« Polytechnique » le film qui nous rappelle de ne pas oublier

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« Polytechnique » est un film québécois sorti en 2009 écrit et dirigé par Denis Villeneuve. Ce film illustre la tragédie qui a eu lieu le 6 décembre 1989 dans l’école Polytechnique à Montréal lorsqu’un jeune homme a assassiné 14 femmes avant de se suicider. Le tueur, Marc Lépine, revendiquait que ses actions étaient politiques et qu’il souhaitait combattre les féministes. C’est dans cette idée qu’il s’attaqua aux étudiantes en ingénierie qu’il considérait comme féministes.

Le film suit donc l’histoire de Valérie et Stéphanie, deux étudiantes en ingénierie à la Polytechnique de Montréal qui vivent leur vie normalement avec leur ami Jean-François qui est de la même classe. En parallèle, le personnage de Marc Lépine est montré préparant son plan et c’est lorsque ces deux intrigues se rejoignent que l’action commence.

La réalisation du film est impeccable. Denis Villeneuve, qui a récemment été acclamé pour son nouveau film « Blade Runner 2049 », démontre que son talent ne date pas d’hier. Les angles de caméra et les longs plans fixes rendent l’atmosphère du film aussi tendue et pesante qu’une vraie scène de tuerie. Dans la deuxième partie du film, presqu’aucun mot n’est échangé entre les personnages, seulement le silence inquiétant et la peur de la mort restent. Ce film est quelque chose de délicat. Ce n’est pas un énième film du suspense à l’américaine, c’est une représentation d’un évènement horrible et réel qui a chamboulé le pays et il devait être fait avec sérieux et subtilité, ce qui a été fait.

La fidélité de l’œuvre par rapport aux fait est aussi à dénoter. Plusieurs éléments du film sont directement pris de témoignages et d’écrits réels, ce n’est donc que très peu romancé. Par exemple, au début du film, Marc Lépine lit sa lettre de suicide et bien que la plupart penseront que c’est un ajout pour donner une dimension réelle au personnage, elle est en fait mot pour mot, la même lettre qu’il portait sur lui lors de son suicide. Ce détail est en même temps très intéressant et très effrayant, car constater à quel point la réalité peut être proche de la fiction est terrifiant parfois. Mais il était primordial de l’inclure dans le film, aussi choquant qu’il soit, pour montrer que Marc Lépine n’est pas seulement un tueur malade mental incompréhensible tout en n’excusant pas ses actes, c’était la meilleure façon de procéder et l’auteur devrait être félicité pour ce choix. Il y a également une scène où Marc Lépine s’adresse aux étudiantes qu’il a pris en otage et le discours qu’il prononce pour leur expliquer ses raisons est exactement le même qui a pu être rapporté par des témoignages des survivants. C’est un autre détail qui est aussi terrifiant que nécessaire.

Par contre, c’est dans son écriture que le film a le plus de défauts. Le scénario a dû être la partie la plus épineuse dans la création de l’œuvre puisque d’une part, l’histoire est déjà toute écrite, mais de l’autre, il faut également tout adapter cela en film et il faut respecter certains codes pour bien se faire comprendre des spectateurs. Malheureusement, son adaptation n’est pas des plus fluides. L’exemple le plus flagrant de cela est le personnage de Jean-François, l’ami de Valérie et Stéphanie, les personnages principales. Il est présent dans l’intrique pour montrer ce que les proches des victimes ainsi que les témoins du massacre ont vécu, alors sa présence est utile, mais son histoire personnelle et la résolution de celles-ci étaient brusques, tape-à-l’œil et très mal amenées. Les personnages autres que Marc Lépine étaient très peu travaillés et ne servaient qu’à être des victimes à pleurer, mais le film aurait eu tellement plus d’impact s’il avait décidé de mieux les développer et d’en faire de vrais personnages.

Les valeurs féministes à outrance n’étaient pas vraiment les bienvenues non plus. Il est très compréhensible qu’en vue du sujet traité, il y ait eu une intention de rassurer et, dans un sens, contre-attaquer ses actes odieux faits contre les femmes. Mais beaucoup d’éléments semblaient forcés et ils manquaient de subtilité. Par exemple, le personnage de Valérie avait beaucoup de difficulté à obtenir le travail qu’elle voulait, car elle est une femme et le dirigeant de la compagnie craignait qu’elle abandonne tout en cours de route pour avoir des enfants. Cette intrigue était inutile et n’a même pas servi à approfondir le personnage. Elle était présente seulement pour renforcer le message du film qui est contre le sexisme, mais ce film n’avait aucune raison d’être cela et était très bon tel qu’il était, un simple exemple de ce qui peut arriver.

Pour conclure, ce film était excellent. Il est très réaliste, très angoissant et très intéressant moralement. Mais il n’est certainement pas fait pour une soirée cinéma en famille et tout le monde ne va certainement pas l’apprécier. Il est dur, cru et pire que tout, basé sur des évènements qui se sont réellement produits et qui pourraient se reproduire. Malgré ses défauts, c’est une expérience à vivre au moins une fois pour se rappeler de ne jamais oublier.

Maya L.W.

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