Des sabots et des étincelles

Suivez-nousFacebookby featherSuivez-nous
PartagerFacebooktwitterpinterestlinkedintumblrby featherPartager

Amoureuse des chevaux et fille d’un éleveur de purs sangs célèbre, Syssira se demande souvent si sa vie ne pourrait pas être autrement. Vivant dans le ranch des Matthews au Texas depuis sa tendre jeunesse et également fille unique, elle devrait pourtant adorer son train de vie mais en vain. Grande, cheveux longs, bouclés et bruns, yeux marrons avec une petite tâche doré à l’intérieur, visage légèrement rond, quelques petits grains de beauté, petit nez fin, une belle jeune femme en effet. Vingt ans et déjà casée avec un homme à qui son père ne trouve aucun défaut et qui possède une richesse presque équivalente à celui-ci. Auparavant, à sa première rencontre avec Arthur, Syssira voyait en lui une bonté dépassant celle des autres hommes et son sourire l’empourprait chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui. Cinq années plus tard, elle ne cesse de se dire qu’elle se sent emprisonnée dans cette routine et qu’elle n’a plus ces papillons qu’elle avait avant. Elle semble croire que son père met tant de pression sur l’apparence de cette famille qu’il ne pense même pas une seule seconde que sa petite fille pourrait vouloir changé sa vie sur certains points. Et pour ce qui est de sa mère, elle est tellement envoûtée par le charme de son mari et par les exploits qu’il a réalisés jusqu’à maintenant, qu’elle croit que son travail de secrétaire doit pratiquement prendre toute la place dans sa vie afin que son mari soit fier d’elle.

Lors d’une journée fraîche d’automne, Syssira se promène à dos de cheval dans les bois, son activité favorite, celle qui lui permet de s’évader sans que personne ne vienne entraver ses pensées. Loin de toute surveillance, elle continue de s’éloigner et elle en a réellement besoin ce jour-là. Plus elle s’éloigne à travers ces immensités que sont les arbres, plus elle se sent suivie. Elle s’arrête. Elle observe autour d’elle. Elle descend de son cheval. Elle écoute attentivement chaque son que la forêt émet puis elle entend des crissements de pas dans les feuilles asséchées. Pourtant, personne. Soudain, son cheval se lève sur ses sabots arrières et commence à hennir en panique. L’homme sort finalement de sa cachette. C’est Herley Thompson, l’entraîneur que son père a engagé il y a presque un an. Elle ne lui a jamais vraiment adressé la parole bien qu’elle le trouve secrètement attirant. Vingt-six ans, grand, yeux pers, cheveux brun châtains, mâchoire carré, barbe fine, belle carrure, cet homme avait tout pour plaire en plus de son petit côté mystérieux. Il lui chuchote qu’il est désolé de leur avoir fait peur à elle et son cheval puis elle lui demande ce qu’il pouvait bien faire là.
–    Si je te le disais tu ne me croirais pas.

  • C’est n’importe quoi voyons pourquoi te prendrais-je pour un fou ?
  • Peu importe, bonne journée.

Suite à cette rencontre, plusieurs jours passèrent et elle y pensait constamment. Chaque jour, elle regardait par la fenêtre puis elle voyait Herley qui travaillait durement et sans relâche. Comment pouvait-elle oublier ses mots, comment pouvait-elle cesser de penser à ce qu’il faisait dans le fond de cette forêt. Elle se promit qu’elle allait le découvrir.

Le 13 Novembre 2016, par un temps frisquet, Syssira alla à l’orée de la forêt.
– C’est maintenant ou jamais, se dit-elle.

Chaque jour, depuis maintenant un mois, elle s’acharnait à suivre Herley dans la forêt, mais ce n’était jamais bien concluant. Soit elle le perdait de vue en cours de route, soit elle se faisait vite remarquer et devait inventer une excuse valable. Mais aujourd’hui, elle le sentait, c’était le bon jour. Elle allait enfin découvrir ce secret tant convoité.

Plus elle avançait, plus elle s’éloignait, plus elle se questionnait. Que va-t-il se passer lorsqu’elle découvrira ce qu’il cache ? Comment va-t-elle réagir ? Était-ce si fou que ça? Et puis, en seulement quelques secondes, elle se retrouva face-à-face avec la jument de Herley.

  • Ne fais surtout pas de bruit, chut, lui dit-elle.
  • Que fais-tu là ?

Elle se retourna puis elle vit Herley adossé à un arbre.

  • Je, je, bredouilla-t-elle.
  • D’accord, je sais, tu veux voir ce que je cache depuis tout ce temps.
  • Hum non pourquoi penses-tu cela ?
  • Parce que cela fait des semaines que tu me suis chaque jour et chaque soir afin de découvrir ce que je fais dans le fond de cette forêt. Je crois qu’il est maintenant temps que tu le vois. Tu es maintenant prête.

Il l’entraîna avec lui dans cet immensité de feuillages. Elle se questionnait encore et toujours, jusqu’à ce qu’ils y arrivèrent enfin, selon lui. Puisque, selon elle, ce n’était qu’un tas de branches et d’arbustes entassés.

  • Mais il est fou? Il n’y a rien là, ce ne sont que des petits arbres et des branches rien de plus! pensa-t-elle.

Puis il tapota deux ou trois coups sur une brindille, un coup sur une feuille de chêne étalée par terre, puis prononça tout bas quelques mots qu’elle ne sut entendre.  Puis, en un quart de seconde, les branches ainsi que les feuilles s’ouvrirent pour laisser place à une porte mystérieuse.  Une porte brune, datant probablement de quelques siècles, et surtout, immense.

  • Si tes désirs sont de bonne foi, elle s’ouvrira à toi, lui dit-il en lui faisant un clin d’œil.
  • Mais comment ?
  • Syssira, tu es bien différente de ta famille. Cela fait maintenant un an que je t’observe et je me demande souvent pourquoi tu restes toujours seule. Pourquoi restes-tu avec cet homme, Arthur, que tu n’as pas l’air d’apprécier autant que tu le voudrais. Tu n’es pas comme eux, Syssira. Tu adores les chevaux de toute ton âme, tu regardes la nature avec fascination, et surtout…
  • Je ne vis pas que pour l’argent et pour l’apparence.

Et puis à ce moment même, la porte s’ouvrit. Elle s’ouvrit pour laisser place à une merveilleuse découverte. Des étincelles jaillissaient et brillaient de mille feux. Maintenant Syssira comprenait, elle comprenait pourquoi la porte s’était ouverte lorsqu’elle avait prononcé ces mots. Elle avait découvert un monde fascinant, un monde où tout était encore plus vivant que nature. Les chevaux ne faisaient pas que galoper, ils parlaient également. Les arbres dansaient et les fleurs chantaient. Le soleil souriait le jour et s’endormait la nuit pour laisser place à sa sœur la lune. Les insectes faisaientt la fête et les animaux riaient de joie. Les elfes construisaient des petites maisons et se promènaient en fredonnant des chansons joyeuses. Un monde où tout le monde était heureux avec un rien. Tous saluèrent Syssira. Elle se sentait libre, bien et surtout heureuse d’être là.

  • Comment as-tu découvert tout cela dis-moi ?
  • Mon père, notre famille, était très pauvre et nous travaillions très fort pour avoir ce dont nous avions besoin pour survivre chaque jour. Mais malgré tout cela, on était heureux. Un jour, alors qu’il était très malade, il m’a confié un secret. Il m’a dit que même s’il n’avait rien à me donner en héritage avant sa mort, je méritais de savoir qu’il y avait un monde encore plus juste et plus heureux que le nôtre et qu’il se trouvait dans un certain ranch au Texas, à seulement une heure de chez moi. C’était le vôtre évidemment. Suite à sa mort, j’ai tout fait pour me rendre chez vous puis j’ai proposé mon aide à ton père et lorsque j’ai fait mes preuves, il m’a engagé. Un mois ensuite, je suis parti à la recherche de ce fameux monde caché. Puis un soir, il s’est montré à moi, mon père m’avait guidé.

 

  • C’est très touchant Herley, jamais je n’aurais imaginé tout cela. C’est merveilleux, je passerais facilement ma vie ici. Tout est si simple à l’intérieur de cette porte. Aucune créature ne se soucie de l’apparence des autres, tout le monde s’apprécie et s’aide dans tout ce qu’il fait.

 

  • Je ne te demande pas de changer ta routine ou de changer ta façon d’être Syssira, mais je pense que tout cela se rapproche plus de ta façon de penser…

 

Les jours passèrent ensuite et Syssira ne cessait de se rendre à cette porte chaque soir. Elle voulait plus que tout que sa vie change. Elle avait expliqué à Arthur qu’ils ne se ressemblaient plus et qu’il était temps pour eux de mettre un terme à leur relation. Il ne l’a aucunement mal pris. Il lui a même avoué que c’était plus pour ce que son père lui apportait qu’il était resté là tout ce temps. Choquée de cela, elle avoua tout à son père puis il le vira. Après que la poussière soit retombée et que son père ait avalé la nouvelle, elle décida de l’emmener lui et sa mère dans la forêt. Suite à un lot de questionnements de leur part, ils arrivèrent à l’entrée de la porte. Herley les attendait. Elle leur expliqua tout et leur avoua tout ce qu’elle avait sur le cœur depuis qu’ils habitaient à cet endroit. Pensant qu’ils ne comprendraient pas, elle se retourna vers Herley, puis ce dernier sourit. Se demandant pourquoi, elle se retourna vers ses parents et comprit aussi vite qu’ils savaient tout. Ils lui expliquèrent qu’ils voulaient une vie normale pour leur fille et qu’ils savaient à la minute où elle était venue au monde, qu’elle n’allait pas être une fille ordinaire comme les autres. Ils voulaient que Syssira se crée sa propre histoire. Ils savaient très bien qu’elle allait tout découvrir un jour. Elle sut également que son père se foutait bien de sa richesse et tout ce qu’il voulait, c’était que sa petite fille soit heureuse.

Toute heureuse, Syssira continua d’aller dans ce monde, accompagnée de ses parents et de son nouvel amoureux. Elle savait maintenant que sa vie avait changé, et qu’elle ne pouvait rêver mieux.

 

 

 

Suivez-nousFacebookby featherSuivez-nous
PartagerFacebooktwitterpinterestlinkedintumblrby featherPartager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *