Claude Pinard ou la beauté de la censure

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Je pouvais lire dernièrement sur le site de Radio-Canada: Les parlementaires condamnent de façon unanime les propos tenus mardi par le député péquiste Claude Pinard, qui a affirmé qu’une partie de la population ne voterait pas pour la chef du Parti québécois, Pauline Marois, parce que c’est une femme. »

Qu’est-ce encore que cette censure dernier cri ? Le député en question a-t-il déjà dit qu’il était contre le fait qu’une femme devienne Premier ministre? Non. A-t-il déjà dit qu’il se réjouissait du fait que d’après lui plusieurs Québécois seraient encore réticents à élire une femme comme Premier ministre? Non. Combien de fois de tels propos ont-ils été beaucoup mieux acceptés de la part de femmes de valeur comme Janette Bertrand ou Françoise David. Comme si ironiquement la couverture médiatique de l’événement venait prouver à Claude Pinard combien il se trompe. Au Québec, sur certains sujets, la critique semble beaucoup plus acerbe lorsque les propos sortent de la bouche d’un homme. C’est aussi cela qu’il faut constater.

Revenons sur la difficulté d’être femme et Premier ministre au Québec. (Il semble que l’expression même soit difficile à féminiser…) Si Claude Pinard a juste un peu raison, ce sont les Québécois concernés qui devraient vraiment se remettre en question pour que notre société continue d’évoluer. Et si Claude Pinard a tout à fait tort, c’est que les Québécois ont davantage évolué qu’il ne le croit depuis 50 ans et c’est tant mieux. Rien à voir avec des propos condamnables… Et si ce n’était pas habile, ça avait au moins le mérite d’être sincère, valeur que plusieurs prétendent tant rechercher dans notre société.

Je trouve ça inquiétant quand, au Québec, on censure la liberté de réfléchir et de se poser des questions ouvertement sur notre société, quelle que soit la question posée. Sans doute Claude Pinard s’est-il trompé, comme plusieurs le pensent, et l’essentiel du problème est ailleurs en ce qui concerne les raisons de l’impopularité de Pauline Marois. Mais de là à condamner les propos de ce député et à lui demander de présenter des excuses, comme j’ai entendu de certaines bouches, c’est aller beaucoup trop loin. Censurer des propos haineux, racistes, sexistes ou discriminatoires ne me cause pas problème, mais encourager les gens à censurer leur propre capacité de réfléchir, encourager une société à ne pas se poser de question sur elle-même, au-delà de toute partisannerie, ça, ça me cause un véritable problème.

Désolé d’avoir écrit; sans doute mes propos seront-ils mal reçus par certains. Sans doute aurais-je dû censurer ma pensée…

Philippe Davidson, professeur, Arts, littérature et communication, Collège Shawinigan

Paru dans Le Nouvelliste, Opinion des lecteurs, 5 novembre 2011, page 19.

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