Coup de tête

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J’écris ces lignes avec nostalgie et amertume derrière les barreaux de ma cellule au pénitencier de sécurité maximale de l’état du New Jersey. Je m’appelle Cassio Florenzana, mes deux choses préférées dans la vie sont les pâtes et l’argent.

Avant mon incarcération bien méritée, j’étais un des boss les plus craint et respecté de la famille mafieuse la plus prolifique du New Jersey. J’écris mes mémoires pour partager aux intéressés ma sanglante ascension dans cet univers caché qu’est le monde interlope.

Je suis né en 1950 dans un petit village de Sicile. Mon père travaillait la terre et ma mère était femme au foyer. J’ai eu une enfance relativement heureuse malgré les tumultueuses querelles qui éclataient parfois avec les gamins des autres villages. Ces bagarres me forcèrent à devenir plus fort et vigoureux, des qualités qui allaient m’être bien utiles plus tard.  Notre famille n’était pas démunie, mais nous étions pauvres, c’est pour cette raison que nous avons immigré aux États-Unis en 1965. Nous nous sommes établis à Camden, une ville d’apparence sereine, mais dissimulant une pernicieuse criminalité. Mon père m’avait dégoté un travail dans une bijouterie, il pensait que le propriétaire, qui venait de Sicile lui aussi, était une personne recommandable, mais son train de vie secret était loin d’être louable. Le propriétaire Sam Giancarlo était un chef un peu stéréotypé de la mafia locale. Un peu bedonnant, les bagues aux doigts, une chaîne au poignet et au cou, je me demandais comment mon père avait pu voir en lui quelqu’un qui se pliait aux lois. Sam Giancarlo était toujours accompagné de plusieurs de ses amis. Lui et ses hommes portaient de beaux complets et des bijoux en or et en argent qui étincelaient, c’était tous des bandits et des malfrats. Moi je les enviais, ils avaient de l’argent, des femmes et pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient. Je faisais le ménage et je nettoyais les bijoux, j’étais heureux de faire un peu d’argent de poche pour aider ma famille, mais je voulais être riche pour le pouvoir que le fric rapporte. Sam m’appréciait, je ne posais pas de question sur les affaires louches de la boutique et je travaillais bien.

Un jour, il me présenta un autre jeune du nom de Tommy, il venait de la Sicile lui aussi. Une amitié entre Tommy et moi débuta, un de nos points en commun était l’admiration des gangsters. Mon jeune ami faisait de petites affaires illicites sous les ordres de Sam comme faire des livraisons de pistolets et d’argent. Très vite, il m’embarqua dans le crime et le boss m’accepta sous ses ordres. Nous étions jeunes, mais malgré ça, Sam Giancarlo nous faisait confiance et nous nous sentions intouchables, j’adorais ce sentiment. Les garçons du quartier nous avaient embêtés une fois et à nous deux, nous leur avions infligé une douloureuse correction, c’était à notre tour de nous faire respecter. J’empochais de plus en plus d’argent liquide et mes parents commençaient à s’inquiéter quand ils avaient remarqué mon vélo flambant neuf et mes chemises habillées fraîchement sorties du tailleur. 1975, dix ans plus tard, Tommy et moi faisions partie des mafieux les plus respecté et craint en ville. C’était nous qui avions maintenant les beaux complets et les bijoux hors de prix. J’avais personnellement exécuté 7 personnes pour le compte du Boss Giancarlo et nous rapportions beaucoup d’argent à la famille en braquant des convois de marchandises de luxe ou en taxant les bars du coin. J’avais acquis une notoriété d’homme impatient et rapide sur la détente ce qui m’avait valu le surnom du « Pointeur ». Nous étions assez importants pour nous faire officiellement affranchir au sein du Clan Giancarlo et étions intouchables des autres bandits par ce statut. Quand bien même si quelqu’un essayait de nous prendre pour d’autres le salaud ne repartait pas sans ses deux jambes fracassées. Mes parents ne voulaient plus me voir, mais je n’en avais plus rien à faire. J’étais riche, ambitieux et prêt à tout. Une nuit, j’étais à cette même bijouterie où je travaillais dix ans auparavant. Je buvais un café avec le boss, Tommy et Angelo Enucci, un gars qui aurait vendu sa mère pour être affranchi, mais qui n’avait jamais mérité cet honneur. Nous discutions pâtes et vin quand une voiture arrêta devant la vitrine donnant sur la rue. Sentant que quelque chose clochait, je sortis mon .45, mais les hommes de la voiture furent plus rapides et ils ouvrirent le feu avec des armes automatiques. Je sautais au sol en attrapant Sam Giancarlo pour le protéger. Tommy et Angelo se cachèrent derrière le minibar et ouvrèrent le feu vers la voiture qui partait déjà à pleins gaz. Quand le chaos fut tombé, je remarquais que le boss avait été touché plusieurs fois, il était mort. Quelques jours après l’attaque, nous l’avions enterré dans des funérailles grandioses qui avaient accueilli tous ses proches. J’avais essuyé une larme, mais j’avais saisi l’opportunité pour prendre la tête de la famille Giancarlo avec l’indéniable support de mon meilleur ami Tommy. Il avait convaincu tous les membres de la famille sauf Angelo Enucci qui, un peu plus vieux que moi pensait que ce titre lui revenait.

Un jour, ma carrière prit une triste fin. Angelo avait dépassé les limites en tentant de tourner la famille contre moi, sans succès. Évidemment, j’en étais venu à la conclusion qu’il était temps de lui faire la peau. J’avais débarqué chez lui dans un quartier assez nanti d’une banlieue de Camden. Il était là, ce rat, il m’avait chaleureusement salué et offert un verre de vin. Je lui avais souri et l’avais remercié avant de lui mettre trois balles dans la tête. On avait déguerpi rapidement par la suite, mais le coup de feu avait réveillé une prostituée qu’Angelo avait ramenée la veille. Elle nous avait vus nous enfuir par la fenêtre et elle m’avait reconnu. « Cassio le pointeur Florenzana », chef de la famille mafieuse Giancarlo arrêté pour meurtre, première page du journal du jour suivant.

Avec ma réputation et le désir d’Angelo de me voler la place de Boss, j’avais un solide motif pour le meurtre en plus du témoin. Le juge m’avait déclaré coupable et j’avais écopé de 30 ans de prison ferme. Tommy était devenu le boss et j’étais heureux pour lui.

Et me voilà à écrire ces lignes sur un bout de papier que je ne publierai jamais. Mon histoire sans censure, merci.

 

Cassio « Le Pointeur » Florenzana criminel de métier.

 

 

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