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Mommy est un film québécois écrit et réalisé par Xavier Dolan en 2014. À seulement 26 ans, Xavier Dolan a déjà cinq films à son actif. Le scénariste-réalisateur doit son succès à son premier long métrage, J’ai tué ma mère, un drame réalisé indépendamment en 2009. De ce fait, il réalise actuellement un film par année. Quant à Mommy, c’est un drame qui raconte l’histoire d’une veuve monoparentale dans la quarantaine un peu délurée, Diane Després (Anne Dorval), qui hérite de la garde de son enfant, Steve Després (Antoine Olivier Pilon), un adolescent qui souffre d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Ensemble, ils forment un duo un peu trop explosif, qui sera rejoint par Kyla (Suzanne Clément), une enseignante en sabbatique un peu timide qui présente quelques troubles de langage. Pendant que Diane fait des ménages afin de subvenir à leurs besoins, Kyla passe du temps avec Steve afin de l’aider à obtenir son diplôme d’études secondaires. Le trio vivra de bons moments, jusqu’à ce que Diane reçoive une mauvaise nouvelle, qui chamboulera leur vie.
Tout d’abord, Mommy est un film qui dérange pour plusieurs raisons, mais surtout par son langage. Dans ses films, Xavier Dolan rend toujours hommage au québécois qu’il est en poussant notre joual à fond et en utilisant des expressions qui nous sont propres. Si nous, québécois, sommes à l’aise avec la langue des personnages, notre façon de parler peut peut-être déplaire à d’autres vu sa difficulté de compréhension. D’ailleurs, une des seules raison pour laquelle Mommy déplait vraiment à nous cousins français, c’est l’accent, qu’ils qualifient d’incompréhensible. Cependant, pour ceux qui sont à l’aise avec cet accent et ces expressions, il est plus facile d’être à fond dans l’histoire et ses personnages plus qu’attachants, car la famille représentée pourrait être n’importe qui dans notre entourage et on peut s’y identifier.
Sinon, la longueur du film en soit pourrait peut-être en déranger certains. Même si le film est intéressant, il contient certaines longueurs durant lesquelles le silence prône, certaines scènes inutiles, peut-être, durant lesquelles certains téléspectateurs soupirent, regardent l’heure et se demandent si ça sert vraiment à quelque chose. Car 2h20, ça peut devenir long assez facilement. Personnellement, j’ai adoré ce film, mais lorsqu’on arrive vers la fin et que ces longueurs persistent toujours, je dois avouer que je commençais à m’impatienter. Je n’imagine donc pas le calvaire de ceux qui ont du mal avec le joual!
De plus, Xavier Dolan a su démontrer les effets de la maladie mentale de l’adolescent au travers de la caméra, qui filmait parfois en 1 :1, c’est-à-dire en carré. On se sent resserrés par cet écran, comme dans la tête de Steve, et l’écran s’élargit aux moments où les personnages sont en harmonie et où leur vie semble s’éclaircir. Cependant, Dolan n’explique pas la caméra de cette façon. Selon lui, c’est plutôt un choix élémentaire qui nous permet d’être plus près des personnages. Personnellement, je trouve que c’est réussi, même si au début, on se demande si on aura vraiment à endurer ce petit format pendant 2h20. Néanmoins, on s’y habitue rapidement et c’est un détail sur lequel on passe assez vite, vu le degré d’absorption dans lequel on est plongés.
Un autre élément important de ce film est la musique. Pour Dolan, il ne peut pas y avoir de film sans musique et il le démontre très bien dans Mommy. En effet, Mommy commence en musique, et c’est peut-être parce que le film a été écrit autour d’une pièce de Ludovico Einaudi, nommée Experience. Ce morceau instrumental commence doucement avec du piano, mais il s’intensifie rapidement avec du violon. Il est facile de s’y laisser emporter et en l’écoutant, on comprend bien pourquoi Dolan s’en est principalement inspiré pour écrire Mommy. La musique ne s’arrête donc pas là, elle est présente du début à la fin, que ce soit du Indochine ou du Céline Dion, à peu près tous les genres y passent et c’est un gros plus qui ajoute encore plus d’émotions à la mise en scène.
Aussi, il est impossible de parler de Mommy sans mentionner la violence qui y fait rage. En effet, rares sont les fois où le jeune Steve n’attaque pas physiquement et verbalement sa mère, qui ne sait pas vraiment comment se défendre, de peur peut-être de blesser son fils. Nous sommes témoins de scènes pleines de rage, des moments où l’adolescent explose devant des situations auxquelles des gens « normaux » ne feraient que de passer à autre chose. Mais selon moi, ce qui est difficile dans cette représentation, c’est de se dire que ce qu’on voit, c’est tout simplement une reproduction de certaines réalités.
En comparant ce film avec les autres œuvres de Dolan, on peut remarquer que la colère, l’exaspération et la différence sont des thèmes omniprésents, ce sont les objets principaux de ses films. La façon dont il l’explique est simple : le réalisateur transmet son impatience à travers ses écrits, son désir de représenter la différence. Selon moi c’est réussi, car les personnes atteintes de troubles mentaux sont souvent mis à part et d’autant plus les homosexuels, qui, malheureusement, en effraient encore certains de nos jours.
Pour résumer, Mommy est un chef-d’œuvre du début à la fin. Les personnages sont attachants, on veut vraiment savoir de quelle façon se terminera leur histoire. Malgré qu’il soit un peu long, la musique est un plus qui nous aide à rester accrochés et l’idée de tourner en 1 :1 est géniale, car elle permet au film de se démarquer d’autant plus. Même si la fin nous arrache quelques larmes, Mommy est un film que je recommande grandement et que je regardais encore et encore.
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