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1.
L’araignée sur sa toile gesticule
La bête glisse sa langue sur ses mandibules
Dans son repère de pellicule
Ses pattes rapides et agiles telles des funambules
Une main humaine s’aventure
Attaque cette horrible créature
Le monstre se sauve, elle fuit
Mais elle n’en a pas fini
L’araignée revient avec ses camarades
Entoure l’homme de millions de pattes
Les bêtes informes forment une barricade
Une barricade prête à dévorer tel des spartiates
Elle grimpe et chatouille
Elle pique et mord
Dans tous les trous, elle grouille
Et ce jusqu’à la mort.
L’araignée gruge l’humain
Comme les riches grugent les démunis
Les hommes riches des États-Unis
Prennent tout jusqu’au dernier pain
2.
Des clous perforent ma tête
Le ciel, la terre, le ciel, la terre
Tout se mélange, tout se désassemble
Ma vue se détruit, se déconstruit
Ma tête tourne et le corps avec elle
Est-ce le sol qui s’envole
Ou mon corps
L’asphalte noir infernal
Le vent nordique me glace les veines
Je suis en suspension sur l’air
Le temps ralentit
Vingt minutes, une heure, cinq heures, l’éternité
Le temps s’est arrêté comme dans une inspiration
Les voitures défilent à la vitesse de la lumière
Flou
Le sol de flamme berce
Finalement ma chair
3.
Les murs m’entourent, me serrent, m’enferment
Le plafond descend tranquillement
Il me menace, m’attaque
L’air fuit ma tombe
L’air prend ses jambes à son cou
Me laissant à mon sort
Plus l’air s’échappe
Plus les murs se rapprochent
Plus ma panique monte
Plus ma tête se comprime
Et le serpent se mord la queue
La roue tourne comme les murs
Les murs se rapprochent encore
Et encore, et encore, et encore
Jusqu’à ce que mon corps devienne
Mon unique refuge
Séparant la fin de l’espoir
La mort de ma vie.
Plus personne
Plus rien
Rien ne peut me sauver
De moi
De dieu
De dieu
4.
Le soir
Le noir
L’ombre
La pénombre
La peur
Les pleurs
Une frayeur
Une horreur
Qu’est-ce caché dans le noir ?
Qui se tapit le soir
Un clown, un meurtrier dans l’ombre
Sous la lune et sa pénombre
Mon regard se fige de peur
Et de mes yeux, coulent les pleurs.
Mon cœur subit la douleur de la frayeur
En fixant cette horreur.
JE MEURS.
JE MEURS.
5.
Pour le trip,
Je déboule les éternelles marches
Des catacombes de Paris.
Chaque marche le temps se fige.
L’obscurité envahit l’air
De ses grands bras effilés.
L’air, elle-même s’atrophie.
Comme sous l’océan, la pression
Me compresse la tête.
Mais nous sommes un groupe
Le plaisir prenait le dessus
Sur le glaçon qui me coulait dans le dos.
Nous sommes au niveau des enfers
Seule la torche nous éclaire
Les squelettes et les crânes s’enchaînent
Comme les coquillages d’une plage
Déserte.
Alors que l’odeur de mort imprègne mon nez
Mes poumons s’emplissent de liquide noir et de fumée.
Mon cœur s’obscurcit et se fige comme le temps
Je cligne des yeux et comme par magie
Je suis seul.
Perdu dans le labyrinthe de crânes
Je cours et je crie à cracher mes bronches
Personne, personne, personne.
6.
L’eau m’horrifie
Je ne peux prendre de bain
Je ne peux nager
J’ai peur de m’étouffer
J’ai peur de me noyer
Que l’eau me gorge
Que mon corps gonfle
Et que la vie m’abandonne
Qu’elle me laisse là avec l’eau
Qu’elle me pose un poisson
La vie est infidèle
Elle nous laisse au moindre détail
Je dois me battre pour ma vie
Mais ma vie part sans avis
Elle part comme si je ne l’intéresse pas
Et puis je cours après elle
Je ne veux pas qu’elle parte
Je lui attrape le bras
La retourne pour lui parler
Mais elle est déjà partie
C’est la mort que j’ai accostée
Et la mort me sourit
Elle ne me laissera pas tomber
Elle
7.
La peur est normale qu’ils disent
La peur est naturelle qu’ils disent
Comme l’air
Comme l’eau
Mais ont-ils déjà vécu la peur
La vraie peur
La peur qui monte telles des tentacules
Qui prend le contrôle de votre corps
Qui transit
Cette peur ne peut pas être naturelle
Elle vous englobe
Et vous crée des frissons
Et vous tourmente
Et vous fascine
Et vous crispe
Et vous tue
Un peu plus
Chaque seconde
La peur, la bête de la mort
Son chien de chasse
Son funèbre compagnon
Comment peut-elle être normale
Cette horrible réaction
8.
Un être laiteux au loin
Fixe et observe
Mais ne voit rien
Il a les yeux vides
De désertiques yeux contrastant avec son corps
Des yeux abyssaux, d’un noir d’onyx profond
Et sa peau de miroir
Son corps immobile fixe
Telle une poupée de porcelaine
Sur une table haute qui sans bouger
A toujours l’œil sur vous
Aucune ride ni aucun défaut
Sauf ses ongles noirs
Et la boue qui monte
Par à-coups jusqu’à ses genoux
Ses pieds sales et nus ont beaucoup voyagé
Et sa robe blanche, mille fois réparé
Elle a de longs cheveux noirs
Qui, plat comme des pâtes lui descendent jusqu’aux hanches
Et elle avançait inlassablement, pas après pas.
Puis on ne voit plus que ses canines
Qui nous arrachent sauvagement l’œil.
9.
Quoi de plus cauchemardesque
Que la forêt la nuit
Les hiboux hululent
Et la lune éclaire faiblement
Les nuages de mousse cachent le ciel
Je ne peux voir les racines de mon corps
Le sol boueux colle à mes bottes
Les branches me fouettent le visage tel un fléau d’armes
Et un frisson court sur mon corps
J’ai la sensation de doigts glissant tout le long de mon dos
La sensation d’une étrange présence m’observant
La sensation que mon monstre intérieur s’extériorise
Je ne vois qu’ombres noires et silhouettes blanches
Je cours à perdre haleine
Mon chemin se perd
Ma route s’efface
Cessez de me suivre
Je veux partir !
666.
La fin
À la fin
Plus rien
Le vide
Ni texte ni humanité
La vie est un gouffre que nous devons nourrir
Et à la fin
Le gouffre est montagne
Et la fin début
Une fois le thème épuisé
Tout ce qui nous reste est l’idée
Les idées, toutes les idées du monde
Pour ainsi recommencer
IL NE FAUT PAS AVOIR PEUR
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