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Les personnages de Tremblay sur les planches à Shawinigan
Le samedi 10 décembre dernier, les Shawiniganais ont pu assister à une œuvre signée Michel Tremblay, Thérèse et Pierrette à l’école des St-Anges, une des vingt-sept pièces de théâtre qu’à pondues Tremblay. Cette histoire en lien avec ses fameuses Belles-sœurs, a été mise en scène par Serge Denoncourt, homme qui a entre autre fait la mise en scène de l’humoriste-magicien Arturo Brachetti. La troupe de théâtre DUCEPPE qui fait environ cinq pièces par année, a rendu hommage une fois de plus, à un de leur dramaturge favori. Cette troupe est composée de plusieurs comédiens du grand écran dont entre autres; Catherine de Léan, Sébastien Huberdeau, Lynda Johnson et Geneviève Schmidt.
La pièce raconte l’histoire de Thérèse et Pierrette, deux jeunes filles d’une dizaine d’année environ, vivant dans les années 40, elles sont instruites par les religieuses. C’était des années sérieuses, où l’éducation se faisait de façon ferme, quelques fois un peu trop. Des enseignantes qui par un sentiment de peur imposé à leurs élèves, réussissent tant bien que mal à garder une autorité impeccable. Femmes sévères, l’institution n’est pas un endroit fait pour le plaisir, mais bien pour la discipline, chose que les dirigeantes de l’école répètent sans cesse. Cette intimidation, provoquera éventuellement la rébellion chez les jeunes demoiselles. Cette œuvre met aussi, bien en évidence tout le chemin parcouru par la gent féminine depuis ces années et l’émancipation qu’elles ont prises par la suite.
Louise Campeau a opté pour un décor oppressif, du gris au brun, la conceptrice nous fait bien ressentir l’effet pesant de l’intimidation en ajoutant une clôture sur scène, elle met l’accent sur l’effet de contrainte, d’infériorité, de domination et de sévérité que les jeunes femmes devaient vivre chaque journée scolaire. Pour ce qui est du travail du costumier François Barbeau, il a essentiellement misé sur les uniformes réglementaires plutôt sobres de l’époque c’est-à-dire jupe et veste noires avec un chemisier blanc en dessous. Tandis qu’il a poussé le jeu de couleurs pour ceux qui sont habillés en civil. Cette opposition accentue encore d’avantage le sentiment de peur que représente le milieu scolaire. Une symbolique bien maîtrisée. Il ne faut pas oublier les comédiens, qui malgré leur popularité à la télévision, ont su garder le côté théâtral de la scène, ce qui a semblé plaire au public.
Cette représentation m’a émue, puisque le message qu’elle véhicule me touche particulièrement étant une femme moi-même, elle fait en sorte que notre époque semble plus illuminée, plus libre, plus égalitaire et moins misogyne. Bien sur, nous devons nous replonger dans la culture et la langue de l’époque, ce qui peut prendre quelques minutes avant d’être bien assimilé par le public, mais une fois plongé, il se laisse flotter, à la redécouverte de ce que fut jadis, notre Québec. Il a été question d’un amalgame d’émotions contradictoires puisque la dramatique de la situation est altérée par une dose d’humour bien placée, respectant toutefois les éléments réalistes de cette période. Comme quoi, parfois, il vaut mieux en rire qu’en pleurer, même si la situation demeure tragique, il est bon de savoir savourer le rire et le bonheur quand ils daignent se montrer. L’œuvre semble parfois pesante et lourde et c’est exactement ce qu’il fallait à cette pièce puisque l’auteur, ayant vécu l’époque qui a suivi, à été capable de la reproduire, pas simplement par le biais de livres d’histoire, mais par la concrétisation de ses souvenirs de sa famille et de leur témoignage. Ce n’est pas n’importe quelle histoire qui y est représentée, mais la nôtre! Tremblay nous a fait vibrer par ses textes poignants, son humour qui arrive à point quand vient le temps d’alléger le climat et tintés d’une triste ironie. Personnellement, Michel Tremblay n’est pas mon scénariste favori, mais cette œuvre a su m’apporter une crédulité face à ce que les gens de mon peuple, les femmes surtout, ont subies depuis des générations, cela permet de se sentit choyé et nanti comparativement à ce que les femmes des années 40 pouvaient espérer de mieux pour leur «infériorité» marquée. Cela amène aussi un sentiment de fierté face à toutes celles qui se sont insurgées en se disant qu’elles en avaient assez et que les choses se devaient d’évoluer. L’avancée progressiste qu’ont provoquée ces femmes est tout simplement admirable, surtout tenant compte, que malgré les années qui ont coulées avant de voir des changements significatifs, une fois mis en branle, ils ont pris une expansion incroyable et le mouvement féministe s’est gagné bien des adeptes. Un spectacle qui valait le détour, ne serait-ce que pour se conscientiser.
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