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Ouvert d’esprit mais…
J’aime discuter.
J’aime discuter avec l’expérience des aînés, avec la fougue des jeunes, la rigueur des scientifiques, la sensibilité du poète, la rébellion du vieux rocker tout croche et le courage de la mère de famille monoparentale.
Je sais, ou du moins crois savoir qu’on a tous un petit quelque chose à s’apporter en tant qu’espèce.
Toutefois, force m’est d’admettre qu’il n’est pas toujours facile de faire preuve d’ouverture d’esprit. Si vous deviez poser la question «êtes-vous ouvert d’esprit?» aux membres de votre entourage, la plupart vous répondraient probablement avec fermeté que leur esprit est parfaitement ouvert. Puis, subvient un mais.
LE mais assassin.
Le mot mais éradique pour le plus souvent tout ce qui a été dit avant son insertion dans la phrase.
«Je n’ai rien contre les musulmans, mais…»
«Je ne suis pas homophobe, mais…»
«J’aimerais que tu me voies comme une personne ouverte d’esprit, mais…»
Quel être humain en ce bas monde peut-il vraiment prétendre faire preuve d’ouverture d’esprit? Une question corsée, faut-il l’admettre. Je n’ai pas la prétention de faire exemption à mes confrères, toutefois (toutefois étant un très joli mot pour remplacer mais), la question mérite quand même son pesant d’intérêt.
Le sujet me semble aussi compliqué qu’il y a d’âmes qui cohabitent en ce monde.
Gaston Miron a écrit une pensée intéressante à ce sujet :
«Il y a des complicités inavouées. Il n’est pas possible que tout le monde ait raison en même temps. Il y a des coupables précis.»
Certains ont raison. D’autres ont tort. D’autres trouvent un terrain d’entente.
L’agnosticisme, ce mouvement de pensées qui refuse de trancher sur l’existence ou la non-existence de Dieu, n’est-il pas né de ce désir embrasé d’ouvrir son esprit?
Décider de ne pas décider, ça reste quand même une décision.
Ne rien cocher sur un bulletin de vote a pour effet d’annuler votre vote. Par ailleurs, cocher toutes les cases annule aussi votre vote.
Toujours de Miron, une idée vient appuyer ce phénomène.
«Une connaissance générale est presque fatalement une connaissance vague. »
Approuver tout revient à n’approuver rien. Un bref regard sur les comportements sociaux semble démontrer que l’esprit humain doit choisir un camp, et parmi tous les camps déjà établis sur le champ de bataille de la pensée, plusieurs se font la guerre depuis que l’homme est homme.
D’une autre perspective, celui qui ouvre son esprit à toutes les idées risque de se retrouver en proie à la perdition. Un homme peut-il vivre dans un mode où cohabitent dieux, fantômes, extra-terrestres, réincarnations et complot mondiaux Illuminatis?
À quel point faut-il faire preuve d’ouverture d’esprit en s’adressant à un individu aux idées arrêtées? Comment dire «Je comprends ton racisme et ta misogynie» sans en ressentir ne serait-ce qu’un peu les effets?
Comme je l’ai mentionné, je n’ai pas la réponse à cette question, mais une chose est claire, il peut être extrêmement enrichissant de s’y arrêter afin d’y réfléchir un peu!
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