CONTES ALLÉGORIQUES ET ÉLOGES DIFFAMATOIRES de Lysandre Tremblay… Écoutez «Sardine»

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Écoutez «Sardine» lu par l’auteure: Sardine

L’Ogre Agresseur

L’ogre à l’œil vicieux

À la bouche gloutonne

Il approche les cieux

Et eux le pandémonium
Encagés, emmurés

Par la peur, par l’emprise

Du Prince de la cruauté

Du Roi de la gourmandise
Leurs corps ecchymosés

Témoins de la violence

Leurs esprits paralysés

Noyés dans une transe

Grognant et grinçant

Grotesque ogre se gratte la panse

Repu, se berçant

Il éclate d’un rire las, car à son repas il repense

Monstre saboteur

Il les décapite de leur avenir

Fier sans-cœur

Il faut le punir

Escamoteur sans limite

Il les guillotine de leur confiance

Lui, habillé par le démérite

Eux, habités par la méfiance
Le géant croqueur d’enfants

Il les découronne de leurs rêves

Sans leur consentement

Il les achève
Sans un mot

Sans regret

Il quitte ses martyrs au repos

Les contraignant au silence, pour toujours et à jamais

 

Sardine

(Écoutez le poème lu par son auteure ici: Sardine)

Née de l’écume marine

Prisonnière des flots

Sur une grève se languit

Une fille à la peau de nacre

Chalutier sans fortune

Aperçois le galbe d’un sein, l’arc d’un dos

Qui appellent à l’étreinte

D’un amour naïf

L’affriolante créature

Offre à son spectateur

La vue de ses hanches rebondies

Qui réclament sa compagnie

Aguicheuse dame des eaux

Comme une alarme de beauté

Son corps crie ses courbes

Ses yeux noient celui qui s’y plonge

 

Allumeuse des profondeurs

Elle hypnotise par sa grâce

Elle ensorcèle par sa voix

Elle envoûte par son charme

 

Tentatrice affamée

Elle s’amuse à tes dépends

Elle se rit de ton amour

Elle se joue de toi

 

Dévoreuse d’homme

Mante religieuse

Sanguinaire immorale

Croqueuse de piété

 

Séductrice sirène

Siffle sa sérénade

Au marin miséreux

Qui se meurt de mourir

 

Navigateur en eaux troubles

Tu te laisses charmer

Par l’enjôleuse femme-poisson

Corruptrice de pêcheurs

 

Tu tombes dans ses filets

Et t’emmêles dans les tiens

 

 

Langue Fourchue

Les imprudents, les intrépides

Les braves et téméraires

En quête d’un monstre terrifiant

D’une créature aussi perverse que laide

 

Sale langue de vipère

Elle siffle ses sarcasmes

Du haut de son arrogance

Veillant d’un œil mauvais

 

Elle vit dans sa citadelle sans fenêtre

Une forteresse solitaire

Un palais de marbres

Un musée de statues

 

Chevelure ondoyante

Têtes de serpents

Son scalp sans pitié

Pétrifiait les audacieux

 

 

Dans un coin reculé du pays

Au fond d’un boisé sinistre

Au relief hasardeux

Subsistait une bien humble chaumière

 

Cette maisonnette miteuse

À la cheminée fumante

Était le modeste logis

D’une femme détestée de tous

 

Une vielle dame sans le sous

Pour acheter ni brosse ni ciseaux

Ainsi en permanence ses cheveux, sur sa tête dressés

Dans son hirsute crinière des serpents semblaient danser

Elle fuyait médisance

Elle craignait persiflage

Elle redoutait chaque jour

L’arrivée de la fin

 

Dans son abri délabré

Elle se pliait sur la paille

Aux côtés des dernières braises

Qui rougissaient dans le poêle

 

Loin des rumeurs de la ville

Elle s’assoupit sur le sol froid

Dans ses grands jupons de toile

Sous la charpente d’un toit inachevé

 

Dans sa demeure en ruine

Elle ne vivait pas seule

Son  visiteur était saisonnier

Elle cohabitait avec l’Hiver

 

Elle pensait bien le connaître

Pourtant elle n’aurait jamais dû lui faire confiance

Il arriva par un matin glacial

Il la prit par surprise

 

Le chuintement du vent entre les planches pourries

Masqua le bruit de sa dernière plainte

Son corps cessa brusquement ses tremblements désordonnés

Car l’Hiver l’avait assassinée

 

 

Le Bûcher

Je connais un oiseau rouge

Aux plumes flamboyantes

Au tempérament enflammé

Aux étincelles dans les yeux

 

Je connais un oiseau rouge

Avec un courage ardent

Avec une brûlante rage de vivre

Mais avec un vice qui le consume

 

Une douleur infernale

Comme une fumée qui l’étouffe

Qui le cloue au sol

Qui le tue à petits feux

 

Majestueux phénix

Ses ailes sont incendiées

Sur le bûcher, sa liberté s’embrase

On entend le crépitement de rêves qui s’écrasent

 

Un souffle caniculaire le dérobe à la vie

Tout son être vole en éclats

En un instant, il s’incinère

Combustion spontanée

 

Sa parure maintenant poussière

Sur le sol s’attise

De ses cendres renaît

L’oiseau rouge que je connaissais

 

 

Je

 

Je suis impulsive

Je dis

Je parle

Je crie

 

Je suis chaotique

Je pleurs

Je ris

J’ai peur

 

Je suis une tortue

Je porte ma maison sur mon dos

Elle est lourde sur mes épaules

Elle écrase mes os

 

L’étendue de la perte

La perte de mes sens

Mes sens qui se bloquent

Blocage

 

Une cage

Barrée à double tour

J’ai caché les clés

Le gardien est sourd

 

Je suis gardienne, je suis prisonnière

Je suis enfermée dans moi-même

J’aboie ma peine

Car j’ai mordu la main qui m’a nourrie

 

J’ai été humiliée

Par ma stupidité

J’ai été empoisonnée

Par ma bêtise

 

Je ne mens pas

J’omets

Je n’oublie pas

Je choisis d’ignorer

 

J’ai une plaie ouverte

Une cicatrice laide

Qui ne guérit pas

Qui s’étend sous ma chair

 

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2 thoughts on “CONTES ALLÉGORIQUES ET ÉLOGES DIFFAMATOIRES de Lysandre Tremblay… Écoutez «Sardine»”

  • Tu écris tellement bien Lysandre. Ton écriture est très expressive ! J’apprécie plus particulièrement ton poème *Je* , car il est très personnel et qu »il doit avoir été quand même difficile à écrire.

  • J’adore chacun de tes textes! Ils donnent tous une impression différente et sont remplis d’images, on croirait voir un film dérouler sous nos yeux! Les figures de style sont très bien utilisées et l’ambiance pour chaque poème nous fait rêver. Ne gaspille pas tes talents, Lysandre! Je t’incite à continuer là-dedans!

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