Kings of Leon au Centre Bell… critique de Mimi-Charlotte Jeannin

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24 octobre 2011. L’air est froid. Il s’infiltre dans les manteaux et se colle à la peau. Les frissons sont fréquents, la chair de poule devient fléau. Les mains se réfugient au creux des poches, cherchant une source de chaleur. Les seules choses qu’elles trouvent à quoi s’accrocher sont quelques bouts de vieux mouchoirs et des emballages de chewing-gum. Les joues sont rouges, mais la couleur se perd dans le noir de la veillée. Sous la pluie tenace, les jambes piétinent le sol, les cheveux collent au visage. Les cœurs palpitent sous le poids des émotions. Le souffle est court, comme si la respiration avait de la difficulté à vivre. Les portefeuilles sont vides, ne contenant seulement qu’un unique bout de carton. Quelques mots y sont écrits, mais leur utilité est moindre. Plus rien ne compte, excepté la suite des choses.

La porte de la caverne d’Ali Baba s’ouvre enfin sur la foule, laissant place aux cris de centaines et de centaines de gens. C’est le moment le plus excitant, comme si le temps se figeait. Les regards pleins d’espoir cherchent quelque chose à quoi s’accrocher, quelque chose digne d’être mentionné, mais pour l’instant, tout est calme. Chacun prend place, le corps tendu par les attentes et le cou tiré en quête d’indices. Les lumières se ferment, les pupilles se dilatent, le silence se fait. Un souffle, puis…Kings of Leon nous apparaît, tout feu, tout flamme! Les quatre membres du groupe, originaires du Tennessee, surgissent sous les projecteurs verts flamboyants, devant trois écrans géants qui nous projettent leur image surdimensionnée. Les effets vidéos nous éblouissent par leur qualité : les effets vieillots et les couleurs nous font comprendre que chaque détail a été pensé pour que l’ambiance représente parfaitement le style hétéroclite du groupe. Chaque élément du spectacle sert à faire ressortir l’un des quatre répertoires musicaux de Kings of Leon : les faisceaux lumineux aux couleurs changeantes donnent une allure rock, les vestes de cuir représentent bien le style garage, les bandes vidéos rappelant les années 70 s’associent facilement au country campagnard et l’attitude décontractée des membres du groupe ne manque pas d’établir une ambiance blues désinvolte. Il n’y a pas à dire, l’atmosphère était à la hauteur de l’attente de tous. On ne pouvait pas espérer mieux visuellement, de la part d’un groupe dont la musique fait toujours rêver nos oreilles. C’est ce qu’on appelle, avec raison, le plaisir des sens!

Ce qui a du déplaire aux fans, après coup, c’est que le groupe n’était pas très volubile. Même si les chansons étaient parfois entrecoupées de quelques phrases brèves, le chanteur gardait le silence la plupart du temps. Que ce soit Nathan, le batteur, Jared, le bassiste et le pianiste, Matthew le guitariste ou Caleb, le chanteur, tous sont généralement restés muets comme des carpes. Certaines filles pensant avoir trouvé les hommes de leur vie ont sûrement été déçues par ce manque de…communication. Peut-être peut-on les pardonner en se disant qu’ils n’étaient pas au courant que les gens du Québec ne se débrouillent pas si mal pour comprendre l’anglais! Par contre, j’ai une bien meilleure raison de les pardonner : on les aime pour leur talent et pour leur musique, pas pour la relation interpersonnelle qui les unit à leur public! Bien sûr, nos cœurs auraient été ravis que la voix chaude et réconfortante de Caleb s’intéresse à nos vies, mais sûrement qu’il avait d’autres chats à fouetter que de nous demander «Comment ça va, Montréal?» en cassant son français. Il faut d’ailleurs mentionner que Kings of Leon avait été sur le point d’annuler son spectacle quelques jours plus tôt, pour cause de chat dans la gorge du chanteur.
C’est à travers leurs chansons, leurs talents musicaux et l’esthétique de leur spectacle que les trois frères et leur cousin ont su nous démontrer qu’ils valent la peine d’être écoutés et d’être vus. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ce groupe des années 2000 a su remporter le Grammy Award de la Meilleure Chanson Rock et celui du Meilleur Enregistrement de l’Année. La musique de Kings of Leon crée un engouement exceptionnel chez celui qui l’écoute. Cette impression d’être en transe est restée imprégnée dans mon corps de longues heures après que je sois sortie de leur spectacle, comme si leurs chansons s’étaient incrustées en moi.
Peut-être était-on le 24 octobre. Peut-être que la pluie tombait encore sur moi à la sortie du Centre Bell. Peut-être que l’air froid faisait frissonner mon corps de haut en bas. Peut-être que mon portefeuille était absolument vide. Je ne me rappelle plus de ces détails. Je sais seulement que plus rien n’avait d’importance, sauf les images qui restaient imprimées dans mes yeux lorsque je fermais les paupières.

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