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Valérie Faris et Jonathan Dayton nous font plonger 40 ans en arrière avec un film tiré d’une histoire vraie : Battle of Sexes. Elle préfigure notre époque contemporaine où l’égalité entre homme et femme s’accroît. Nombre de femmes dénoncent désormais les agressions, que celles-ci soient sexistes, voire sexuelles, que font les hommes à leur égard.
En 1973, Billie Jean King (jouée par Emma Stone), alors âgée de 29 ans, combat cette injustice sociale où la femme est exposée à des propos misogynes et à une inégalité salariale dans son sport : le tennis. Suite à cette révélation choquante, elle boycotte le tournoi dans lequel elle était invitée par la Fédération de tennis des États-Unis pour créer le Women’s Tennis Association, une nouvelle association, avec les meilleures joueuses du monde pour faire un nouveau tournoi au même moment. Suite à ce scandale, un défi a été lancé par Robby Riggs (joué par Steve Carell), champion de tennis retraité de 55 ans, pour prouver que les hommes méritent d’être rémunérés huit fois plus que les femmes. Billie accepte le défi pour prouver le contraire.
Malgré que ce film rappelle des événements datant d’il y a 40 ans, nous ne pouvons pas nier que le sujet de l’égalité entre l’homme et la femme soit toujours d’actualité. Bien évidemment, ce combat évolue lentement et n’est pas représenté de la même façon d’une époque à l’autre. Selon ce qui est rappelé dans ce film, les sportives recevaient alors un salaire huit fois moins élevé, car elles étaient considérées comme moins « attrayantes ». Cette histoire dramatique où la femme est réduite à un rôle secondaire ou utilitaire vient toucher notre besoin profond d’une égalité dans tous les domaines que ce soit dans la société, le sport, voire l’intimité. Elle provoque en nous un désir de nous lever et de nous battre pour nos droits. Ce grand défi remet en cause la sportive, mais aussi la personne. Elle vit un coup de foudre à l’égard d’une jeune coiffeuse, Marilyn Barnett (jouée par Andréa Riseboro). Mariée, Billie essaie d’étouffer ce désir qui l’amène à se remettre en question comme femme. Dans ce temps, le sujet de l’homosexualité, surtout auprès des vedettes ayant de l’influence, était tabou. La société n’était pas prête à assumer cette orientation. Billie a fait évoluer la société sur plusieurs points et c’est ce qui rend cette histoire avant-gardiste.
Le jeu des acteurs dirigés par Valérie Faris et Jonathan Dayton est une réussite. Il y a eu plusieurs moments où il n’y avait pas de dialogues, mais l’émotion était tout de même véhiculée et ce, de façon cohérente. Certains échanges de regards entre Billie et Marilyn apparaissent ainsi notables. La finesse des expressions corporelles et faciales joue dans nos émotions. Par exemple, le regard de Billie lorsqu’elle contemple Marilyn danser avec un autre garçon dans le bar est très expressif et révélateur de ses sentiments.
La qualité de la photographie et la musique ajoutent de la profondeur aux sentiments de Billie. La musique est accentuée et concentrée sur ce moment intime par les paroles «over and over » et la caméra se concentre sur Marilyn par un effet de flou sur les personnes environnantes qui dansent. C’est comme si nous étions Billie.
Bien sûr, nous avons un film répondant aux clichés habituels du cinéma américain par une conclusion joyeuse où tout est beau. Nous ne pouvons pas nier que cette fin était prévisible, d’autant plus que nous savions le résultat du match avant même d’écouter le film. Par contre, l’histoire ne tourne pas uniquement autour du tennis, mais de l’absurdité des gestes et du comportement de Bobby Riggs à vouloir ridiculiser les femmes. Ce personnage apparaît tellement pathétique qu’il en devient sympathique à force d’être caricatural : ne représente-t-il pas encore une certaine condition masculine toujours actuelle ?
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