Miroitements dans la noirceur du monde… suite poétique de Marie Plamondon

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La mer

Éclaboussures

l’eau brillante reluit sur les pierres rocailleuses

d’un bleu vitrail resplendissant

le Soleil sauvage

illumine et ravage les fonds marins

les laboure de ses douces mains

puits de lumière cylindrique dans les abymes

il projette ses ondes flamboyantes

jusqu’au fond

où je me dissimule à travers

les poissons abracadabrants, un essaim d’hippocampes galopeurs,

entre les coraux spongieux et les galets si minutieux

les méduses luminescentes, les raies épineuses et les anguilles démones

valsent à contre-courant et s’entrechoquent violement

les algues virevoltantes entre les infimes bulles, suivant les flots

mousse de particules

me bloquent la vue

étrange bouclier de bulles

ravagés et effrités par le temps

sédiments malicieux

créatures imaginaires s’entremêlent dans des amas colorés

poursuit leurs mouvements calmes et innocents

plantations aquatiques filamenteuses et dorées

dans le gouffre de la contamination

Tempête de sable

je marche inconsciemment dans ce plateau désertique

au loin des mirages à perte de vue

et J’en perds la vue

assoiffée, je m’abreuve de quelques gouttelettes

goutte à goutte, l’eau glisse dans la gourde

le liquide envahit mon corps déshydraté

ma bouche est maintes fois comblée

je continue à avancer, prisonnière de ce sablier infernal

la brise poussiéreuse me couvre de son voile

voilée de mon turban d’un bleu azur

fibres étincelantes et soumises à la force du soleil

astre ravageur à l’intérieur comme à l’extérieur de mon être

essoufflée dans cette canicule absolue

je suis faible, misérable, perdue, dépourvue

mes sens s’entremêlent

mes yeux brûles et crépitent dans ce brasier imaginaire

mon âme vertigineuse

valse à contresens

de peine et misère…

dans ce bocal sablonneux

Rivage instable

Des écumes crasseuses s’étendent sur les dunes détruites par les vagues

les particules de sable brillent artificiellement, souillés par ces eaux usées

ce carburant chimique saccage tout sur son passage

au loin dans la brume grisâtre et suffocante

des déchets échoués sur la plage paradisiaque

paradis de dévastation

sac de plastique, engin pneumatique, tas de ferraille, baril métallique

tout gît dans les émanations toxiques

de cette pourriture de pétrole

essence fatale qui laisse sa trace

iridescente dans les mares résiduelles

où sont emprisonnés anémones défraîchies, étoiles de mer infirmes

et algues dégoulinantes dans cette substance nauséabonde

ce liquide noire et tenace tache de son encre

le plumage des fous de Bassan

ces pauvres innocents échoués et désorientés

sur les rives en loques

Glaciers infirmes

Le voilier vogue avec vélocité

il zigzague dans cet abîme imaginaire

vague après vague

il suit le courant des rafales déchaînées

et son portrait miroite inconsciemment

dans l’eau glaciale de l’océan

au loin, près d’un rocher, je suis envoûtée

par le bruit des flots séducteurs

qui fracassent la banquise perforée par le temps

je suis un phoque prédateur, égaré dans ce tourbillon blanc

solitaire et rêveur

je glisse sur mon ventre graisseux

mes abdominaux suivent les renflements de la glace

je me roule dans les particules de glace

je suis jeune, insouciant et laissé à moi-même

craintif de ma destinée

je crie, d’une voix stridente, j’appelle à l’aide

les hurlements résonnent et font vibrer le givre au sol

elle ne reviendra pas, la génitrice a fui, m’a fui

je suis un phoque

prédateur de moi-même

une proie docile

qui finira ses jours dans la gueule d’un rapace affamé

 

La Californie

Sur la cote Ouest américaine, où les rêves se propagent

et éclosent comme des asclépiades dorées

état de paix, d’amour et de prospérité

douce C.A.L.I.F.O.R.N.I.E

VENICE, SANTA MONICA, MALIBU, SANTA CRUZ

plages paradisiaques et mythiques

les feuilles des palmiers flottent dans la brise salée

le sable chaud pétille dans ce cocktail explosif

les vagues du Pacifique fracassent le littoral inondé de touristes

ces assembleurs de nuées, subjugués par cette beauté enivrante

les grands surfeurs se jettent dans l’écume jusqu’au cou

ils courent follement, les cheveux dans le vent

les grains de sable restent accrochés comme de la colle sur leur corps

musclé, défini et bien sculpté comme le Mont Rushmore

je les vois se précipiter dans l’eau

ils voguent dans des cylindres compressés par la robustesse des courants marins

avide de leur beauté, je suis aveuglée

et me jette à mon tour dans les vagues du Pacifique

je suis prisonnière de ce rouleau compresseur et impossible de faire marche arrière

l’eau ruisselle sur le bout de mes orteils

je glisse petit à petit sur le bout de ma planche

j’attrape la première vague et je disparais dans ce rideau aqua

ma main glisse tranquillement

elle suit le mouvement gracieux de l’eau turquoise  et artificielle

la dernière vague fracasse tout sur son passage

elle me détruit de l’extérieur comme à l’intérieur de mon être

mon cœur galope et je tourbillonne à toute vitesse dans ce vase salé

les maelstroms m’emportent au fond des abysses

je suis la petite Sirène

insouciante et laissée à moi-même

dans ce monde chimérique

je virevolte entre les coraux, les poissons maléfiques

les tortues sympathiques et les raies électriques

déroutée et malmenée

à la recherche d’un amour tant convoité

Plage idyllique

Sur les rivages chauds et humides

le va-et-vient des parasols m’étourdissent de leurs ondes multicolores

la bruine salée les fait vibrer comme des essuies glaces

la chaleur suffocante me fait fondre comme un popsicle 3 couleurs

je me fonds dans ce tourbillon de vacanciers

mes pieds pétillent sur le sable bouillant et les particules se tortillent entre mes orteils

la goutte de sueur coule sur mon gros nez enduit de zinc

je zigzague entre les serviettes, les chaudières de sables

les baigneurs, les glacières, les planches de surfs….

dans ce brouhaha sans fin, mon cerveau scanne le moindre grain de sable

je suis un détecteur de métal, à la recherche du trésor de Rackham le rouge

du cœur de l’océan de Rose dans le Titanic

du trident du roi Triton et du trésor d’Atlantide…

les espoirs de trouver la perle rare se dissipent peu à peu…

la rage envahit mon être, malmené par tout ce que je vois et revois sans cesse

mes pupilles avides de beauté fuguent entre écartèles de verres, mégots de cigarette, sacs de plastique, bouteilles de plastique, verres de plastique, ustensiles en plastique, déchets métallique…

ces grandioses détritus…

mon cerveau bip bip et rebip

foutus déchets toxiques qui gisent dans ce décor artificiel et touristique moderne

le rideau se lève et l’envers du décor vient d’être dévoilé

pendant que monsieur fume son cigare, que madame enfonce ses vielles sandales dans le creux du sable et qu’un enfant échappe une bouteille de plastique à la mer, la planète se meurt à petit feu et tout le monde sourit inconsciemment

c’est notre faute, à nous, les humains, les malfaiteurs et profiteurs des espaces verts

les inépuisables saboteurs de cette richesse limitée

c’est lors d’un séjour écourté sur cette plage idyllique que j’ai revu ma façon de penser

 

Poème dans les bois

dans la forêt éloignée

les arbres stoïques dressent leurs parures

les petites branches s’entremêlent et tissent leur toile

le craquement de l’écorce résonne dans le silence boréal

je suis là, assise paisiblement au milieu des bois

je rêve au réveil de la nature, à l’odeur du printemps qui me réconforte

au vent séducteur qui diffuse sa brise chaleureuse et qui me berce

jusqu’à ce que j’en redemande plus

En cette journée d’avril, les yeux fermés, je profite de chaque onde lumineuse qui

réfléchit sur ma chevelure dorée

l’érablière est vivante et les feuilles jaune or flottent lentement dans le ciel marbré.

je lève la tête et les érables se dressent majestueusement et couvrent l’au-delà

le silence de la nature règne et dorlote mes oreilles

épuisées des bruits encombrants de la ville

PLOUC.. PLOUC.. PLOUC..

à cet instant, je deviens envoûtée par cet écho divin

l’écoulement de la sève à l’intérieur des chaudières retentit

et cette douce mélodie me transporte dans un rêve sirupeux

j’imagine une montagne de crêpes bien graisseuses et dégoulinantes, de la tire dorée qui givre sur la neige, du pain recouvert de beurre d’érable chauffé sur le poêle à bois et les cannes de sirop qui attendent de se faire déguster

GLOUP..GLOUP..GLOUP..

je reviens à la réalité

goutte à goutte, le liquide tant convoité glisse doucement sur le bec du chalumeau

l’eau sucré brille au fond du contenant métallique

cette douce sonorité me fait saliver et mes papilles en veulent toujours plus…

 

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