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Il faisait chaud, immensément chaud. Je tenais entre mes mains la pioche avec laquelle je martelais la pierre comme un forcené. Le sable, poussé par le vent, frappait mon corps tel un fouet et s’immisçait dans mes yeux qui brûlaient terriblement. J’étais épuisé, assoiffé, affamé. J’avais tout perdu: ma femme, mes enfants et mon honneur, tout cela à cause d’une horrible manipulatrice qui avait ruiné ma vie. Je ne pouvais compter le nombre de fois où, après mon travail d’esclave, j’étais jeté dans ma cellule telle une bête, et comme a l’habitude, le gardien ne se gênait pas pour me lancer une multitude d’injures passant de racisme aux menaces de mort. Cela caractérisait les bons jours, les mauvais jours, cependant étaient un amalgame de douleur et de coups sans fin.
Aujourd’hui était un de ces mauvais jours, je ne pourrais dire la raison de la mauvaise humeur du soldat, peut-être, avait-il eu une dispute avec sa femme ou bien une opportunité de travail autre que le centre de détention Serth A79. Ainsi, rien de mieux pour ce gardien de faire, d’un alien comme moi, un véritable bouc émissaire. Il me poussa dans ma cellule et dégaina sa matraque qui commença instantanément à briller d’un bleu azur. L’électricité se propageait dans l’air accompagnée de ce craquement distinct que j’avais entendu bien trop souvent. Le gardien avait ce sourire moqueur collé sur son visage et je me tenais là, les poings serrés, prêt à subir son joug pour la millième fois. Il s’approcha de moi et avant que je ne puisse réagir, il m’assena le premier coup. L’électricité se propagea en moi dans un éclair de douleur intense qui me fit immédiatement tomber au sol. J’étais sonné, je tentais de me relever, apparemment mon agresseur pensait autrement et utilisa le métal de sa matraque sur ma tête pour me neutraliser. Mes muscles cédèrent de nouveaux, je me roulais légèrement sur le côté pour protéger ma tête et reçu un coup dans le ventre. L‘air s’échappa de mes poumons d’une rapidité qui me laissa haletant, le sol de ma cellule m’apparaissait tel une simple tache de couleur. Plus rien n’était net à part la douleur qui transperçait mon être. Le tambourinement de mon cœur masquait ce que je me faisais crier, ma fureur brûlait si fort. Je voulais lui faire subir mon courroux, le faire saigner, cependant tout était meilleur que le trou. Chaque prisonnier savait qu’il était préférable de se faire casser tous les os plutôt que de se retrouver en isolement. La douleur continuait et mes papilles gustatives étaient irradiées par le goût du fer. Après ce qui me paraissait comme une éternité, le garde en eu assez et quitta la cellule me laissant sanglant tel un misérable insecte à moitié écrasé tentant de se relever sur ses frêles et piètres jambes. La douleur m’empêchait de bouger, je ne pouvais que cracher le sang et trouver du réconfort dans la froideur du béton. Je fermais mes yeux et attendis que la douleur se dissipe assez pour que je puisse me remettre sur mes pieds.
– Nos’ai, j’ai ressenti une perturbation dans les filaments de votre être, tout va bien? Une douce voix résonnait dans ma tête. C’était ma confidente, l‘enfant des étoiles qui veillait sur ma misérable existence depuis son apparition. Je me relevai avec difficulté, analysant mes blessures et leur gravité.
– Ne vous inquiétez pas, c’est habituel. Mon regard se posa sur ma main, mon auriculaire était bloqué dans une position peu naturelle, je grimaçais et le replaçais en un lugubre craquement. Une de mes antennes, comme les humains l’appellent, était totalement écrasée et mes ailes étaient brûlées par l’électricité. Ces blessures ne changeaient pas vraiment quoi que ce soit, j’avais déjà perdu l’habilité de les utiliser la première journée après mon incarcération lorsque le garde les avait piétiné.
– J’ai pensé à ce que vous m’avez proposé et je doute que j’aie l’autorité pour vous sortir d’ici.
– Étonnant venant de l’enfant des étoiles. Vous avez l’influence d’un empereur, déesse aux yeux des mortels et l’incarnation de la justice, si vous n’avez pas de l’autorité qui, dans ce piètre univers, le possède? Il eut un silence et je me traînai jusqu’à mon lit de béton. Vous savez, c’est votre devoir de faire régner la justice. Ne trouvez-vous pas que ma situation montre la corruption instaurée par l’ancien enfant des étoiles? Un homme innocent traité comme un déchet puisque ses origines dérangent. N’est-ce pas horrible?
– D’accord, donnez-moi une semaine Nos’ai.
Un sourire étira mes traits déformés, enfin. Enfin, j’allais être libéré de cet enfer. Les jours passaient et je ne pouvais que me réjouir… La journée où elle apparut à la porte de ma cellule fut le meilleur jour de ma vie, elle était éblouissante et je sentais en elle la traîné de ma liberté. Le garde déverrouilla la porte et me mit les menottes aux poignets.
-Bonne matinée! Je nous ai obtenu une audience avec le directeur de la prison et la coalition. Je lui souris et nous nous dirigeâmes vers les bureaux. L’enfant des étoiles marchait devant moi, je passais mes menottes autour de son cou et poussai dans son dos avec mon pied. Elle suffoquait et empoigna instinctivement la chaîne pour essayer de faire de l’espace en vain. Bientôt, elle ne bougeait plus, quelle fragilité… Son corps, allongé sur le sol, commença à briller et la lumière, telles des lucioles, commençait à flotter vers moi. Je sentais la puissance entrer en moi, la puissance des étoiles. Ma revanche, finalement. Avec la force surnaturelle conférée par ma victime, j’écrasais les poumons de chacun sur mon chemin. Lorsque j’arrivai au bureau, le directeur trônait sur sa chaise, avec mes nouvelles acuités, je l’écrasais avec le poids de son bureau. Un papier s’envola à cause de l’impact et je l’attirais vers moi.
Nos’ai est jugé coupable de trafic d’humain et de multiples autres races. Il est également coupable de trafic de stupéfiant et d’agression à mains armées.
J’éclatai de rire, ma main commença à chauffer et, bientôt, le papier se transforma en cendre dans ma paume. L’univers était désormais mon trône et j’en ferais mon terrain de jeu. Je suis un dieu, le seul et unique dieu. Il ne restait plus qu’à tuer la femme qui avait réussi à s’échapper et à me dénoncer. Je suis l’enfant des étoiles, le monde brûlera sous ma justice.
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