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La mer
Éclaboussures
l’eau brillante reluit sur les pierres rocailleuses
d’un bleu vitrail resplendissant
le Soleil sauvage
illumine et ravage les fonds marins
les laboure de ses douces mains
puits de lumière cylindrique dans les abymes
il projette ses ondes flamboyantes
jusqu’au fond
où je me dissimule à travers
les poissons abracadabrants, un essaim d’hippocampes galopeurs,
entre les coraux spongieux et les galets si minutieux
les méduses luminescentes, les raies épineuses et les anguilles démones
valsent à contre-courant et s’entrechoquent violement
les algues virevoltantes entre les infimes bulles, suivant les flots
mousse de particules
me bloquent la vue
étrange bouclier de bulles
ravagés et effrités par le temps
sédiments malicieux
créatures imaginaires s’entremêlent dans des amas colorés
poursuit leurs mouvements calmes et innocents
plantations aquatiques filamenteuses et dorées
dans le gouffre de la contamination
Tempête de sable
je marche inconsciemment dans ce plateau désertique
au loin des mirages à perte de vue
et J’en perds la vue
assoiffée, je m’abreuve de quelques gouttelettes
goutte à goutte, l’eau glisse dans la gourde
le liquide envahit mon corps déshydraté
ma bouche est maintes fois comblée
je continue à avancer, prisonnière de ce sablier infernal
la brise poussiéreuse me couvre de son voile
voilée de mon turban d’un bleu azur
fibres étincelantes et soumises à la force du soleil
astre ravageur à l’intérieur comme à l’extérieur de mon être
essoufflée dans cette canicule absolue
je suis faible, misérable, perdue, dépourvue
mes sens s’entremêlent
mes yeux brûles et crépitent dans ce brasier imaginaire
mon âme vertigineuse
valse à contresens
de peine et misère…
dans ce bocal sablonneux
Rivage instable
Des écumes crasseuses s’étendent sur les dunes détruites par les vagues
les particules de sable brillent artificiellement, souillés par ces eaux usées
ce carburant chimique saccage tout sur son passage
au loin dans la brume grisâtre et suffocante
des déchets échoués sur la plage paradisiaque
paradis de dévastation
sac de plastique, engin pneumatique, tas de ferraille, baril métallique
tout gît dans les émanations toxiques
de cette pourriture de pétrole
essence fatale qui laisse sa trace
iridescente dans les mares résiduelles
où sont emprisonnés anémones défraîchies, étoiles de mer infirmes
et algues dégoulinantes dans cette substance nauséabonde
ce liquide noire et tenace tache de son encre
le plumage des fous de Bassan
ces pauvres innocents échoués et désorientés
sur les rives en loques
Glaciers infirmes
Le voilier vogue avec vélocité
il zigzague dans cet abîme imaginaire
vague après vague
il suit le courant des rafales déchaînées
et son portrait miroite inconsciemment
dans l’eau glaciale de l’océan
au loin, près d’un rocher, je suis envoûtée
par le bruit des flots séducteurs
qui fracassent la banquise perforée par le temps
je suis un phoque prédateur, égaré dans ce tourbillon blanc
solitaire et rêveur
je glisse sur mon ventre graisseux
mes abdominaux suivent les renflements de la glace
je me roule dans les particules de glace
je suis jeune, insouciant et laissé à moi-même
craintif de ma destinée
je crie, d’une voix stridente, j’appelle à l’aide
les hurlements résonnent et font vibrer le givre au sol
elle ne reviendra pas, la génitrice a fui, m’a fui
je suis un phoque
prédateur de moi-même
une proie docile
qui finira ses jours dans la gueule d’un rapace affamé
La Californie
Sur la cote Ouest américaine, où les rêves se propagent
et éclosent comme des asclépiades dorées
état de paix, d’amour et de prospérité
douce C.A.L.I.F.O.R.N.I.E
VENICE, SANTA MONICA, MALIBU, SANTA CRUZ
plages paradisiaques et mythiques
les feuilles des palmiers flottent dans la brise salée
le sable chaud pétille dans ce cocktail explosif
les vagues du Pacifique fracassent le littoral inondé de touristes
ces assembleurs de nuées, subjugués par cette beauté enivrante
les grands surfeurs se jettent dans l’écume jusqu’au cou
ils courent follement, les cheveux dans le vent
les grains de sable restent accrochés comme de la colle sur leur corps
musclé, défini et bien sculpté comme le Mont Rushmore
je les vois se précipiter dans l’eau
ils voguent dans des cylindres compressés par la robustesse des courants marins
avide de leur beauté, je suis aveuglée
et me jette à mon tour dans les vagues du Pacifique
je suis prisonnière de ce rouleau compresseur et impossible de faire marche arrière
l’eau ruisselle sur le bout de mes orteils
je glisse petit à petit sur le bout de ma planche
j’attrape la première vague et je disparais dans ce rideau aqua
ma main glisse tranquillement
elle suit le mouvement gracieux de l’eau turquoise et artificielle
la dernière vague fracasse tout sur son passage
elle me détruit de l’extérieur comme à l’intérieur de mon être
mon cœur galope et je tourbillonne à toute vitesse dans ce vase salé
les maelstroms m’emportent au fond des abysses
je suis la petite Sirène
insouciante et laissée à moi-même
dans ce monde chimérique
je virevolte entre les coraux, les poissons maléfiques
les tortues sympathiques et les raies électriques
déroutée et malmenée
à la recherche d’un amour tant convoité
Plage idyllique
Sur les rivages chauds et humides
le va-et-vient des parasols m’étourdissent de leurs ondes multicolores
la bruine salée les fait vibrer comme des essuies glaces
la chaleur suffocante me fait fondre comme un popsicle 3 couleurs
je me fonds dans ce tourbillon de vacanciers
mes pieds pétillent sur le sable bouillant et les particules se tortillent entre mes orteils
la goutte de sueur coule sur mon gros nez enduit de zinc
je zigzague entre les serviettes, les chaudières de sables
les baigneurs, les glacières, les planches de surfs….
dans ce brouhaha sans fin, mon cerveau scanne le moindre grain de sable
je suis un détecteur de métal, à la recherche du trésor de Rackham le rouge
du cœur de l’océan de Rose dans le Titanic
du trident du roi Triton et du trésor d’Atlantide…
les espoirs de trouver la perle rare se dissipent peu à peu…
la rage envahit mon être, malmené par tout ce que je vois et revois sans cesse
mes pupilles avides de beauté fuguent entre écartèles de verres, mégots de cigarette, sacs de plastique, bouteilles de plastique, verres de plastique, ustensiles en plastique, déchets métallique…
ces grandioses détritus…
mon cerveau bip bip et rebip
foutus déchets toxiques qui gisent dans ce décor artificiel et touristique moderne
le rideau se lève et l’envers du décor vient d’être dévoilé
pendant que monsieur fume son cigare, que madame enfonce ses vielles sandales dans le creux du sable et qu’un enfant échappe une bouteille de plastique à la mer, la planète se meurt à petit feu et tout le monde sourit inconsciemment
c’est notre faute, à nous, les humains, les malfaiteurs et profiteurs des espaces verts
les inépuisables saboteurs de cette richesse limitée
c’est lors d’un séjour écourté sur cette plage idyllique que j’ai revu ma façon de penser
Poème dans les bois
dans la forêt éloignée
les arbres stoïques dressent leurs parures
les petites branches s’entremêlent et tissent leur toile
le craquement de l’écorce résonne dans le silence boréal
je suis là, assise paisiblement au milieu des bois
je rêve au réveil de la nature, à l’odeur du printemps qui me réconforte
au vent séducteur qui diffuse sa brise chaleureuse et qui me berce
jusqu’à ce que j’en redemande plus
En cette journée d’avril, les yeux fermés, je profite de chaque onde lumineuse qui
réfléchit sur ma chevelure dorée
l’érablière est vivante et les feuilles jaune or flottent lentement dans le ciel marbré.
je lève la tête et les érables se dressent majestueusement et couvrent l’au-delà
le silence de la nature règne et dorlote mes oreilles
épuisées des bruits encombrants de la ville
PLOUC.. PLOUC.. PLOUC..
à cet instant, je deviens envoûtée par cet écho divin
l’écoulement de la sève à l’intérieur des chaudières retentit
et cette douce mélodie me transporte dans un rêve sirupeux
j’imagine une montagne de crêpes bien graisseuses et dégoulinantes, de la tire dorée qui givre sur la neige, du pain recouvert de beurre d’érable chauffé sur le poêle à bois et les cannes de sirop qui attendent de se faire déguster
GLOUP..GLOUP..GLOUP..
je reviens à la réalité
goutte à goutte, le liquide tant convoité glisse doucement sur le bec du chalumeau
l’eau sucré brille au fond du contenant métallique
cette douce sonorité me fait saliver et mes papilles en veulent toujours plus…
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