L’Ange Gabriel…

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Les vautours tournent dans le ciel, faisant d’éternels cercle au-dessus d’une charogne. Mais ils ne s’approchent pas car ils savent ce qu’elle renferme. Un homme y avait élu domicile pour la nuit afin d’échapper aux étreintes glacées de la nuit. Le corps desséché de la bête se met à remuer et l’homme en sort, couvert de sang. Il est grand et mince, il avait dû se recroqueviller pour entrer dans l’animal. Il est nu, son corps couvert de cicatrices, de brûlures et de marques qui lui rappellent chaque matin toutes les épreuves qu’il a traversées pour faire fortune. Il a un nez sans fin et des yeux tels de petit puits sans fond. Il s’agenouille et sort ses vêtements de son sac rapiécé.

Il enfile ses pantalons en denim, noir de saleté et sa chemise dont il a oublié la couleur d’origine. Puis vient le moment de mettre ses bottes. Il commence par mettre délicatement ses bas troués comme des passoires et il laisse échapper un grognement en enfilant un bas sur son pied droit. Il y a trois jours, en cherchant des pépites dans un rivière, il s’était coupé sur un pierre angulaire. Il avait pensé la plait de son mieux mais le village le plus proche se trouvait à cinq jours de distance à dos de cheval et il n’avait d’autres choix que de continuer. Il met finalement ses bottes en retenant un hurlement et il se relève en boitant. Il met sa ceinture et son holster en vérifiant que son fidèle Colt Walker soit bien en place. Il regarde au fond de son sac et observe ses cinq derniers morceaux de bœuf séché et son trésor. Car avant de se couper, il avait trouvé une immense pépite d’or, la plus grosse qu’il n’ait jamais vu. Elle devait peser près de deux kilos et elle devrait lui permettre de mettre pied à terre pour un moment. Ou du moins lui permettre d’acheter un nouveau cheval et quelques bouteilles de whisky dans la prochaine ville, comme il le faisait à chaque fois.

– Je dois penser à me faire soigner, dit-il, et une nuit dans le bordel de la ville ne me ferait pas de tort non plus.

Il avait l’habitude de se parler seul. Depuis son enfance orpheline dans un monastère, personne n’osait s’approcher de lui à cause de son physique. Il est albinos. Sa peau de givre, ses yeux de sang et ses cheveux albâtre avaient toujours terrifiés les gens mais c’est tant mieux pour lui car il n’a jamais aimé les autres, il les trouve trop différents pour être avec eux. La situation est la même avec les femmes, mais quand il ressent le désir de la chair, il n’y a rien que l’argent ne puisse acheter, même pour quelqu’un comme lui. Il lance un dernier regard compatissant à son cheval, le seul véritable ami qu’il n’ait jamais connu, le seul qui ne le jugeait pas.

– Pardonne-moi George mais je n’avais pas le choix de t’abattre si je voulais passer la nuit à cause de ce froid, il jette un regard vers le ciel, et maintenant tu vas être utile à d’autres, même dans la mort.

Il pense à dépecer son compagnon mais il connait un autre chemin plus court et il sait que dans quelques heures il atteindra les collines et qu’il y trouvera des grottes pour s’abriter et des buissons secs pour faire un feu. De plus, autant la nuit est froide que la journée est chaude. Il place ses longs cheveux en arrière, met son chapeau, passe son sac par-dessus son épaule et avance sans un regard en arrière, boitant comme un animal blessé.

Après avoir marché quelques heures, il décide de s’asseoir en haut d’une colline et de manger l’un de ses précieux morceaux de bœuf. Pendant qu’il mastique avec difficulté la viande qui ressemble de plus en plus à du cuir a chaque jour qui passe, il remarque quelque chose au loin. De sa position, il voit des sortes de cercle fait de pierres. Le plus grand doit faire près de cinquante mètres de diamètre puis à l’intérieur de celui-ci, à tous les deux mètres, se trouvent d’autres cercles de plus en plus petits jusqu’à atteindre un monolithe au centre. Entre chaque cercle, il voit des sortes de bâtons et il se demande de quoi ils s’agissent, il décide de s’en approcher et d’aller voir ce que c’est.

À une douzaine de mètres du plus grand cercle, il reconnait les bâtons, sort son arme de son étui et arme le chien. Car ce ne sont pas des bâtons, mais des effigies. Leurs formes rappellent un capteur de rêves à l’envers posé sur une tige avec un crâne d’animal sur le dessus. Il se souvient alors qu’il vient d’entrer sur le territoire d’une petite tribu amérindiens, dans le cimetière d’une tribu dont l’on parle dans tous les saloons et qui terrifie tous les gens des environs par sa brutalité.

– Espèces d’imbécile ! siffle-t-il entre ses dents.

Dans sa hâte, il avait oublié que ces collines sont no man’s land et qu’aucune personne avec une once de raison ne passerait par là. Les histoires qu’il a entendu sur les gens qui se perdent ici sont terrifiantes, horribles voir même impensables. Soudainement, il entend un coup de feu et il sautille aussi rapidement que lui permet sa jambe pour aller se cacher derrière un rocher en étouffant des cris de douleur du mieux qu’il le peut. Il entend ensuite un hurlement d’agonie suivie des cris de peur venant d’une femme. Puis la femme en question fait son apparition, sortant d’une crevasse, couverte de sang qui n’est pas le sien et vêtu de vêtements somptueux en partie déchirés. Malgré cela, elle est la plus belle chose qu’il n’ait jamais vu, encore plus que la pépite chérie à l’intérieur de son sac et pour une seule raison. Elle est comme lui. Elle a de magnifiques cheveux d’écume qui descendent tel une cascade sur ses épaules et sa peau de chantilly lui donne envie de l’embrasser de toute part.

Elle trébuche sur le crâne d’un malheureux qui s’est égaré ici par le passé et s’affale sur le sol. Puis, un aborigène fait son arrivé par le même chemin que la femme en poussant des hululements horrifiques et inhumains. Dans sa stupeur, l’albinos sort la tête et il croise le regard de l’imminente victime. Il rencontre ses yeux de coucher de soleil et il comprend qu’il doit absolument faire tout ce qu’il peut pour la sauver. Il sait qu’il ne rencontrera peut-être jamais plus une personne qui pourrait comprendre ce qu’il a ressentie toute sa vie.

Il lève le bras, son revolver toujours en main, et il vise l’autochtone. Il appui sur la gâchette et le .44 fait feu. Un éclair sort du canon et la balle atteint le sauvage sous son œil gauche. Son visage s’affaisse, son crâne explose et une fontaine écarlate jaillit de sa tête. Son corps inerte tombe par terre, sans vie, à quelque pas de la femme.

Le sauveur invraisemblable sort de sa cachette et se dirige vers la femme. Plus il se rapproche et plus il remarque à quel point il la trouve jolie, belle, magnifique, en un mot, parfaite. Il observe sont doux visage d’angelot et ses yeux, ses demi-lunes qui scrutent au plus profond de son être. Il arrive à ses coté et s’agenouille près d’elle. Il a la gorge fait de sel, il doit puiser au plus profond de son être pour réussir à avaler et parler.

– Est-ce que vous êtes blessé ? demande-t-il.

– Non, elle pleure à chaude larmes, mais mon père lui…

– Je suis désolé.

– Il m’a dit de fuir alors c’est ce que j’ai fait. Je l’ai abandonné à ces monstres !

– Ne criez pas, dit-il en regardant autour de lui, il doit y en avoir d’autres près d’ici. Nous devons quittés leur territoire le plus vite possible. Votre père ne doit pas être mort en vain.

– Vous avez raison, elle s’essuie le visage avec ce qui reste de sa manche mais elle continue de sangloter. Je m’appelle Ismérie et vous ?

Un hululement se fait ressentir au loin.

– Nous n’avons pas le temps pour ça, dit-il d’une voix inquiète, venez.

Il l’aide à se relever et ils partent d’où il est venu et, après un temps, partent vers la ville la plus proche, à l’est. Au début ils progressent d’un bon pas mais lorsque l’adrénaline cesse de faire sentir ses effets, ils ralentissent à un rythme alarmant. Son pied le fait souffrir plus que jamais et Ismérie doit commencer à l’aider à marcher.

– Satané plaie, crache-t-il entre deux souffles, ils vont nous rattraper avant le soir si nous continuons à ce rythme.

Elle le regarde d’un air inquiet.

– Ne pourrions-nous pas nous cacher ? demande-t-elle avec peu d’espoir.

– Non, ils connaissent ces collines mieux que quiconque. Si nous voulons avoir une chance, nous devons dépasser le ruisseau qui se trouve plus loin derrière ces collines. Nous avons encore près de deux kilomètres à parcourir avant d’atteindre ce ruisseau. Après ils nous restent environ dix kilomètres jusqu’à la prochaine ville mais une fois dépasser le cours d’eau nous serons en sécurité. Nous serons sortis de leurs territoire.

Ils continuent quelque temps avec grand peine et ils aperçoivent enfin le cour d’eau salvateur, leur seule échappatoire. Mais, au même moment, ils entendent de nouveau le hululement tant redouté. Mais cette fois, un autre lui répond. Puis un autre et encore un autre, ils s’envoient des signaux de chasse. Ils sont tout près, ils seront sur eux d’un moment à l’autre. L’homme s’arrête et la regarde, l’observe. Il lui tend son sac.

– Vous devez continuer seul, je ne peux que vous ralentir. Je vais tenter de les retenir et de gagner du temps.

– Mais, répond-elle, nous sommes si près du but.

– Avec ma blessure,            nous n’aurons jamais le temps d’atteindre la sécurité avant qu’ils ne nous rattrapent.

– Mais…

– Dépêchez-vous et garder ce sac, il y a à l’intérieur une petite fortune et ça pourrait vous être utile quand vous arriverez au village.

– Pourquoi avoir fait tout cela pour moi ? Vous auriez pu passer votre chemin et survivre.

– Lorsque je vous aie vue, vous m’avez fait réaliser que je n’étais pas seule, que d’autres soufrent de cette malédiction qui nous donne une apparence de cadavres. J’ai compris en voyant vos yeux, en croisant votre regard, que je devais vous sauver pour me pardonner à moi-même. Pour me pardonner d’avoir écouté et d’avoir cru tous ceux qui m’ont fait du mal. Je suis tombé en amour avec vous du moment que je vous aie vue et, avec ma plaie qui est fort probablement infectée, je suis sûr de mourir. Alors la seule chose que je veux faire avant de partir c’est vous sauver, aider quelqu’un pour une fois dans ma vie et savoir que je pouvais faire le bien même si toute ma vie on m’a comparé à un démon. Je veux prouver à toutes ces personnes qu’ils avaient tort. Alors tout ce que je vous demande en retour, c’est de dire ce que j’ai fait et montrer aux gens que je pouvais être bon.

– Je vais le faire mais pour cela je dois connaitre votre nom. Je viens d’une famille importante et bien vue, les gens écouterons votre histoire.

– Gabriel.

Il part vers les cris d’un pas décidé, son arme en main. Ismérie part vers le cours d’eau en courant. Elle ne se retourne pas mais elle n’a qu’une chose en tête, l’homme qui lui a sauvé la vie.

Elle ne reverra jamais son sauveur et elle abandonna rapidement tout espoir qu’il revienne. Mais toute sa vie elle raconta son histoire et dans tout l’ouest américain on écouta l’histoire du vagabond pâle qui sauva une jeune fille riche d’une mort certaine. Après des décennies, on dit de cet homme qu’il était un miracle, un ange venu du ciel et la plupart arrêtèrent de croire à son histoire. Mais ceux qui y croient toujours ont un nom bien précis pour cet homme. Ils l’appellent l’ange Gabriel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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