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Sur le dos, l’asphalte brûlante crame ma peau de neige. Ma vision se floute dans les angles de mes yeux. J’observe, au loin dans le ciel, un avion voguant sur le ciel comme un bateau sur l’océan. Ma petite sœur, Zoé, s’approche de moi et entre dans ma vision réduite.
- Ça va ? Tu n’as rien ? dit Zoé.
- Oui, oui, juste un peu sonnée, dis-je.
Elle me tend une main de porcelaine et je me lève par moi-même alors que mes oreilles vrombissent et que ma tête me tourmente. Enfin debout, ma vision se rétablit à la vitesse du sablier et est de retour une fois mon équilibre revenu.
- J’espère vraiment que la voiture ne t’a pas endommagé quelque chose, Théo, dit Zoé.
- Inquiète-toi pas. Je suis vivant, dis-je en arborant un sourire chaleureux.
Je ramène ainsi ma sœur à la maison. En poussant la porte de ma chambre, un mal frappe à la porte de mon front. La couleur de ma chambre change de seconde en seconde. Le rouge, le vert, le bleu, le mauve, le brun, le jaune s’enchaînent et se mélangent. Un démon apparait devant moi et me fixe un long moment : des yeux rouge sang, un long manteau brun, des griffes noires dégoulinantes d’encre et un corps en forme d’éclair. Tout devient noir et mes genoux deviennent gras et flasques. Je me réveille plus tard, alors que mes parents m’appellent pour souper. Mes yeux s’ouvrent et une voix sifflant des paroles incompréhensibles résonne. Je me lève une nouvelle fois aujourd’hui et je me rends à la table pour manger. Je suis perturbé par des flashs d’images d’horreur. Je partage avec ma famille cette étrangeté qui m’afflige et 15 minutes plus tard je suis à l’urgence avec mon père. Rien n’est trouvé par le médecin. L’accident cause certainement ces illusions. Cela se rétablirait sous peu selon le médecin. Alors je reviens chez moi et je m’allonge sur mon lit. Je me relève et m’assois sur mon lit. Le démon réapparaît devant moi. Je sursaute.
- Bonne soirée, jeune pousse d’herbe, dit-il.
- Mais, qui êtes-vous ? dis-je.
- Je serais ton guide, dit-il.
- Guide de quoi ? dis-je.
- Guide des pensés qui te submergent, guide du monde qui t’entoure, maitre des illusions de la pensée, répond-il.
Je l’écoute me raconter son histoire. Il me dit qu’il est le fruit de mon esprit et qu’il m’aide à comprendre celui-ci, à le maîtriser. Il me demande de me concentrer et de penser à quelque chose que je voudrais faire apparaître. Je m’exécute et, effectivement, une peluche apparaît devant moi. Je la prends et elle se dissout tel du sel dans l’eau. L’être devant moi m’explique que je peux maintenant faire apparaître ce que je veux autour de moi. Il me dit qu’en regardant une personne à la fois je peux la faire entrer dans mon monde d’illusions. Je ne le crois pas bien sûr. Je suis persuadé que ce n’est qu’un mirage dans la tempête de sable qu’a causée mon accident. La créature étrange se tenant devant moi me persuade tout de même d’essayer avec mes parents ou ma sœur. Je descends alors au salon. Ma sœur assise à l’envers sur le divan à une place et mes parents, sur le divan à trois places. Depuis l’escalier, je remarque la table basse près de ma mère. Elle est vide. Je me concentre alors sur celle-ci et un verre d’eau apparaît comme la dernière fois. Son aspect réaliste me sidère. J’aurais envie d’en prendre une gorgée. Je regarde alors ma mère comme me l’a appris l’être de ma chambre. Je remarque alors après quelques minutes qu’elle tourne la tête et aperçoit le verre. Elle tend le bras comme pour l’agripper, mais celui-ci disparaît au moment où ses doigts effleurent le rebord de vitre. Elle est surprise et se retourne. J’ai tellement peur que je monte en courant les marches en croyant m’être fait repérer. J’attends en haut et j’entends faiblement la voix de la racine de ma vie.
- Martin ! Le verre que je viens de prendre. Tu l’as vue ? Il vient de disparaitre, dit-elle perplexe.
- Mais non. Tu dois simplement être fatigué, Jacqueline. Il n’y a pas de verre sur cette table, répond-il.
- Je vois que plus personne ne me croit dans cette maison ! Je vais aller me coucher alors, dit-elle en se levant.
- Mais attends ! répond Martin en suivant sa femme.
L’être réapparait derrière moi et me dit, sourire aux lèvres, «satisfait de cet exemple ?». Sur cela, je pars me coucher. Le lendemain, je me lève tôt pour aller au cégep. J’ai une grande quantité de travaux à faire pour mes cours. Je suis en art visuel à Trois-Rivières et les cours sollicitent beaucoup d’énergie. Arrivé dans mon cours, mon ami Charles vient me parler. On se connait depuis la maternelle et le dessin nous lie d’amitié depuis. Je travaille aujourd’hui sur un projet final que je dois remettre dans quelques jours. Par la suite, en revenant chez moi, je m’amuse à essayer mon pouvoir sur les passants pour en voir l’étendue. En tournant le coin d’une rue, je remarque deux jeunes du secondaire qui frappent un autre enfant plus petit. Ce dernier porte des lunettes rectangulaires noires et une zébrure fend celles-ci de part en part. Ces cheveux bruns courts tombent sur son visage et sa lèvre fendue saigne très peu. Il est couché sur le sol et me regarde alors que les deux autres s’amusent à lui transmettre la violence par les pieds.
Je m’approche dans le but de m’interposer. Un des deux plus vieux se retourne vers moi avec un couteau long comme un bâtiment de douze étages et me menace d’un ton provocateur.
- Qu’est-ce que t’as? Tu vois pas qu’on est occupé ? dit le caïd.
À cette menace, mon cœur crie comme une fillette dans ma poitrine et je me dépêche à accélérer le pas vers la prochaine rue. En marchant, je me trouve lâche, mais qu’aurais-je pu faire ? Ils sont deux avec un long couteau et moi seuls avec des illusions qui ne touchent qu’une personne à la fois. Je ne suis pas de taille, c’est certain. Je finis par me convaincre moi-même de mon innocence juste avant de me coucher. Le lendemain, le karma m’attrape par le collet et me jette par la fenêtre. On m’appelle sur mon cellulaire. Je dîne et ma mère m’interpelle par la ligne pour me détruire. Elle pleure si fort que son argot devient incompréhensible. Je saisis finalement que des policiers sont chez moi. Ma petite sœur de 12 ans a été enlevée. Deux hommes en costume-cravate ont été aperçus auprès d’elle dans la cour et elle n’en est pas revenue. Je suis désarçonnée. Je suis détruit. J’ai peur. J’ai peur. Que vais-je faire? Dans cet état, je retourne chez moi. Je suis informé de tout une fois rentré et je pleure tout ce qu’il me reste. Dans ma chambre, l’être apparaît.
– Que vas-tu faire ? dit le guide.
– Je vais laisser les policiers faire leur travail. C’est leur job de s’occuper de ça.
– Mais tu as un avantage sur eux, répond le guide.
Je ne sais plus quoi faire. Je pars donc marcher dans le centre-ville de Trois-Rivières. Je me dis que je ne peux pas réussir à trouver ma sœur. Je devrais trouver la bonne personne à interroger et réussir à l’interroger seul à seul pour connaitre l’emplacement de ma sœur. Ce serait trop compliqué. À ce moment-là, je passe devant un magasin d’Halloween. Je m’arrête et j’entre sans me demander pourquoi. Les habits, le maquillage et les décorations s’enchaînent comme sur une chaîne de montage. Je zigzague dans cette suite de couleurs. Puis, tout stoppe. Je regarde pour la première fois autour de moi et remarque quelque chose. Seule, séparée du reste, une cape est accrochée. Des bottes et un masque sont déposés au sol en dessous. Tout cela est mal placé comme lancé sans aucune attention dans le coin de la pièce. À ce moment, j’ai une lumière qui s’allume en moi comme si j’avais trouvé le sens de ma vie. Je prends ce déguisement et l’achète. Je l’essaye une fois à l’extérieur et il me fait comme un gant. J’ai décidé d’affronter la peur en moi et de sauver ma sœur malgré tout.
Je marche dans les rues affublé de mon costume. Les passants me prennent pour un fou, mais cela me rend plutôt indifférent. Je suis finalement déterminé. Je continue de me promener dans les ruelles toute la journée en me servant de mon pouvoir pour interroger les personnes que je croise. Je change mon apparence pour ressembler à un ami de la personne que j’interroge. J’ai très peu d’informations la première journée, mais j’apprends dans quelle région je dois chercher. Je retourne un peu déçu chez moi. J’imagine ce qu’il peut être arrivé à ma sœur. La prostitution, la torture d’être enfermée dans une pièce pour être vendue à l’étranger. Cela m’horripile, cela me donne des frissons tout le long du dos. J’arrive dans ma chambre et m’assieds sur le lit. Je me dis que je vais chercher sur internet pour trouver des informations sur l’enlèvement d’enfants. Le guide se matérialise avec son long costume sali par la boue. Il me regarde avec ses grands yeux et son nez à la Cyrano de Bergerac.
- Ça fait longtemps que tu n’es pas apparu, dis-je.
- Ça fait longtemps que tu n’es pas venu dans ta chambre, répond-il.
- Je te rappelle que je ne peux pas quitter ta chambre puisque ton inconscient ne m’associe qu’avec celle-ci, raconte-t-il à nouveau sur un ton rieur.
À ce moment, le plafond s’écrase d’un coup et l’univers se tourne de bord. Mes yeux se couvrent de bleu et des lignes rouges passent comme des lasers au travers de mon champ de vision. L’univers, après s’être fracturé, se reconstruit dans un tourbillon. Au loin, une ligne blanche délimite l’horizon. Le ciel et le sol sont tout les deux d’un même bleu royal. Une ondulation se projette sous mes pieds et ceux de mon guide.
- Qu’est-ce encore ? dis-je.
- Une zone d’entrainement dans ton esprit. Je vais t’aider à trouver ta sœur grâce aux pouvoirs de ton esprit, me répond-il.
J’ai l’impression d’être dans cet environnement vide depuis des années. Je suis assis en indien et je me concentre sur ma sœur. J’entends la voix du guide au bord de mon oreille. Il chuchote des mots doux qui m’apaisent avec une voix grave et monotone. Les mots dansent et des images s’y associent. J’ouvre les yeux et je suis à nouveau dans ma chambre. Je sens le souffle chaud derrière moi du guide.
- Tu peux maintenant trouver ta sœur, me dit-il.
En me levant, je tombe sur mon lit et m’endors instantanément. Il est déjà tard quand j’ai commencé ma méditation. Le lendemain, je me sens refait. Je me lève et prends mes vêtements.
- Tu es rapide sur tes patins, j’aime ça. Ça montre ta détermination, dit le guide.
- J’ai bien l’intention de sauver ma sœur aujourd’hui, dis-je en guise de réponse.
Je pars en 18e vitesse en prenant une rôtie que ma mère me sert. Ma mère, encore sous l’angoisse de la perte de sa fille, est confuse de me voir partir aussi vite pour l’école. Mais je ne pars pas pour l’école. Deux maisons plus loin, j’enfile mon costume et j’arpente les ruelles sombres là où les indices de la veille me mènent. J’entre dans une ruelle, je m’effondre sur le sol. Assis sur le ciment d’une allée, un ours sur le dos d’une licorne me fait face.
- On vient te montrer le chemin, dit l’ours d’une voix rauque tel un grognement.
- Et qui êtes-vous ? dis-je d’un ton surpris et effrayer à la fois.
- Nous sommes le fruit de ta méditation. Nous sommes l’aide que le guide t’envoie, répond l’ours.
- Cet entrainement sert à ça ? dis-je.
Je suis tout de même ces créations de mon esprit en me disant que cela ne peut pas être mauvais. Je marche depuis au moins un millier d’heures. Immeuble après immeuble, tous se ressemblent. Je me croirais à nouveau dans le magasin d’Halloween. Des formes floues bougent sur les murs de brique. Les créatures, qui me précèdent, s’arrêtent net devant moi. J’entends des voix s’élever. Je m’approche de l’épaule de la licorne. Au coin d’un immeuble, deux hommes parlent ensemble nonchalamment.
- Le boss t’y as fait l’envoyer où la petite ? dit l’un des deux hommes.
- Est dans une maison close su’ François Duclos. A se fait montrer l’métier, répond l’autre d’un air rieur.
- À va être ben payante la petite. C’est en plein le genre d’la clientèle, répond l’autre.
Je continue d’écouter la conversation pour en tirer le maximum d’information. Je pars par la suite vers l’adresse de la maison close. Je cours jusqu’à en perdre haleine. Je ralentis et je finis par m’arrêter. Je crache mon souffle comme du feu de dragon. L’air taillade ma gorge de l’intérieur. Je n’ai jamais été en très grande forme physique. J’ai même une difficulté cardiaque. Je me relance tout de même dans ma course. J’arrive finalement sur la bonne rue. Je me retourne et remarque que l’ours et la licorne me suivent de chaque côté de moi. J’arrive proche de la résidence. C’est un bungalow plutôt ordinaire : une porte blanche, des briques jaunes, un toit pyramidal noir et des rideaux noirs dans de petites fenêtres. Je m’approche de la porte et je me transforme en l’un des deux hommes que j’ai vus il y a quelques heures. Je cogne à la porte. J’entends le bruit des pas d’un homme sur des planches de bois franc. Le rideau de la fenêtre de la porte s’ouvre et l’homme me regarde avec des yeux d’ébène et des sourcils épais comme mes avant-bras.
- Tu veux quoi Christophe ? me dit l’homme derrière la porte.
- Je viens de la part du Boss, dis-je.
- Entre, répond l’homme.
Il ouvre la porte et je me faufile entre lui et le mur. Les murs blanc crème et les cadres de porte en bois brun pale donnent un aspect vieillot à cette maison. Dans une autre situation, je n’aurais jamais su que cette maison appartenait au crime organisé. L’homme entre dans un salon où sont assis trois autres hommes de main. Je passe rapidement devant l’entrée pour ne pas me faire voir. Je me mets dos au mur et prends le temps de calmer le dragon dans mes poumons. Je marche discrètement dans la maison. J’ouvre une porte et je tombe dans une salle sombre. J’avance de deux pas et ouvre la lumière disposée à côté de la porte. Dans un flash de lumière, un lit se dessine devant moi. Un dos poilu et un mouvement saccadé surplombent le corps d’une fillette de 14 ans. Les yeux de celle-ci paraissent absents et, tel un sac de pommes de terre, elle reçoit les coups de l’homme qui s’acharne sur elle. Leurs corps nus se mélangent et l’odeur du musc et de la sueur empeste la pièce. Mes sens sont horrifiés. L’homme arrête et se retourne. Il me regarde dans les yeux et ce que j’y lis est la fierté. Quelque chose en moi brise. Le visage de la jeune fille droguée se change en celui de Zoé et tout autour de moi se transforme. La pièce devient sombre et des membres humains remplissent la pièce : des bras, des jambes, des têtes, des torses, tous gris. La pièce tourne au verdâtre et les membres saignent et remplissent le sol de sang. Ces parties du corps s’assemblent et entourent le corps de l’homme. À des milliers de kilomètres autour, on n’entend que le cri aigu et craqué de l’homme. Un vrai cri de mort. Je m’élance sur l’homme et je commence à le battre. Coup après coup, mes poings descendent du ciel pour foudroyer la tête de l’homme chauve. Gauche, droit, gauche, droit, gauche, droit, gauche, droit. Je n’ai plus aucune jointure alignée. Le visage de l’homme n’est qu’hémoglobine et chair humaine. Je me rappelle que, leur première fois, les prostituées subissent un viol de groupe. Le nombre d’hommes est égal à leur âge. Je recommence à frapper encore plus fort avec cette information en tête. Gauche, droit, gauche, droit. Le visage n’est que gelée. Une brume couvre mes yeux et des larmes coulent comme une douche d’eau glacée. Je sanglote quand des hommes en costume-cravate entrent dans la pièce. Ils se placent en cercle et pointent leur arme sur moi.
Je me réveille sur une chaise. Devant moi, un homme se tient assis sur une chaise de velours. Au moins 6 hommes armés m’entourent. L’homme assis cache avec son énorme ventre une dizaine de fillettes.
- Bonjour, je suis Chester Underwood. Comme tu peux le deviner je suis le boss de ce cartel de prostitution, mais je suis aussi le boss du cartel de drogue et d’arme, dit-il un sourire aux lèvres.
- Qu’est-ce que…dis-je.
- Tu vas mourir jeune homme, mais ce sera plus rapide si tu me dis qui t’envoie et comment tu as fait pour entrer dans cette maison, me répond Chester Underwood.
Derrière l’homme assis, une ombre grandit. Il passe de la grosseur d’une chèvre à celle d’une vache puis celle d’un hippopotame et finalement, devient aussi gros qu’un éléphant adulte. De petits yeux blancs s’ouvrent et on discerne une bouche. Celle-ci s’ouvre légèrement pour nous permettre de voir des dents teintées de sang. Une coulisse de sang coule du coin de la bouche du monstre. Alors que les yeux sont de la grosseur de ceux d’un humain, la bouche, elle, s’étire jusqu’aux extrémités de l’ombre. Le visage s’approche doucement et passe devant l’homme sur la chaise. Des écailles noires craquelées se dessinent au travers de l’ombre. Celles-ci sont entourées d’un rouge rappelant le sang séché. Il plonge ses yeux de neige dans ceux d’un de mes tyrans. La peur se lit alors dans l’âme de l’homme. Le monstre souffle une brume par des trous au milieu de son visage. La brume emplit la pièce. Un effluve s’en dégage et empeste le soufre et l’odeur de la viande qui moisit au soleil, les mouches et les larves glissant sur la chair décomposée. L’homme crie et tire sur le monstre. Deux hommes de main tombent. Puis, l’homme qui tire se fait exploser la tête, mais un autre homme subit la même vision dès que le premier meurt. Chester Underwood crie, au travers des cris et des balles, de me tirer dessus puisqu’il est convaincu que je suis la cause de cette fusillade. Les balles fusent au travers de la pièce et les hommes tombent comme des mouches. Chester est debout et lève son arme vers moi. Il reçoit une balle perdue en pleine tête. Tout se calme. La brume redescend. Du lot de fillettes qui se sont cachées dans des coins de la pièce, Zoé sort du lot et marche au travers des cadavres et du sang tel Noé. Elle s’approche de moi et me serre tout en pleurant. Je sens une douleur lorsqu’elle me serre. Je le lui dis et en se reculant, elle aperçoit une blessure. Dans mon épaule et dans mon ventre se sont figées des balles. Le sang coule abondamment. Ma sœur bouleversée sort un téléphone de la poche d’un mafieux et appelle les urgences. 20 minutes plus tard, je pars en ambulance alors que des policiers s’occupent de la scène de crime et des fillettes. Je suis étendu sur un lit d’hôpital. La pièce est pleine. Ma sœur tient ma main et pleure à chaudes larmes. Le docteur vient d’annoncer ma mort. Ma famille quitte la chambre pour laisser la morgue et les embaumeurs s’occuper de moi. Juste avant de partir, ma sœur dit qu’elle m’aime et mes parents la serrent dans leurs bras.
- Rappelle-toi qu’il sera toujours avec toi ma puce. Il t’aime tellement qu’il s’est sacrifié pour toi et il va continuer à veiller sur nous de l’autre côté.
Tout le monde part par la suite. Dans la chambre, le silence règne sur un royaume de bruit. Tout retombe et l’émotivité s’estompe comme lorsqu’une main efface la craie sur le tableau vert de la classe. Une fois la craie effacée, mon ami Charles est là dans la pièce. Il me regarde. Il dit que je suis bon, que j’ai le talent de devenir le meilleur dans le domaine des arts. Il lève le doigt et une flamme, telle une chandelle, jaillit du bout de celui-ci. Il dit qu’il comprend le sens de ma mort et qu’il reprend le flambeau à présent. La flamme s’éteint comme ma vie. Ce soir-là, une cape volait dans les ruelles. Un masque portait cette cape et marchait au rythme du temps.
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