée.

Et nous le savons tous, les fées ne cessent jamais de rêver, au contraire des humains qui, eux, ont la désolante habitude de laisser leur Imagination mourir de côté, telle une plante que l’on aurait négligé d’arroser.  En effet, malheureusement, les humains ont toujours eu ce petit quelque chose que nous qualifierons d’éteignement intérieur, qui se produit, habituellement, lors du passage de l’adolescence vers l’âge adulte.

Lors de cet éteignement intérieur, une partie de notre capacité d’Imagination et de notre Curiosité s’éteint, laissant ainsi à l’Intelligence et à son cousin la Rationalité la possibilité de s’imposer.  Ceci fait en sorte qu’un enfant, autrefois destiné à devenir un entraîneur de gnomes-acrobates reconnu, devient un distributeur de journaux bougon et fourbu.

Étant une fée, Maëva était entièrement immunisée contre cet éteignement intérieur.  Mais autour d’elle, les humains ne l’étaient pas.  Et Maëva ne voulait croire que les gens se portaient mieux à la suite de ce tragique incident.  Les mois, puis les années passèrent… Maëva assistait constamment à l’éteignement intérieur des gens, mais malgré tous ses efforts, elle ne pouvait rien y changer.

Maëva, étant insensible au passage du temps, vit beaucoup, beaucoup de choses.  Elle était de plus en plus habituée à voir ses amis vivre de l’éteignement intérieur et à soudainement ne plus être en mesure de la voir et de lui parler, tant et si bien qu’elle cessa de nouer quelconque relation avec un humain.  Tranquillement, mais sûrement, Maëva baissait les bras.

Alors que l’espoir (qui est un liquide, vous le savez bien) commençait sérieusement à s’assécher dans le réservoir autrefois débordant du cœur de Maëva, cette dernière rencontra un humain.  Pas n’importe lequel, parce qu’après trois cents ans d’existence, notre tendre fée en avait connu des humains.  Non.  Celui-là, il était vraiment spécial et avait quelque chose de différent.  Il est nécessaire, du moins pour nos plus grandes lectrices, de préciser que ce jeune homme était magnifique.  Aussi grand que le plus grand des chênes, il était doté d’une tignasse de cheveux aussi belle et emmêlée que la plus fournie des vignes, et des yeux d’un bleu aussi profond que la nuit la plus noire que Maëva ait pu connaître.  Elle en tomba aussitôt éperdument amoureuse.

Toutefois, ce qui la surprit le plus fut les trois petites choses qu’elle vit en son cœur.  Une vive Intelligence, une Curiosité sans fin et une Imagination débordante : et toutes à parts égales!  Consternée, elle lui demanda aussitôt comment il avait pu échapper à l’éteignement intérieur.  Il lui répondit ceci :

– C’est simple.  Je l’ai entendu, j’en ai pris soin et je l’ai aimé du plus profond de mon cœur.

– Mais de quoi as-tu pris soin? renchérit-elle, perdue.

-De mon Souffle magique!  Tu sais ce que c’est, non?  Toi aussi, le tien, il est encore en vie.  Je l’entends.  Juste ici, murmura-t-il avant de poser la paume sur son cœur.  Je le sens, aussi nettement que le battement de mon cœur… Essaie, toi aussi.

Maëva déposa sa main sur son cœur et ferma les paupières.  Et elle le sentit.  Comme une tornade, il virevoltait et il tournait, tournait, tournait, sans jamais s’arrêter.  Maëva sourit.  Elle avait enfin compris pourquoi elle ne pouvait obliger les humains à rêver, à imaginer, à rire et à aimer… C’était un choix!

À partir de ce jour, Maëva vécut avec Gabriel, le jeune homme qui avait réussi à garder son souffle magique en vie.  Ils s’aimèrent, rêvèrent et vécurent longtemps.  Ils eurent beaucoup d’enfants, auxquels ils apprirent à entretenir, à aimer et à prendre soin de leur souffle magique.  Leurs enfants l’apprirent à leurs enfants et ces derniers, aux leurs et ainsi de suite.  Maëva et Gabriel furent célèbres, on les appela les Gardiens du Souffle magique.

Encore aujourd’hui, plusieurs personnes vivent l’éteignement intérieur.  Mais au moins, ils ont le choix.  Grâce aux Gardiens du Souffle magique, tu sais désormais comment continuer à rêver et c’est à toi seul de décider si tu veux garder ton propre Souffle magique en vie.  Si tu souhaites continuer à croire aux fées, au Père Noël, aux centaures et aux géants, tu n’as qu’à prendre soin de ton Souffle magique qui se cache juste derrière ton cœur.  En déposant ta main sur ta poitrine et en te concentrant fort, tu arriveras sûrement à le sentir… Mais n’oublie pas, tout est une question de choix!


Élisabeth Hayes
Élisabeth Hayes

Élisabeth Hayes

Troisième prix, 3e secondaire,
Séminaire Ste-Marie

Les voyages d’Ulysse, Chapitre 14: 

Retour à Ithaque

Ulysse n’en pouvait plus.  Il aimait bien Calypso, son hospitalité, mais il devait retrouver sa Pénélope à lui.  Cela faisait quelques jours qu’il avait commencé à réfléchir à un plan, mais tout était plus compliqué depuis que ses hommes avaient mangé les brebis d’Hélios.  Pour s’échapper, il lui faudrait des provisions, de l’aide, mais surtout des matériaux pour construire un bateau.  Qu’allait-il faire? Si seulement Hélios pouvait lui pardonner.  Ce n’était pas lui qui avait tué les brebis, mais ses hommes.  Il leur avait bien dit de ne pas toucher aux brebis.  Maintenant, leur erreur les avait tués et Ulysse était seul sur cette île où le temps ne passait pas.

Idée! Et s’il construisait un temple, en hommage à Hélios, il lui pardonnerait forcément.  Et ensuite, il l’aiderait sans doute à s’échapper.  Il décida de mettre son idée à exécution et d’attendre qu’un miracle se produise.  Après tout, il n’avait rien à perdre.  Il parla à Calypso de son désir de construire un temple pour le Dieu du vent, sans mentionner la raison de ses démarches, bien sûr.

Ulysse travailla d’arrache-pied pendant cinquante jours et cinquante nuits, rendant le temple le plus parfait possible.  Il commença par la base, les matériaux.  Calypso lui avait fourni cela.  Il avait considéré prendre ces matériaux pour construire son bateau, mais avec Hélios à dos, il n’irait pas bien loin en mer avec du mauvais vent.  Ensuite, il construisit lui-même quatre grosses colonnes de pierres, un plancher et un toit de chêne et plein de décorations dorées, à l’effigie d’Hélios.

Pendant ce temps, ce dernier voyait bien qu’Ulyssse donnait tout ce qu’il avait et qu’il méritait son pardon.  Il verrait donc ce qu’il pourrait faire.

Le temple compété, Ulysse y allait pour prier tous les jours, lui demandant, le suppliant de lui pardonner.

Un matin, Ulysse se réveilla très tôt, n’ayant pas bien dormi, et se senti attiré vers la rive.  L’île était silencieuse.  Seulement le subtil son des vagues et les gazouillis des oiseaux troublaient ce silence.  Tout le monde était toujours endormi.  Il prit le petit sentier de terre qui menait à l’eau.  Sur la rive, Ulysse trouva un majestueux, un immense bateau, plus gros que son ancien.  Celui-ci était rempli de viandes, de pain, de fruits et de légumes ainsi que du charbon et un petit poêle.  Tout cela durerait au moins une demi-année.  De plus, le vent était parfait, signe qu’Hélios avait donné un coup de main.  Ulysse monta seul à bord de son bateau qui se dirigea lui-même vers Ithaque.  Loin de Calypso, à qui il ne regrettait pas de ne pas avoir dit au revoir.  Loin de l’île où le temps ne passe pas.  Vers sa ville.  Vers sa Pénélope.


Rosalie Ayotte
Rosalie Ayotte

Rosalie Ayotte

Troisième prix, 4e secondaire,
École secondaire Paul-le-Jeune

L’école des mauvais

Mercredi, journée du poulet à la cafétéria.  Je n’en ai pas envie.  Il y a tellement de gens, pas moyen d’avoir la paix.  Surtout avec cette fille qui me colle sans cesse.  Quand je peux, je me réfugie à la bibliothèque.  Je m’entends enfin respirer.  Je suis nouvelle ici.  C’est très différent de là où j’étais avant, mais je réussirai sans doute à me faire des amies.  Même si je suis ici que depuis peu de temps, j’ai énormément appris : la musique, le français, la couture.

Un peu plus tôt ce matin, j’ai rencontré une autre nouvelle, qui semble légèrement plus vieille que moi.  Elle a l’air timide; j’essaierai de lui parler.  Il y a aussi cette fille qui crie sans cesse.  Je l’ai même vue se battre l’autre jour.  Elle me fait peur.  C’est dommage, ici, il n’y a que des filles; aucun garçon.  Elles me regardent toujours avec dégoût, comme si j’avais tué quelqu’un.  Au moins, il y en a quelques-unes qui ont l’air bien.

Ce soir, il y a une fête.  Je compte porter la nouvelle paire de jeans que ma mère m’a récemment envoyée.  Je n’ai jamais eu l’occasion de la mettre avant, nos uniformes nous l’interdisent.  Je ferai même partie d’un des numéros montés avec le professeur de musique, Monsieur Bouchard.  J’accompagnerai une chanteuse au piano.

****

Il ne reste que peu de temps avant prestation, « Somewhere over de rainbow », un grand classique.  La salle commune est pleine à craquer, je suis nerveuse.  Je ne connais pratiquement personne dans l’assistance, mise à part la directrice et une petite poignée de femmes.  Deux chansons et c’est mon tour.  Je tremble.  Je ne veux plus y aller.

****

« Fais-moi la tendresse » est maintenant terminée.  À moi de jouer.  Catherine et moi, nous installons nos instruments.  Je commence à jouer la pièce quand un bruit strident résonne dans la salle.  Il s’agit probablement de l’alarme de sécurité du bâtiment.  On nous informe, par l’entremise de l’intercom, qu’une des portes a été enclenchée sans aucune autorisation.  Une fuite.  Nous devons évacuer les lieux seulement quelques secondes après le début de mon numéro afin de prendre les présences.  Josie, une fille qui est dans le même dortoir que moi, manque à l’appel.  C’est la première évasion à laquelle j’assiste depuis mon arrivée en prison.


Rachel Gauvin
Rachel Gauvin

Rachel Gauvin

Quatrième prix, 3e secondaire,
École secondaire Du Rocher

Élodie et les Mayas

Il n’y a pas si longtemps de cela, dans une petite ville d’Espagne, une jeune Québécoise de treize ans du nom d’Élodie venait de terminer sa première journée dans sa nouvelle école.  Elle était découragée, car elle avait déjà un long travail d’histoire à remettre pour le lendemain et elle n’en connaissait aucunement le sujet.  Comme ses parents étaient policiers et ne revenaient que tard le soir, elle ne pouvait pas leur demander de l’aide.  Durant une heure, elle chercha sur Internet des informations, car son travail était d’écrire un texte sur les Mayas.  Elle trouva beaucoup d’informations, mais elle n’en comprit pas beaucoup la signification. Tout à coup, elle se rappela que son enseignante leur avait tous offert une plume et sa curiosité l’emporta.  Elle alla chercher sa plume mystérieuse…

Elle commença donc à écrire son histoire avec la plume que son étrange professeure d’histoire avait donné à chaque élève : « Les Mayas ainsi que leurs us et coutumes sont très spéciaux… »  Soudain, il y eut un tourbillon de feuilles autour d’Élodie et elle fut propulsée à plusieurs milliers de kilomètres et d’années de chez elle, à Copàn, au Honduras (mais bien sûr elle l’ignorait encore).  Déboussolée, elle remarqua qu’elle était dans une ruelle de terre rouge qu’elle ne connaissait pas.  Elle tenta de savoir où elle se trouvait, mais n’y parvint pas.  Soudainement, elle se fit prendre les épaules et on l’attira.  Quelqu’un chuchota :

– Mais tu es folle de rester planter là! Si les gardes te voient, ils vont sûrement t’arrêter et te tuer!

– Euh…, dit Élodie, mais…. Mais qui es-tu?

– Ah, tu es nouvelle! Alors je me présente : je me nomme Myriem et je suis la fille du puissant Ajaw, le roi.  Bienvenue à Copàn, chez les Mayas.

On conduisit Élodie dans un cachot sombre et froid sous la terre et on lui dit de se tenir tranquille jusqu’au lendemain pour rencontrer le roi.  Elle eut de la misère à s’endormir, car elle pensait à ses parents qui, en revenant chez eux, ne la verraient pas et s’inquièteraient pour elle.  Le lendemain, elle se fit conduire devant le roi qui lui dit :

– Bonjour à toi, Espagnole! Avant de te dire quel sera ton châtiment pour t’être infiltrée chez nous, dis-moi ton nom, ton âge et comment tu t’es introduite chez nous.

– Je… je me nomme Élodie, j’ai… j’ai treize ans et j’ignore complètement, et je vous l’assure, comment je suis arrivée chez vous, dit la jeune fille, apeurée.

– Comme je pense que tu dis la vérité, dit le roi, je vais te mettre au défi d’apprendre en seulement quatre jours nos us et coutumes avec l’aide de ma fille, si elle accepte, bien sûr.

– Pour sûr, père, que j’accepte!

Sur ce, la princesse détacha sa nouvelle amie et l’entraîna à l’extérieur du palais, dans un dédale de rue, pour finalement s’arrêter devant une maison simple et ordinaire.  Elle frappa à la porte et une voix leur dit d’entrer.  L’intérieur de la maison était délabré et, à l’odeur, on pouvait deviner que c’était une famille de pêcheurs qui y vivait.  Un jeune homme d’environ 17 ans, qui dépeçait un poisson, dit aux filles :

– Je vous souhaite la bienvenue dans ma modeste maison, princesse, et j’imagine que cette Espagnole est comme celle qui t’accompagnait l’autre jour?

En effet, la professeure d’histoire d’Élodie est venue à Copàn, elle aussi, et c’est pour cela qu’elle envoie ses élèves là-bas : pour qu’ils comprennent qui sont réellement les Mayas!

– Eh oui, répondit Myriem, et elle n’est pas du tout comme nos ennemis, je peux t’en assurer.

– Je me nomme Élodie et j’ai 13 ans, dit la principale intéressée.

Il se présenta à elle sous le nom d’Abdias et raconta aux jeunes filles que depuis que la Québécoise était arrivée, on avait mis Vivia, la petite sœur du garçon, en prison en la croyant coupable d’avoir aidé l’Espagnole à s’infiltrer dans la ville.  Si Élodie prouvait qu’elle pouvait se comporter en véritable Maya, on libérerait la jeune sœur d’Abdias.

Durant les jours qui suivirent, Abdias et Myriem montrèrent à la jeune fille toutes les merveilles mayas et lui expliquèrent qu’on la traitait mal, car elle venait d’Espagne et que les Espagnols voulaient les richesses mayas.  Bien que les parents du jeune garçon fussent tristes, ils accueillirent la jeune fille comme une des leurs.  Élodie apprit à manger et à cuisiner à leur manière, ce qui était le plus important dans la religion maya, à se vêtir et à faire encore plusieurs autres choses.

Puis vint le jour où elle devait se présenter pour subir les épreuves préparées par les prêtres.  On lui posa plus de cinquante questions sur la vie et coutumes des mayas.  Élodie répondit aux questions très bien, car elle mémorisait toujours tout ce qu’on lui apprenait.  Les prêtres durent admettre qu’elle avait bien passé le test.  Le roi, comme cadeau de bienvenue, lui remit une magnifique plume sculptée de matériaux uniques et lui dit avec gratitude :

-Ma fille, il y a quatre jours de cela, je t’ai donné un grand défi que je croyais irréalisable pour toi, mais tu as tout de même réussi.  La dernière personne qui a bien répondu à ce test te ressemble beaucoup.  Si tu n’avais pas réussi, je ne t’aurais pas tuée.  La seule chose que je t’aurais faite aurait été de te faire perdre la mémoire sur ton voyage ici et tu aurais pensé que c’était un rêve que tu avais fait.  Avant de te laisser partir, je vais te dire une phrase que je dis souvent à ceux que j’aime : « Ne trempe pas ta plume dans un encrier mais dans la vie. »  Cela veut dire que la plume, c’est toi et que du dois plonger dans la vie et non dans la noirceur de tes pensées.  Tu seras toujours la bienvenue chez nous.

– Merci beaucoup, dit Élodie, émue, je ne vous oublierai jamais et je reviendrai vous voir bientôt.

Dès qu’elle eut dit ces mots, elle disparut cette fois-ci dans un tourbillon d’objets de la culture maya et revint dans sa chambre sans encombre.  Elle revint chez elle sans qu’une minute ne se soit écoulée (dans notre temps, bien sûr).  Au temps des Mayas, Vivia fut libérée et essuyée de toutes les accusations que l’on avait portées contre elle

Le lendemain, elle raconta son voyage et la professeure lui dit devant tous les élèves :

– Même quand on est entouré de personnes qui croient qu’on est leur ennemi, on a toujours une chance de leur prouver qu’on ne l’est pas vraiment.


Alexandrine L'Heureux
Alexandrine L’Heureux

Alexandrine L’Heureux

Quatrième prix, 4e secondaire,
Séminaire Sainte-Marie

Disparition

Je me précipitai sur le combiné aussitôt que la sonnerie retentit.  Mme Johnson devait accoucher d’une journée à l’autre et mon matériel était prêt depuis le début de la semaine.  La voix de M. Johnson me parvint, paniquée.  Il m’annonça que sa femme était en travail depuis plusieurs heures.  Sans attendre, j’attelai mon fidèle percheron et pris le chemin de la maison des Johnson.

L’étroit sentier me semblait plus sombre, plus sinistre qu’à l’habitude.  Au loin, le tonnerre grondait.  L’air, lourd d’humidité et d’électricité, me pesait sur les épaules.  Pendant un moment, j’eus l’impression que les arbres tendaient leurs branches vers moi.  Comme s’ils tentaient de m’empêcher d’aller plus loin.  Je repoussai cette idée absurde, mais pressai tout de même mon cheval.

Johnson m’ouvrit la porte. Il me regarda, ses yeux de fou cillant sans cesse vers le ciel orageux et menaçant. Il me tira à l’intérieur de la maison de rondins.  Voyant qu’il restait figé au milieu de la pièce, je pris le chemin de la chambre; où je savais trouver Mme Johnson.  Je sentis une poigne de fer se refermer sur mon bras.  Le mari me supplia d’une voix rauque :

– Aidez-nous!

– Tout se passera bien, déclarai-je malgré mon incertitude.

J’avais pourtant plusieurs années d’expérience, mais cette naissance serait différente.  Je le savais, malgré tous mes efforts pour me convaincre du contraire.  Un élément m’échappait.  Je n’aimais pas ce sentiment d’incertitude.  Toute ma vie, j’avais été en contrôle, mais pas ce soir; pas ce soir…

Je pénétrai dans la chambre.  Mme Johnson était étendue sur le lit, trempée de sueur.  Lorsque son regard croisa le mien, je vis le soulagement dans ses yeux voilés de douleur.  Je m’affairai à ses côtés, la rafraîchissant et vérifiant son niveau de dilatation : déjà cinq centimètres.  Le tonnerre gronda au loin.  Peu après, Mme Johnson fut secouée d’une violente contraction qui la fit hurler de souffrance.  Je lui murmurai des mots de réconfort tout en épongeant son front brûlant.  Le travail se poursuivit ainsi pendant quelques heures.  À un moment, la pluie se mit à tomber.  Elle n’apporta aucune fraîcheur.  Au contraire, l’atmosphère ne se fit que plus lourde.  La sueur commença à perler à grosses gouttes de mon front, brouillant ma vue.  Des éclairs déchirèrent le ciel, éclairant la pièce d’une lumière sinistre.  En dépit de la chaleur écrasante, une sensation de froid glacial s’infiltrait peu à peu dans chacun de mes os.  Je n’avais jamais craint les orages, encore moins les éclairs dans lesquels je trouvais une beauté à la fois sublime et dangereuse; mais chaque coup de tonnerre me faisait trembler de peur.  Ma tête me disait de rester alors que chaque fibre de mon corps me criait de fuir, fuir le plus loin possible.

Ce fut bientôt le moment de pousser.  Avec chaque éclair, une nouvelle contraction survenait, plus forte que les autres.  Je sentis le frisson de la peur me parcourir l’échine.  Un événement horrible allait se produire.  Il ne pouvait en être autrement.  Je songeai à fuir, à sauter sur mon cheval et à aller m’enfermer chez moi.  Cependant, je ne pouvais abandonner cette pauvre femme à sa souffrance, je ne pourrais me faire face tous les jours sachant que j’ai laissé une personne dans le besoin à son propre sort.

Je revins à la réalité à la vision de la tête du bébé.  De nouveau centralisé sur mon objectif, j’encourageai la future mère.  Avec la dernière poussée, un cri inhumain retentit dans toute la maison.  M. et Mme Johnson hurlaient à l’agonie.  Au même moment, un éclair s’abattit sur le toit.

***

Les secours arrivèrent le matin venu.  Ils m’extirpèrent des débris calcinés.  J’avais miraculeusement survécu et, avec moi, le bébé, fermement protégé de mon étreinte.  On eut beau fouiller les décombres, M. et Mme Johnson demeurèrent introuvables.  On ne les retrouva jamais; morts ou vifs.

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