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Il était une fois, une petite fille qui n’avait pas de rêve et qui vivait dans un orphelinat. Un jour, alors que la directrice vint la border et lui souhaiter de beaux rêves, la petite fille répliqua :
-Mais je n’ai pas de rêve!
La directrice fut surprise de l’aveu de l’enfant.
-Allons, tout le monde rêve! Certains de la richesse, d’autres d’aventures.
La petite fille baissa la tête.
-Hé bien pas moi, répondit-elle en soupirant.
Ne sachant pas quoi répondre et ayant d’autres enfants à border, la directrice souhaita une bonne nuit à la fillette et éteignit la lumière.
Le lendemain matin, pendant le déjeuner, la petite fille raconta à ses amies ce qui s’était produit la veille. Toutes étaient tristes pour elle, mais personne ne pouvait l’aider à se trouver des rêves. Elles rêvaient toutes de nouveaux jouets durant la nuit!
C’est alors qu’un petit garçon s’approcha du petit groupe et prit la parole.
-Moi, je connais quelqu’un qui pourrait t’aider, dit-il à la petite fille. On l’appelle le tisseur de rêves. Il habite en haut de la plus haute montagne du plus long chemin et il parait qu’il peut coudre des rêves sur mesure!
La petite fille était très intéressée par cet étrange tisseur. Elle décida donc d’aller à sa rencontre et partit en cachette une fois la nuit tombée.
Avec son sac rempli de nourriture ainsi qu’une gourde d’eau prise dans la cuisine, elle entreprit son périple en marchant sur le plus long des chemins. Elle marcha et marcha longtemps, profitant de quelques arrêts pour casser la croûte.
La pauvre avait mal aux pieds et ses chaussures se brisaient un peu plus à chaque pas, mais qu’importe : elle tenait mordicus à avoir un rêve. C’est important, des rêves d’enfants!
Au bout de deux jours et deux nuits, elle arriva enfin à la fin du plus long chemin et se retrouva devant la plus haute montagne.
Après une inspiration de courage, elle entreprit la montée. Elle grimpa et grimpa, profitant de quelques arrêts sur de larges parois pour casser la croûte et se reposer.
Plus elle montait, plus elle se fatiguait. Ses trous dans ses chaussures lui faisaient des ampoules et elle avait de plus en plus froid. Au bout du troisième jour, elle n’était plus sûre de vouloir un rêve.
Elle regarda vers le bas et se rendit compte qu’elle avait grimpé plus de la moitié de la montagne. Et puis, le bas était très bas! Elle avait bien prévu la monter, mais pas la descendre! Comment allait-elle faire pour regagner la terre ferme?
Assise contre une paroi, la petite fille pleura.
Comment vais-je retourner chez moi, se demanda-t-elle.
Épuisée, elle s’allongea et prit son sac en guise d’oreiller.
Lorsqu’elle se réveilla, elle n’était plus sur la paroi, mais dans une grotte, près d’un bon feu.
-Bonjour? demanda-t-elle.
Aucune réponse. Elle se leva et sortit de la grotte.
-Bonjour?
Soudain, une voix répondit à son bonjour. Elle leva les yeux et aperçut une silhouette assise en tailleur sur le dessus de la grotte.
-Bonjour, je cherche le tisseur de rêve, dit-elle en grimpant. J’ai besoin d’un rêve.
Les nuages disparaissaient tranquillement, pour laisser place à un homme vêtu de bleu, muni d’une cape et d’un grand haut de forme noir. Il était d’ailleurs en train de tisser un grand rêve avec des bouts de ciel.
-Je suis le tisseur de rêve, dit-il. Je tricote, je couds et je tisse tout ce que tu désires et même l’inimaginable.
Lorsque le tisseur posa les yeux sur la petite fille, il sursauta.
-Mais, tu es une enfant! Je ne tricote pas des rêves pour enfants! Je tisse seulement pour les grandes personnes, moi. Je fais des rêves de voitures, de billets de lotos gagnants, de grandes maisons, je n’ai pas de tailles enfants! C’est la première fois que j’ai une demande pareille! Les enfants sont faits pour rêver, ils n’ont pas besoin de moi. Lorsqu’ils grandissent et deviennent des grandes personnes, ils ne rêvent plus. Alors j’en fabrique pour eux.
Le tisseur finit de parler en même temps qu’il acheva son ouvrage. Il l’attacha à un courant d’air qui fila vers le bas. C’était un rêve pour une dame qui s’ennuyait au travail.
La petite fille supplia le tisseur de lui faire un rêve et il accepta, en espérant qu’il pourrait reprendre son travail au plus vite. Il commença par mesurer la tête de la petite et prit sa plus petite aiguille. Après avoir attrapé un bout de nuage qui passait par là, il commença son travail. La fillette était émerveillée de voir à quelle vitesse le tisseur construisait son œuvre.
Quelques secondes plus tard, un petit cheval en nuage prit forme sous ses yeux.
-Voilà, dit le tisseur. Les enfants aiment les petits poneys, non?
-Il est très beau, dit la petite fille. Mais ce n’est pas le rêve que je cherche.
Offensé, le tisseur entreprit un autre ouvrage. De ses mains agiles, il sortit une superbe poupée.
-Elle est très belle, dit la petite fille. Mais ce n’est pas le rêve que je cherche.
Exaspéré, le tisseur demanda alors à la petite fille ce qui lui ferait plaisir. Le problème, c’est qu’elle ne le savait pas. Comment pourrait-elle savoir si elle n’avait jamais rêvé auparavant? Dans l’espoir de trouver une idée, elle demanda au tisseur ce qui lui ferait plaisir.
Le créateur de rêve prit quelques minutes pour y penser. Personne ne lui avait jamais posé cette question avant. Et il n’avait jamais tricoté de rêve pour lui-même! il finit tout de même par répondre :
-Je crois que j’aimerais bien avoir quelqu’un pour rester avec moi.
Le visage de la petite fille s’illumina.
-Moi aussi! C’est ce que je veux!
-Malheureusement, c’est impossible, reprit le tisseur. Je peux créer bien des rêves de choses matérielles, mais un ami, c’est autre chose.
Le visage de la petite fille se décomposa et elle baissa la tête.
-Ho, d’accord…dit-elle en ramassant son sac. Alors j’ai fait tout ce chemin pour rien?
Le tisseur soutenait son regard, mais ne savait pas quoi dire. Déçue, la petite fille lui dit quand même « merci » avant de commencer à descendre.
-Attends, dis le tisseur. C’est dangereux, tu pourrais tomber. Si tu le souhaites, tu peux rester avec moi. Je…je pourrais t’apprendre à imaginer et tisser de bons rêves! Et avec ton imagination d’enfant, tu pourrais coudre pour les petits.
La fillette sauta de joie! Elle accepta avec grand bonheur l’offre du tisseur et vint s’asseoir juste à côté de lui.
Les jours, les semaines et les mois passèrent et la petite fille devint une excellente tisseuse, pour le plus grand bonheur du tisseur. Le jour, ils jouaient et la petite suivait ses cours de tissage et le soir, elle mettait ses notions en pratique, sous le regard bienveillant de son ami.
Un soir, alors qu’ils étaient en train de tisser, le faiseur de rêves posa son bras autour des épaules de la petite fille, comme un père ferait pour réchauffer son enfant.
-Tisseur?
-Oui, répondit-il.
-Je crois bien que c’est toi, mon plus grand rêve.
Fin.
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