1000 mots dans ta face ! suite poétique de Jade Duhamel Boisseau

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PRISON SUR DEUX PATTES

Femme emprisonnée

Prisonnière des mots,

Prisonnière de tabous,

Prisonnière de F-E-M-M-E

Prisonnière, prisonnière, prisonnière.

Fille, femme, mère, chienne, salope

Toujours derrière ces barreaux de vie

Barres de société patriarcale

Pouvoir d’homme

Pouvoir de gros bras, grande gueule

Petites nous sommes

Je suis petite

Nous sommes petites

Prisons ambulantes

Faites de poils et de chair

Faites sur deux pattes envolées

Nous exécutons

Fermons-la !

Enfants, sang, jupe, IMPUISSANTE.

 

JE LE SAIS QUE T’ES BELLE

DIT :

Je suis belle

Je suis belle

Je suis belle

RÉPÈTE

Je suis belle

Je suis belle

Je suis belle

Ta beauté est spectacle auquel mes yeux s’abandonnent

Ta confiance est une fleur qui devrait être pierre

Où tu ne laisseras entrer personne.

Alors répète : JE SUIS BELLE.

 

SOIS UN ROI

Regarde les lignes de ta main

Elles sont vivantes d’intentions morbides

Dansent sur son corps

Ses muscles frêles se serrent

Tu continues à valser sur sa chair

Tes bras forts comme sa haine

L’enlacent férocement mais maladroitement

Elle se tortille tels tes doigts crochus

Tu crois que vous êtes en harmonie

Que vous êtes telle la poésie

Elle croit que vous êtes en plein cauchemar

Qu’elle se bat contre la mort

L’attaque de la clarté, elle aimerait que

Ce bout de tunnel s’ouvre sur elle

Elle ouvre les yeux et tu es encore là.

Tu signifies le gouffre

Elle veut se désintégrer par la pesanteur de ton anatomie

Ses yeux dégoulinent d’innocence

Tu absorbes cette candeur de ton éponge mentale

Lui enlèves à tout jamais.

Vivra-t-elle ?

Elle mourra de l’intérieur

Ses pensées se faneront

Son cœur construira cette prison

Elle restera incarcérée d’elle-même.

Réalises-tu ?

Regarde les lignes de ta main

Ce qu’elles peuvent faire.

Ces lignes tu les diriges

Sois un roi

Ou un bon vivant

Pas vipérin

Valse gentiment sur sa chair gracile.

Si tu veux d’une reine

Sois un roi : quand elle dit non, c’est non.

 

SÉDUISANTE TROUILLARDE

Belle fille grande tu es

Ton cou séduisant attire plus d’une bouche

Délicatement découpées, tes lèvres sont entrouvertes

L’air qui en sort susurre une voix de sainte-nitouche

Tu crois pouvoir rester sous tes couvertures

Celles que tu gardes pour te protéger

Tel un doudou d’enfant

Tu ne peux pas t’en débarrasser

Celui qui y arrivera devra se sentir triomphant

Tu ne baisses jamais ta garde

Tu as peur que ton cœur devienne noir

Pauvre petite cafarde

Les autres te diront simplement sors tes mouchoirs

Cesse de pleurer

Cesse d’avoir peur

Essaie simplement d’aimer

Sors de ta cachette de chasseur

Cesse de te camoufler

Personne n’est mort !

 

TU N’ES PAS

Il était une fois

Tu n’es pas Cendrillon

Cesse d’appeler ta fée marraine

Cesse de faire ta princesse

Tu ne vis pas dans un conte de fée

Réalise que tu n’es qu’un papillon sans aile

Un avion sans pilote

Un oiseau sans plumes

Un ange sans auréole

Tu ne te rendras jamais au 7e ciel

Tu n’es que toi-même

Pas la Reine des Neiges

Encore moins le nombril du monde !

 

ASSUME-LE !

Mannequin, maigre, maquillage, manucure

M-M-M-M

Podium, potins, photos, poupées

P-P-P-P

Couture, Cardin, catin, casting

C-C-C-C

Garde tes formes

Fuck l’anorexie

Fuck les modèles de beautés

Fuck les préjugés

J’aime tes formes

T’es séduisante autrement sexy

ASSUME-LE !

Ressembler à ces planches

C’est se détester

ASSUME- LE !

Mange ta poutine

Pas obligée de te maquiller

ASSUME-LE !

Une femme

Pas un objet

Pas un animal

Pas une planche à dessin

Une F-E-M-M-E

ASSUME-LE !

 

TENTATIVE DE REPRÉSENTATION

Les mots ne viennent pas

Les mots ne sortent pas

Les mots forts ne sont pas

Je ne peux en choisir

Pour nous décrire

Nous sommes des poèmes à nous-mêmes

Je le dirai la cinq cent-cinquante-cinquième

Séduisante, flamboyante, insouciante

C’est si peu pour dire << fascinante >>

Notre sexe associé au rose

L’opposé qui lit morose

Parce que j’ai raison

Nous sommes comme la floraison

Donnons vie et signifions nouveau

Nous sommes ce qu’il y a de plus beau !!!

 

AVANT MÊME D’ÊTRE ICI…

Avant même d’être ici j’ai peur

Que rose soit ma couleur

Je ne suis même pas une vie

Crier est ce dont j’aurais envie

Mes coups que tu sens

Expriment bien mes sentiments

Colère, injustice, colère, injustice

Je veux que tu m’appelles << ton fils >>

Je veux m’imposer

Naître écouter

Je ne sortirai pas de ma douillette coquille

Je ne veux pas être une fille !

 

MIROIR VOYEUR

Les dits du miroir voyeur

<< Tu es l’horreur

Qui, malheureusement, ne meurt

Quand tu partiras, ce sera dans la terreur ?

Peut-être la fureur…

Cesse de regarder ta maigreur !

Je suis ton dénigreur.

Tu fais peur !

Tu ne porteras pas ce tailleur ?

T’es vraiment ailleurs.

T’as un regard mitrailleur

Tes bras déshabilleurs

Dénudent ton corps de roupilleur

Tu commences à crier en bégayeur

Tes pensées contrôlées sortent chamailleurs

Quand en finiras-tu avec tes yeux brailleurs

Et ta tête d’idées ferrailleur ? >>

Et les autres : << Allez, change d’humeur ! >>

Tu pourris comme les poumons d’un fumeur

Tu détruiras ce miroir voyeur.

 

FEMME-CHAUSSURE

Je reste là et j’attends

Je te laisse avancer

Je te regarde regarder d’autres regards

Tu es rigide tel le cuir

Je suis friable, je me désagrège, je suis poussière.

Tu me laisses là, j’attends.

Je suis ta vieille paire de chaussures

Au fond de ta penderie

Je reste seule à me détruire

Je voudrais avancer avec toi

Tu avances avec tes autres femmes-chaussures

Quand seront-elles aussi usées que moi?

Quand reviendrai-je à la mode?

Je voudrais redevenir ta femme-chaussure.

 

UNE POMME

Ma confiance est une pomme

Celle déjà croquée

Celle qui pourrit

Celle que nous ne désirons plus

Celle qui était jolie

Si fière tu es d’y avoir goûté

Mais gaspillée

Difficile est de se régénérer

Je devrais être nouvelle

Plus belle

Mais tu as tout gâché

Tout gaspillé

Ma confiance est…

Beaucoup moins goûteuse

Beaucoup moins attirante

Beaucoup moins colorée

Je suis cent mots.

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1 thought on “1000 mots dans ta face ! suite poétique de Jade Duhamel Boisseau”

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