Les nombres Horrifiques… suite poétique de Félix Tremblay-Poirier

Suivez-nousFacebookby featherSuivez-nous
PartagerFacebooktwitterpinterestlinkedintumblrby featherPartager

1.

L’araignée sur sa toile gesticule

La bête glisse sa langue sur ses mandibules

Dans son repère de pellicule

Ses pattes rapides et agiles telles des funambules

Une main humaine s’aventure

Attaque cette horrible créature

Le monstre se sauve, elle fuit

Mais elle n’en a pas fini

L’araignée revient avec ses camarades

Entoure l’homme de millions de pattes

Les bêtes informes forment une barricade

Une barricade prête à dévorer tel des spartiates

Elle grimpe et chatouille

Elle pique et mord

Dans tous les trous, elle grouille

Et ce jusqu’à la mort.

L’araignée gruge l’humain

Comme les riches grugent les démunis

Les hommes riches des États-Unis

Prennent tout jusqu’au dernier pain

2.

Des clous perforent ma tête

Le ciel, la terre, le ciel, la terre

Tout se mélange, tout se désassemble

Ma vue se détruit, se déconstruit

Ma tête tourne et le corps avec elle

Est-ce le sol qui s’envole

Ou mon corps

L’asphalte noir infernal

Le vent nordique me glace les veines

Je suis en suspension sur l’air

Le temps ralentit

Vingt minutes, une heure, cinq heures, l’éternité

Le temps s’est arrêté comme dans une inspiration

Les voitures défilent à la vitesse de la lumière

Flou

Le sol de flamme berce

Finalement ma chair

3.

Les murs m’entourent, me serrent, m’enferment

Le plafond descend tranquillement

Il me menace, m’attaque

L’air fuit ma tombe

L’air prend ses jambes à son cou

Me laissant à mon sort

Plus l’air s’échappe

Plus les murs se rapprochent

Plus ma panique monte

Plus ma tête se comprime

Et le serpent se mord la queue

La roue tourne comme les murs

Les murs se rapprochent encore

Et encore, et encore, et encore

Jusqu’à ce que mon corps devienne

 Mon unique refuge

Séparant la fin de l’espoir

La mort de ma vie.

Plus personne

Plus rien

Rien ne peut me sauver

De moi

De dieu

De dieu

4.

Le soir

Le noir

L’ombre

La pénombre

La peur

Les pleurs

Une frayeur

Une horreur

    Qu’est-ce caché dans le noir ?

Qui se tapit le soir

Un clown, un meurtrier dans l’ombre

Sous la lune et sa pénombre

Mon regard se fige de peur

Et de mes yeux, coulent les pleurs.

Mon cœur subit la douleur de la frayeur

En fixant cette horreur.

JE MEURS.

JE MEURS.

5.

Pour le trip,

Je déboule les éternelles marches

Des catacombes de Paris.

Chaque marche le temps se fige.

L’obscurité envahit l’air

De ses grands bras effilés.

L’air, elle-même s’atrophie.

Comme sous l’océan, la pression

Me compresse la tête.

Mais nous sommes un groupe

Le plaisir prenait le dessus

Sur le glaçon qui me coulait dans le dos.

Nous sommes au niveau des enfers

Seule la torche nous éclaire

Les squelettes et les crânes s’enchaînent

Comme les coquillages d’une plage

Déserte.

Alors que l’odeur de mort imprègne mon nez

Mes poumons s’emplissent de liquide noir et de fumée.

Mon cœur s’obscurcit et se fige comme le temps

Je cligne des yeux et comme par magie

Je suis seul.

Perdu dans le labyrinthe de crânes

Je cours et je crie à cracher mes bronches

Personne, personne, personne.

6.

L’eau m’horrifie

Je ne peux prendre de bain

Je ne peux nager

J’ai peur de m’étouffer

J’ai peur de me noyer

Que l’eau me gorge

Que mon corps gonfle

Et que la vie m’abandonne

Qu’elle me laisse là avec l’eau

Qu’elle me pose un poisson

La vie est infidèle

Elle nous laisse au moindre détail

Je dois me battre pour ma vie

Mais ma vie part sans avis

Elle part comme si je ne l’intéresse pas

Et puis je cours après elle

Je ne veux pas qu’elle parte

Je lui attrape le bras

La retourne pour lui parler

Mais elle est déjà partie

C’est la mort que j’ai accostée

Et la mort me sourit

Elle ne me laissera pas tomber

Elle

7.

La peur est normale qu’ils disent

La peur est naturelle qu’ils disent

Comme l’air

Comme l’eau

Mais ont-ils déjà vécu la peur

La vraie peur

La peur qui monte telles des tentacules

Qui prend le contrôle de votre corps

Qui transit

Cette peur ne peut pas être naturelle

Elle vous englobe

Et vous crée des frissons

Et vous tourmente

Et vous fascine

Et vous crispe

Et vous tue

Un peu plus

Chaque seconde

La peur, la bête de la mort

Son chien de chasse

Son funèbre compagnon

Comment peut-elle être normale

Cette horrible réaction

8.

Un être laiteux au loin

Fixe et observe

Mais ne voit rien

Il a les yeux vides

De désertiques yeux contrastant avec son corps

Des yeux abyssaux, d’un noir d’onyx profond

Et sa peau de miroir

Son corps immobile fixe

Telle une poupée de porcelaine

Sur une table haute qui sans bouger

A toujours l’œil sur vous

Aucune ride ni aucun défaut

Sauf ses ongles noirs

Et la boue qui monte

Par à-coups jusqu’à ses genoux

Ses pieds sales et nus ont beaucoup voyagé

Et sa robe blanche, mille fois réparé

 Elle a de longs cheveux noirs

Qui, plat comme des pâtes lui descendent jusqu’aux hanches

Et elle avançait inlassablement, pas après pas.

Puis on ne voit plus que ses canines

Qui nous arrachent sauvagement l’œil.

9.

Quoi de plus cauchemardesque

Que la forêt la nuit

Les hiboux hululent

Et la lune éclaire faiblement

Les nuages de mousse cachent le ciel

Je ne peux voir les racines de mon corps

Le sol boueux colle à mes bottes

Les branches me fouettent le visage tel un fléau d’armes

Et un frisson court sur mon corps

J’ai la sensation de doigts glissant tout le long de mon dos

La sensation d’une étrange présence m’observant

La sensation que mon monstre intérieur s’extériorise

Je ne vois qu’ombres noires et silhouettes blanches

Je cours à perdre haleine

Mon chemin se perd

Ma route s’efface

Cessez de me suivre

Je veux partir !

666.

La fin

À la fin

Plus rien

Le vide

Ni texte ni humanité

La vie est un gouffre que nous devons nourrir

Et à la fin

Le gouffre est montagne

Et la fin début

Une fois le thème épuisé

Tout ce qui nous reste est l’idée

Les idées, toutes les idées du monde

Pour ainsi recommencer

IL NE FAUT PAS AVOIR PEUR

Suivez-nousFacebookby featherSuivez-nous
PartagerFacebooktwitterpinterestlinkedintumblrby featherPartager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *