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Dominique Demers est surtout connue pour ses romans de style jeunesse. Par contre, l’auteur a aussi écrit quelques livres pour adultes dont Là où la mer commence réédité en 2011 par les éditions À Vue d’œil. Ce roman est en fait une réadaptation, qui se veut plus actuelle, du classique La Belle et la Bête de Mme Leprince de Beaumont. L’histoire se déroule en 1901 au Manitoba et à Québec. Un fait intéressant est que l’écrivaine se sert de lieux réels pour décrire son histoire. En fait, le récit se déroule sur le bord du fleuve St-Laurent dans l’Anse à l’Orignal et les alentours. C’est donc en faisant intrusion dans l’univers d’une adolescente de seize ans au cœur brisé que nous découvrirons rapidement ce que renferme un livre que lui a offert sa grand-mère Florence.
Le récit commence avec un billet de train offert à la jeune fille de la part de sa marraine qui lui est alors inconnue. Cette dame, prénommée Maybel désirait, en fait, connaître Marie à qui elle envoyait des présents chaque année par courrier. Maybel était la meilleure amie de sa grand-mère. Elle apprit sa charge de marraine par une lettre et accepta sans hésitation. C’est au cours de son voyage en train la menant vers une femme qu’elle n’avait jamais vue que l’adolescente ouvrit le livre que lui avait confié sa grand-mère. « Le cahier de Florence », se trouve à être le journal de sa grand-mère lorsqu’elle avait environ son âge. Il renferme alors l’histoire de Maybel à l’intérieur de ses couvertures. Florence rencontra Maybel, puisqu’elle fut la première à vouloir connaître les nouveaux arrivants de son village, soit Florence et sa famille. Très rapidement, les deux filles ont développé des liens. Maybel vivait dans une famille peu conventionnelle. C’est-à-dire que sa mère était partie avec un autre homme, dès son très jeune âge, laissant son père seul avec la fillette. Elle s’était donc fait élever par son père et sa tante, que le village appréciait peu. Puis, avec les années, le Quêteux, qui n’avait pas de nom, est venu se greffer à la famille. La jeune Maybel, qui était magnifique, se faisait alors pointer du doigt pour deux raisons, soit sa beauté hors du commun ou sa famille déséquilibrée. Puis, une famille européenne emménagea tout près du village et tout le monde était bien curieux de savoir de quoi ils avaient l’air. La famille Grant n’était constituée que d’un père et son fils. William Grant était un jeune homme mystérieux qui portait un masque lui voilant tout le visage. Sa famille vivait totalement à l’écart des autres jusqu’à ce que Maybel, éprise de curiosité à son égard, aille à sa rencontre. C’est à ce moment que la complicité s’installe entre les deux jeunes. William était un être simple et émerveillé par la nature, un peu comme Maybel, c’est pourquoi il lui proposera une chasse au trésor leur permettant de faire connaissance de façon énigmatique et romantique à la fois. Celle-ci deviendra le centre de leur histoire qui nous rappellera le conte de La Belle et la Bête. Une histoire d’amour et de haine, de curiosité et de mystère, de joie et de peine.
Là où la mer commence est un roman qui est, selon moi, une reproduction très originale du conte que l’on connaît de Mme Le Prince de Beaumont. Par contre, je ne le qualifierais pas de roman pour adulte. Il est évident que certains passages pourraient être quelque peu dérangeants pour un enfant en jeune âge, mais le style d’écriture plutôt enfantin de Dominique Demers demeure très présent dans ce roman: « J’avais seize ans, j’étais amoureuse et je voulais mourir […] ». Ce que j’essaie d’exprimer est le fait que les étapes de vie exposées sont directement adressées aux adolescentes, du moins, plus qu’aux adultes. Par contre, les descriptions qui parsèment le livre sont très bien écrites et permettent aux lecteurs de pouvoir se faire une image précise de la place, des gens ou de l’action: « C’est dans ce pays de pics somptueux et de caps battus par une mer enragée, dans ce royaume d’islets révélés par la marée, d’anses secrètes, de marais grouillant de chevreuils et de petites baies envahies par le tumulte des goélands et les hurlements des loups-marins…». De plus, il est évident que Maybel et William Grant représentent la Belle et la Bête par leurs personnalités et leurs situations. Pour commencer, Maybel est toujours représentée comme un être d’une beauté authentique et ludique à la fois. De son côté, William est décrit comme une personne ayant un comportement animalier et mystérieux. La curiosité incontrôlable de Maybel et le côté secret de William sont en fait deux éléments complètement opposés qui les rendent encore plus attachants.
Bref, ce roman a été une sorte d’échappatoire à ma réalité. Les descriptions m’ont permis de vivre l’histoire comme un témoin et donc de vivre les émotions en même temps que les personnages du récit. Quoique l’histoire soit la reprise d’un classique, il m’a beaucoup plu de la lire. Le seul point sur lequel je me suis accrochée est le groupe d’âge auquel ce roman est adressé. J’ai trouvé que ce roman était plutôt destiné aux adolescents qu’aux adultes. Néanmoins, il a su réveiller en moi la petite fille rêveuse par la relation qui existe entre Maybel et William. Le conte de La Belle et la Bête a été repris en dessin animé par Walt Disney et a inspiré une multitude d’autres récits, il a même été traduit en comédie musicale grâce à Disney. Plusieurs versions ont été créées, la plus récente étant celle qui s’est déroulée sur l’une des scènes de Disney Land en 2011. Tout cela prouve qu’une simple histoire dotée d’une morale peut être reprise encore et encore sans que le public ne s’en détache.