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Ça parle trop :
Tout a commencé il n’y a pas très longtemps
Je n’ai pas conscience de ce qui m’arrive
Première manifestation
Anosognosie
C’est comme cela qu’il la nomme
Plus aucun contact avec la réalité
Hallucination après hallucination
Je m’imagine toujours quelqu’un me parler sans cesse
Me dire quoi faire mais en me disant aussi quoi ne pas faire
Je n’y comprends rien
Premier rendez-vous à l’hôpital
Et ils ont commencé à s’enchaîner
J’en veux à la vie
Je suis contrôlée
Contrôlée par une force extérieure
Comme si quelqu’un me tient au bout de plusieurs fils
Plusieurs fils attachés à chacune des extrémités de mon corps
Je n’écoute personne
J’ai ma tête qui s’occupe de m’aider
Ma tête qui me critique
Et qui commente mes actions
Question de me mêler davantage
Personne ne comprend ce qui se passe
Les médecins ne disent rien
Jusqu’à temps qu’ils trouvent
Qu’ils trouvent réponses à mes questions
Ils catégorisent cela comme étant un trouble mental
Mais selon moi ce n’est pas seulement ça
Vous ne pouvez pas comprendre
Vous n’êtes pas dans ma tête.
Tremblement de corps :
Parkinson
Un seul mot
Sentiments atroces
Je suis comme des feuilles à l’automne
Je tremble
Je tombe
Je perds toutes mes extrémités
Je tremble
Je tombe.
Pensées extrêmes :
Il est tard
J’en peux plus
J’ai chaud
Je commence à étouffer
Comme une corde autour de mon cou
Qui ne cesse de serrer
De me tirer
À gauche et à droite dans mes pensées
Je ne vois plus par où aller
Ma petite voix dans ma tête
Elle me répète que tout va bien se passer
Que je dois respirer
Je suis tellement mêlée
Tellement fatiguée
Je suis dans le vide
Les deux pieds sur une corde
Une corde à deux cents mètres dans les airs
J’ai le vertige
Je suis étourdie
On me supplie de ne pas sauter
Ma tête a envie de sauter
Mais je continue d’avancer
Comme on m’a habitué
À ne pas lâcher.
Lâcher prise :
Des antidépresseurs au déjeuner
Pendant six mois
Pendant douze mois
Pendant une éternité
Une routine
C’est comme cela que je l’appelle ma vie
Une simple routine
Manquer de sommeil
Pleurer seule dans la salle de bain
Annuler toutes mes activités
Prendre du recul
Mais surtout prendre du poids
Je suis désespérée
Mes pensées sont morbides
Je me torture mentalement
Je trace mentalement mon chemin
Mon chemin vers la mort
À quoi bon rester en vie ?
À quoi bon quand tu as perdue tout intérêt ?
Lorsque ton humeur dépend d’une seule chose
Une simple pilule
Tu perds tout espoir
J’ai perdu tout espoir.
Manger ? Dégoutant :
Je regarde les flocons tomber
Comme les petits moments de la vie
Mon corps n’en peut plus
N’en peut plus d’affronter le froid
Mes cheveux tombent comme les flocons
Ma peau s’assèche
Dès que je mets un pied dehors
Je m’alourdis
La lourdeur du monde entier qui tombe sur mes épaules
La lourdeur des flocons qui frappent mon visage
Je m’affaiblis
Incapable d’affronter l’extérieur
Les flocons m’attaquent
Comme les yeux des gens qui me dévisagent.
Exercices pulmonaires :
Assise devant la fenêtre
À contempler le ciel, la vie
Un « bip » constant
Me rappelle que je vis
Mille fils branchés à mon corps
Je m’accroche à la vie
Mes respirations sont affaiblies
J’accumule le mucus
Comme j’accumule les rendez-vous
Incapable de vivre sans être branchée
Branchée en permanence
Une permanence qui m’étourdit
Je m’oublie
Je pousse les limites
Je prends tout pour acquis
C’est pendant ma crise à l’urgence
Que j’ai compris
Ce n’est pas moi qui contrôle
La maladie
C’est elle
Elle décide de mon destin
Assise à la fenêtre
J’envie tous les jeunes à l’école
Je les envie de pouvoir être assis
Assis sur un banc d’école
Et non dans ce lit
Inconfortable ce lit
Comparable à ma vie
J’arrête d’espérer
Qu’un jour
Je serai confortable
À leur place
Et que je vais m’en être sortie.
Perte de mémoire :
Être au milieu de la forêt
Être complètement perdue
Être déboussolée
Qui aurait cru?
Un jour à la fois
Et c’est de pire en pire
Sens de l’observation
C’est simple
J’étais la meilleure dans ma classe
Maintenant je suis la pire
Et ce n’est plus une classe
C’est plutôt un groupe
Un groupe de personnes âgées
Ça vous semble drôle
Mais non.
Quand tu ne barres plus tes portes
Parce que oui
Tu oublies qu’une porte doit être barrée
Tu oublies même l’amour de ta vie
Je ne reconnais même plus ma personne à moi
Celui avec qui j’ai passé ma vie
Et que dire de mes enfants?
De simples inconnus
Difficile d’accepter
De voir
De comprendre
Pourquoi je blesse autant les gens?
Pourtant je suis normale non?
Trop de questions
Pour ma petite tête
Qui se rappelle à peine son propre nom.
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