Biutiful et percutant … par Katy Ferron

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             D’origine mexicaine, Alejandro González Iñárritu est le premier de sa nationalité à être nominé en tant que meilleur réalisateur aux Oscars. Il a non seulement réalisé quatre longs métrages, mais aussi produit huit films dont trois qu’il a lui-même réalisés. Biutiful, sa dernière œuvre sortie en 2010, ne montre certainement pas les beaux coins ensoleillés de Barcelone, une ville éminemment touristique, mais fait plonger les spectateurs dans les confins et l’obscurité des ruelles où est présentée fidèlement  la misère humaine. Javier Bardem, l’acteur principal, joue le rôle d’un homme prisonnier d’un drame social où des immigrés illégaux souffrent et où sa propre famille ne tient qu’à un fil.

            En effet, son personnage, Uxbal, est un père de famille, obligé d’élever ses deux enfants seul par l’incapacité de sa femme, alcoolique et dépressive chronique, à s’occuper de sa famille. Pour répondre aux besoins de la sienne, il fait du trafic parmi les immigrés sénégalais et chinois tout en exerçant son talent pour la voyance pour aider les morts à rejoindre l’au-delà. Apprenant qu’il est lui-même atteint d’un cancer de la prostate, il voit sa santé se dégrader sous les yeux de ceux qu’il aime. Il se doit dorénavant de jongler avec un frère qui profite de la vulnérabilité de sa propre femme, avec le fantôme d’un père qu’il n’a jamais connu ainsi qu’avec l’avenir incertain et la pauvreté de ses enfants.  Condamné, il erre parmi ses souvenirs. Il est incapable de connaître la place qu’il aura dans l’esprit de ceux qui lui sont chers. Le film se finit tel qu’il a commencé, une bague s’échangeant de la main du père à celle de sa fille Ana, ce qui enferme symboliquement ses personnages dans une spirale sans fin.

            Par les sujets d’un profond malheur tels que la mort, la maladie ou la misère, le sens dramatique de l’œuvre y est à son comble. Il y a tant de souffrance que les problèmes d’Uxbal réussissent à l’étourdir, lui qui cherche à survivre dans un monde qui ne promet que le contraire. Son don, qui consiste à parler avec les morts pour les faire aller en paix, est en opposition avec ce qu’il souhaite pour lui-même : il ne veut pas mourir, il n’accepte pas sa maladie. Le réalisateur, Alejandro González Iñárritu, n’a surtout pas voulu faire de son film une idéalisation de la réalité, il a plutôt montré ce qui se produit dans les quartiers pauvres des grandes villes. La musique de Gustavo Santaolalla, accentuant la mélancolie et le sens dramatique, accompagne le personnage principal dans sa dérive, dans l’épave d’un homme qui cherche désespérément à laisser une marque indélébile dans l’esprit de ses enfants alors que lui-même n’a aucun souvenir de sa mère. D’un point de vue plus social, les bas-fonds d’une société sont montrés au grand jour, mais dans leur plus grande noirceur, soit derrière la belle façade qu’est Barcelone. Des Chinois sans aucun statut sont entassés dans un sous-sol et des Africains coincés dans des taudis illustrent les fondements de cette réalité cachée, de cette société malade, à l’image du père de famille. Plusieurs scènes d’une cruauté frappante comme, par exemple, une descente par des policiers expliquent la peur chez ses gens. Pour le personnage principal, ce sera la mort, lente et pénétrante, qui fera naître en lui cette angoisse, rendant le drame omniprésent et universel de cette œuvre.

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1 thought on “Biutiful et percutant … par Katy Ferron”

  • J’ai trouvé ce film plus percutant que biutiful… percutant comme la mort par la balle d’un fusil… j’imagine… sans appel… La mort lente dans la Grande Misère humaine qui appelle au secours dans le désert de l’indifférence… ouf… film difficile à vivre…

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