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Le journal d’Anne Frank est une pièce écrite par Eric-Emmanuel Schmitt et mise en scène par Lorraine Pintal. Pour écrire cette pièce, Schmitt s’est inspiré du Journal d’Anne Frank, un journal intime rédigé par une jeune juive durant la seconde guerre mondiale. Dans cette pièce, Schmitt nous replonge avec succès dans la deuxième guerre mondiale avec un peu d’humour, mais aussi avec beaucoup d’émotions. Dans son journal, Anne Frank (jouée par Mylène St-Sauveur) n’a seulement que treize ans lorsqu’elle décrit la façon dont sa famille est parvenue à se cacher des nazis et ce, jusqu’à ce qu’ils soient dénoncés et envoyés dans des camps de concentration, où ils périront tous, sauf un.
D’abord, Le journal d’Anne Frank est une pièce déjà assez impressionnante par son décor imposant, qui comporte deux étages nous permettant de voyager à travers le temps. Lorsque l’action se déroule en bas, nous sommes situés dans l’instant présent, au moment où Otto Frank commence, un peu hésitant, à lire le journal intime de sa fille, trouvé et gardé par sa secrétaire. L’histoire commence au tout début, au moment où Anne reçoit son journal à son anniversaire, qu’elle surnomme Kitty. Elle se présente un peu à cette Kitty puis rapidement, comme sa sœur Margot est convoquée au camp de concentration, la famille part se réfugier dans un endroit appelé l’Annexe. Dans ce décor, plusieurs plans nous sont présentés. Premièrement, à l’étage du dessus, il y a l’endroit où se rassemblent tous les personnages et, derrière des auvents, se cachent les chambres et les autres pièces non mentionnées. En dessous se trouve le bureau de monsieur Frank, là où il se trouve la plupart du temps avec sa secrétaire. Mais le plus intéressant, c’est que sous ce gros décor se trouve un passage dans lequel les personnages se rendent lors de leur mort. Tous, sauf Anne, car selon moi, même si elle est morte, elle continue d’exister grâce à son journal. Pour l’éclairage, il est relativement sombre lorsqu’il s’agit du présent, mais très éclairé lors des scènes du passé.
Ensuite, cette pièce à caractère historique fait ressortir beaucoup d’émotions, dont la tristesse lorsque le père d’Anne, Otto Frank, apprend la mort de ses filles par sa secrétaire, mais aussi la joie éprouvée par Anne Frank et sa famille lors de certains événements heureux, comme les bonnes nouvelles qu’ils entendent à la radio ou de la part de leurs complices, qui les approvisionnaient en nourriture ou en besoins de tous genres.
On voit alors les personnages évoluer au fil du temps qu’ils passent à être enfermés : on les voit se disputer, se décourager, s’éloigner ou se rapprocher les uns des autres et le tout, grâce à leur très bon jeu d’acteur. En effet, chaque comédien utilise un français standard, un français assez neutre et dénué d’accent. Même s’il est peu réaliste et commun de la part d’une adolescente d’utiliser ce genre de langage, cela nous rapproche du fait que l’histoire qui se déroule sous nos yeux est en fait un roman écrit par l’adolescente elle-même. De plus, les costumes, très représentatifs de l’époque, contribuent grandement au jeu des comédiens, car ils les rendent plus crédibles. Les femmes portent de longues jupes d’époque et portent toujours attention à leur coiffure, et il en est de même pour les hommes, qui ne quittent pas leur chemise et leurs pantalons retenus par des bretelles. Ce saut dans le temps est un vrai plaisir, car chaque détail est bien pensé pour que le tout soit fidèlement retranscrit. Bref, rien ne pourrait laisser croire que nous voyons cette pièce en direct des années 2010.
De plus, des vidéos ou des images de guerre sont projetées sur scène et cela nous immerge d’autant plus dans l’histoire racontée par Anne Frank. Par exemple, pour illustrer le fait qu’Otto attend ses filles à la gare au début de la pièce, une simple image de train est projetée sur la scène et cela permet de rendre le décor encore plus versatile sans même avoir à déplacer quoi que ce soit. On peut même voir, à un moment, l’image projetée d’Hitler qui fait son salut nazi juste devant la jeune Anne Frank, une image qui pourrait en choquer certains. Aussi, les effets sonores ajoutés tout au long de la pièce permettent aux spectateurs d’être projetés dans l’ambiance de la guerre. Par exemple, lors des bombardements près de l’Annexe, des effets sonores assourdissants retentissent dans la salle, nous donnant réellement l’impression d’être survolés par des avions de guerre.
Comme on le sait, l’histoire de la jeune Anne Frank est bien connue de tous et l’annonce de la pièce attire les foules. Bien remplie, la salle comportait autant d’étudiants en sortie scolaire que de personnes plus âgées désireuses de faire un saut dans le passé et de se remémorer cette époque atroce que fut la guerre. Il ne faut donc pas avoir peur des foules si on désire assister à cette pièce d’une durée de deux longues heures.
De mon point de vue, cette pièce est superbe. Schmitt a su composer avec cet événement historique très tragique en nous faisant rire par moments, histoire de ravaler les quelques larmes qui menacent de couler dès le début, lorsque le père des jeunes juives apprend leur mort. On assiste non seulement à la captivité d’un groupe de juifs qui espèrent survivre à la guerre, mais aussi à la vie d’une jeune adolescente qui se voit forcée de grandir plus vite dans de drôles de conditions. Même si on sait comment se termine cette pièce, on ose espérer une fin heureuse qui, malheureusement, ne viendra jamais. Mon conseil, si vous voulez assister à cette pièce, est de ne pas oublier de glisser quelques mouchoirs dans vos poches. Cependant, vous ne serez pas déçus, car Schmitt a fait un bon travail avec Le journal d’Anne Frank.
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