Âme nudiste… suite poétique de Mélanie Vanier

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Je suis elle

Elle a brisé ma vie et l’a écrasée sous sa semelle poussiéreuse.

Une vie brûlante de peur, comme un incendie involontaire.

Me battre à contre-courant, contre les vagues d’anxiété qui m’écrasent au sol.

Une rivière de feu coulant dans mes veines.

Des frissons froids dans le bas de ma nuque.

Pleurer en silence dans le coin d’une pièce noire.

Spectateur du film qui me sert de vie.

Vouloir en finir avec la douleur

La sortir de mon être à coup d’insulte au cœur.

Mourir à bout de souffle, étranglée par la tristesse.

Étendue dans le froid, vidée de toute envie de continuer.

Je ne suis plus ce que j’étais, je ne serai plus jamais ce que j’étais.

 

Fuite congelée

Les bruits du brouillard me caressent les cheveux avec une lenteur sans fin

Une gouttelette de pluie sur une feuille tombant sur mes lèvres,

Un baiser froid et désespéré,

La lenteur de mes pas au-dessus des fissures du sol

Des cris et des ombres rapides au regard fuyant

Un cœur serré comme le poing d’un nouveau-né.

La solitude étrange au milieu des inconnus

Une envie de partir pressante

D’une fuite congelée par le froid de mes pensées

Un cœur égratigné par les branches des arbres dénudés

Vivre ou survivre jusqu’à la fin des saisons

Finesse de mon être comme de la fumée qui s’évapore

L’odeur des semelles qui frottent à force de marcher

Le poids de mes ambitions sur mes épaules

Je m’enfonce dans cette forêt d’âmes qui avancent

Mais j’y vais à sens inverse.

 

Nuits blanches

La main de la nuit nous fait grâce de sa présence.

Seuls devant le visage sans traits qui nous tend la main.

Une étreinte brûlante de froid qui nous rend vulnérables.

Qui assomme avec force.

Dans les bras de Morphée, les images de douleur se faufilent sous mes paupières.

Me laissant seule au milieu de l’air angoissant qui m’attrape la gorge.

Le souffle coupé par la peur, qui me rend les lèvres bleues.

Mon cœur me tombe au milieu des mains,

Le silence de la nuit m’assourdit de son bourdonnement.

Les tremblements de ma respiration m’étourdissent.

Prisonnière d’un rêve cauchemardesque,

Je supplie le jour de me libérer

Finalement, les ténèbres devenues blanches me laissent m’éveiller avec l’aube.

 

Blessure vitale

J’ai mal à la vie, mal au cœur de me battre contre moi-même. J’ai une grosse griffure sale et infectée, qui me rappelle tous les jours à quel point le monde me fait souffrir. J’essaie de me soigner à coup de ‘’ plaster ’’ sur l’âme, mais après une centaine je vois bien que ça ne change rien, la blessure entre moi et le monde est si profonde qu’elle pourrait m’aspirer dans les ténèbres. Elle pourrait guider ma vie, guider mon manque de vie. Je me bats tous les jours, contre la blessure vitale qui me plaque au sol. Je continuerai à me battre, jusqu’à l’étiolement de mon cœur, jusqu’à la fin.

Elle et moi

Elle est affaiblie, anéantie, asthénique, en crise, diminuée, fatiguée, lassée, peinée, abattue, apathique, atonique.

Je suis folle, effondrée, mélancolique, pessimiste, accablée, découragée, morose, déprimée.

Je suis faible, je suis triste, je suis douleur, je suis marasme, je suis ma dépression.

Je suis elle, elle est moi.

Nous sommes une seule et même présence, une seule et même chose dans le milieu de ma vie, je dois vivre avec elle, je dois l’accepter et je dois grandir.

L’autre côté de mes yeux.

Un sourire cachant des larmes coupantes comme le rasoir qui me tranche le cœur et qui me saigne à blanc.

Une confiance qui cache une anxiété étouffante comme une fumée noire et épaisse qui s’échappe d’une fenêtre d’immeuble en feu.

Une image normale qui cache une vie chaotique comme un champ de bataille sur lequel plusieurs soldats sont morts.

Aimer les autres pour cacher à quel point on a besoin de cet amour, un amour pur et imperturbable comme celui d’une mère qui a essayé d’avoir un bébé depuis plusieurs années.

Une façade, parce qu’on ne peut pas vivre avec les autres en ne vivant pas avec soi-même.

 

Le cycle des saisons.

Mon état mental ressemble aux saisons, chaudes, froides et tièdes.

L’été qui réchauffe ma vie, le soleil qui m’aide à voir la lumière.

Une petite lueur dans ma nuit noire comme une luciole qui se fraye un chemin entre les arbres dans une soirée chaude, mais fraîche.

Quand l’automne arrive semant un doute dans la chaleur de mon cœur, un vent froid qui souffle la lumière de l’été du côté noir de mon esprit qui l’écrase sous sont poids.

Un court instant de doute avant que l’hiver s’installe.

Le froid de l’hiver m’assèche le cœur comme les arbres de la forêt qui perdent leurs feuilles. Je perds mon ambition comme la neige qui prend la place du trottoir.

Le printemps qui fait pousser des papillons dans mon cœur comme les bourgeons qui annoncent le retour de l’été.

L’odeur des fleurs qui me redonne de l’espoir, l’été qui revient et le cercle des saisons qui recommencent sans fin.

Rêve de vivre.

Dormir en espérant vivre une vie meilleure dans ses rêves

Je dors dix heures par jour et je suis encore épuisée

L’anxiété qui mange mon énergie comme si c’était sa seule façon de rester

Mon lit qui prend la forme de mon corps.

Des journées endormies et des nuits réveillées.

Des rêves et des cauchemars entrecroisés.

Je rêve ma vie au lieu de vivre mes rêves.

Meurs.

La vie n’est qu’une suite de péripéties

Bonnes et mauvaises, surtout mauvaises

Des coups de poing dans le visage

Jour après jour, essayer de se relever quand la vie nous enfonce

Quelques éclaircies de temps en temps

Des nuages gris qui deviennent blancs le temps d’un après-midi

Vivre pour le répit et pour les aventures nouvelles

Vivre pour l’amour et la tendresse des autres.

Vivre en attendant de mourir, vivre en sachant qu’un jour tout sera fini

Heureux ou triste on ne peut rien y faire.

On va mourir, un jour ou l’autre.

On peut mourir demain, on peut mourir dans quarante ans.

La mort est la seule chose certaine dans la vie.

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