Internés par la pauvreté… suite poétique d’Ariane Denis

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L’année des mal-aimés

Ô Printemps, Printemps, printemps !

Les amoureux marchant au gré de leurs souffles mentant

Mon visage étendu sur mon écran cherchant, cherchant

Oh joli été !

L’amour sur un quai, un baiser déterminé

Mon visage mal-aimé tellement frustré, frustré

Automne, au tonnerre !

Des tonnerres de femmes sur mon homme

Mon visage devient monotone, monotone

 

Hiver si éphémère !

Paroles cachottières de mon ère

Mon visage derrière, derrière

 

Pain d’un jour

 

Ébranler la mémoire d’un homme qui est affamé

Morceau de pain et plus rien

 

Un crâne couleur de lumière

Se fout de son front et ne le trouve pas canon

 

Il n’y pense même pas à son plus grand rêve

Il n’y songe même pas

 

Il conçoit une autre tête plus artistique

La tête de Picasso

Ou bien la tête de n’importe quel légume

Légume qui se mange bien sûr

 

Il a les dents qui craquent

Les dents qui cherchent le festin

Un, deux, trois, quatre

Quatre jours sans grignoter

 

Cela s’est assez éternisé

Ce pain est rendu très loin

Probablement qu’il le ronge dans ses rêves les plus lointains

 

Au bord de la poubelle, il s’endort et jamais ne se réveille

 

Sale misère

 

Je mets la main sur mon chemin, elle me rattrape à pas de lapin

Je mets du sens à ma pauvre vie autant noire que blanche

Même si on sait que les deux sont complètement différents

C’est comme si je sautais la falaise au lieu de la grimper, car je sais que je vais tomber

Pauvre misère, pauvre vie

 

Être pauvre d’être

 

Ne pas s’aimer comme on est
Ne pas dire je t’aime à son être

 

Attendre, attendre et attendre
Pour s’aimer

 

Attendre pour aimer ses faiblesses autant que sa richesse
Ne pas s’aimer, ne pas s’admirer

 

Pauvre nous !

 

Que c’est dur de s’aimer quand au fond, on est née pour aimer

Aimons-nous maintenant et moins pauvre nous serons dans un an

Aimons-nous pour la vie et tous les autres jours aussi

 

Héritage au revoir

 

Un sou peut rendre complètement fou

Un sou est égal à un trou

Le trou où on va à la fin de tout

 

Recevoir peut devenir plein de savoir

Comme il peut devenir un grimoire de désespoir

Avoir, avoir, avoir est égal à nos valises sèches

 

Pauvreté de millionnaire devient pauvreté de malheur

Une pièce, du fric et un sou ne nous rendent pas au-dessus de tout

 

Désert vivant

 

Dénuement de minceur malgré toute joie de monarque

Sécheresse misérable avant tout des rires qui laissent une marque

 

Malnutrition flagrante, mais absolument ravie de loger la vie

Pays ravagé, cœur ressenti du paradis

 

Manque de pognon avec le regard d’une princesse

Carence nutritionnelle rempli de la sagesse d’une superforteresse

 

Désert appauvri, désert authentique d’une vie sans gaspille

Désert véritablement vivant

 

À moitié vide, à moitié plein

 

Bol de riz est l’opposé de caviar du roi

Main de charbon est l’opposé de main de soie

 

Bol de riz a les moyens de mettre son bol bien plein

Tandis que caviar du roi, lui, met un grain de richesse dans sa poche

 

On se différencie par notre bol de riz

La seule chose que ce roi ne possède pas

 

Bol de riz est le roi de mille grains de riz

Tandis que caviar, lui, est le roi d’un seul sac d’argent sans vie

 

Le trombone de l’amitié

 

Une fillette à la chevelure scintillant de fortune

Aux yeux couleur d’Océan indien

Vit dans un palais de marbre

 

Fillette à la chevelure terreuse de pauvreté

Aux yeux couleur malhonnêteté

Vit dans une ruine de sable

 

Fillette à la fortune d’or salua

La fillette à la fortune de noix

 

Trombone de la fillette d’or rendit

Trombone de la fillette de noix recevra

 

Trombone d’unisson, de passion

Trombone rendit bonne et mauvaise égale

 

Tomber du septième ciel

 

Portrait saccagé, se trouver atroce

Regard, miroir

 

Peintre glorieux au tombeau, un rêve sans espoir

Désir, au revoir

 

Hausser vivre ses rêves puis traîner, monter et retomber

Volonté, au fumoir

 

Lui, elle, simultanément amant

Amour, à l’abattoir

 

Absente…

 

Pauvreté présente dans mon corps

 

Un pion de ressemblances

 

Intrus dans l’attroupement

Se cherchant un banc

Vivant de la promenade à ruelle

Il n’a pas assez d’oseille

 

Il tend sa main

On le heurte en chemin

Comme s’il n’avait pas de valeur

Comme s’il était un voleur

 

Au fond, on se ressemble

On veut juste notre place dans la mappemonde

On veut que notre face soit identifiée par du monde

 

Doigts de charbon peuvent satisfaire miss univers

Mademoiselle dodue peut satisfaire monsieur muscle

Car tout ce qu’il faut c’est un pion de ressemblances

 

 

Enfant incrédule

 

Un enfant naïf et craintif

Plaignant et ignorant son accroissement

Se scrute dans ses parents

Ne pense pas à ses actes pour autant

 

Pauvre de connaissance et sans conscience

Rame dans la vie avec une panoplie d’outils

Même si son coffre n’est pas totalement rempli

Il fait avec et vit sa vie

 

Plus vieux, à l’âge adolescent

Cherche un sens à son parcours décadent

Décide de quitter son nid d’éducation

Pour insensiblement se retrouver sans raison

 

Commence à potasser pour sa soupe

Maintenant mûr, le fait pour des simples gouttes

Il galère et s’ennuie

Regret ressenti s’établit

 

Décidé et prêt à rembarquer

Avec l’audace de reculer

Reprend ce long chemin ardu mais tapé

Où tout jeune, il s’est précédemment installé

 

À l’aboutissement du long tunnel

L’abruti devint maintenant l’instruit

Son détour longuement réfléchi

Tendit dans ses amples pinces un bon goût à la vie

 

Juste des larmes

 

Je pleure en écoutant le vent

Au long de ce sentier couvert de bois si perçant qui m’arrête un moment avec son énorme assombrissement

 

Je pleure, je pleure, je pleure

 

Au creux des charmilles et mes bottes elles se sentirent maigrir tout comme la terre au-dessous de celles-ci se devait de me soutenir

 

Je pleure

 

Ces feuillus tordus me rendent trop confondue avec un tel imprévu qu’au final je suis déçue

 

Je pleure par la peur

 

Mes abdominaux aussi gros que des bébés oiseaux deviennent de plus en plus gros

 

Je pleure à n’en plus finir pour ma pauvreté qui me fait fuir

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