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Tout commença par une chaude journée d’été où quelques étudiants avaient décidé de se rencontrer afin de créer des retrouvailles. Ceux-ci avaient passé leur primaire ensemble et avaient su créer de très forts liens. Afin de renouer ces liens et de réapprendre à se connaître, puisque avec les années ils ont tous beaucoup changé, Camélia, une personne de ce groupe, avait décidé de créer cet événement.
Donc, ils étaient au restaurant La Casa du spaghetti de Drummondville en ce samedi 10 novembre 2012, là où la soirée débutait. Tous avaient accepté l’invitation et avaient promis d’y être pour 19 h. Camélia, l’organisatrice de l’évènement, celle qui a toujours su faire preuve d’organisation, les attendait donc à l’entrée. Après 1h30 de retard, ils arrivaient enfin. Amélie, Jean-Sébastien, Ulric, Stéphanie et Yann se joignaient à leur amie. Après plusieurs questionnements auprès de ceux-ci au sujet de leur retard, elle n’avait toujours aucune réponse. Ils n’avaient jamais été aussi silencieux. Même dans ses plus lointains souvenirs, jamais elle ne les avaient pas entendu parler tous en même temps, ils étaient les plus bavards de la classe. Après plusieurs essais, elle se découragea et cessa de les questionner. Ils discutèrent donc sur de nombreux sujets, un à la suite de l’autre, ils partagèrent leurs plus marquants souvenirs. Malgré la belle complicité de tous, Camélia soupçonnait quand même quelque chose de louche. Pourquoi est-ce qu’ils étaient tous arrivés en retard en même temps ? Pourquoi est-ce que personne n’avait voulu témoigner sur leur retard? Elle décida de laisser cela de côté et de profiter de la belle soirée qu’elle allait passer. Malgré le fait qu’ils avaient tous déjà été des amis proches, le temps les avait séparés et ils n’étaient plus que des inconnus maintenant. Pourtant, malgré l’éloignement de leurs relations, ils maintenaient une bonne complicité étant donné qu’ils savaient tous qu’au fond, des souvenirs les unissaient. Pendant le souper, ces jeunes adultes remarquèrent que des rapprochements se faisaient entre deux de leurs amis. En effet, Ulric ne faisait que regarder Stéphanie et vice versa. Ces beaux tourtereaux n’attendaient que d’être seuls pour en profiter et discuter seul à seul. Bref, c’était sûrement la cause du retard de ces deux-là, pensa Camélia, car maintenant la soirée se déroulait plutôt bien. Après le souper, ce fut la sortie au cinéma RGFM, tous avaient choisi une comédie hilarante qui mettait en vedette le fameux Adam Sandler. Les scènes drôles s’enchaînaient les unes à la suite des autres et personne ne put s’empêcher de rire une seule fois. Lorsque le film fut terminé, tous se rejoignirent dans le stationnement afin de se dire adieu, car qui sait, peut-être ne se reverraient-ils jamais.
C’est alors à ce moment-là que tout commença. Camélia décida de proposer d’aller terminer cette belle soirée dans un petit bar pas trop loin du cinéma. Bien sûr, tous acceptèrent! Ils se rendirent donc à pied au bar sur la rue Brock.
Il est maintenant minuit, Stéphanie et Ulric ralentissent la marche étant donné qu’ils se partagent leurs plus longues anecdotes. Minuit et 10 et il n’y a seulement qu’une rue de traversée. Camélia s’impatiente, pourquoi tout le monde marche-t-il à un rythme de tortue vieille de 400 ans? Tout à coup, elle entend des coups de feu. Elle se met à crier et à se demander ce qui se passe dans le centre-ville de Drummondville à cette heure matinale. Lorsqu’elle se retourne, tous ses amis ont disparu. Il est minuit et 15 et la ville est en panique. On entend des cris venant de tous les coins de rues. Camélia est seule et il fait noir. Tous savent que cette fille ne peut pas supporter la solitude, surtout la nuit et en plus lorsqu’elle est dans un quartier pas fiable du tout. Elle essaie de ne pas bouger, afin de ne pas être une future cible pour l’assassin. Camélia a des sueurs froides, celles-ci lui parcourent le dos, le front, les tempes et les bras. Elle pleure de grosses larmes qui se laissent guider par la rondeur de ses joues. Sa respiration est instable et son cœur bat à toute vitesse. La peur l’envahie et l’insécurité s’empare d’elle. C’est son pire cauchemar. Pourquoi est-ce qu’il a fallu qu’elle propose cette idée idiote d’aller dans un bar à cette heure-là? Pourquoi est-ce que c’est ELLE qui se retrouve dans cette situation et pas une autre personne, un garçon par exemple, un homme qui n’a peur de rien? Mais non il a fallu que ce soit elle. La voilà maintenant agrippée par deux hommes. Celle-ci ne cesse de crier, une douleur s’empare de sa gorge, elle a les cordes vocales très enflées, ce qui veut dire que bientôt elle n’aura plus de voix. Qu’est-ce qu’elle peut faire? Elle crie les noms de toutes les personnes qui étaient avec elle un peu plus tôt. Personne ne répond. C’est la panique totale. Pourquoi est-ce que personne ne vient l’aider? Ces hommes commencent à la déshabiller, elle essaie de se débattre et de se sauver, mais ceux-ci la menacent avec un couteau. Elle se pince afin de se réveiller d’un simple cauchemar, mais rien. Ce n’est pas un rêve, mais bien la réalité. Elle se jette sur son cellulaire afin d’appeler les secours, mais bien évidemment, pile morte… Plus rien à faire, elle se laisse faire et cesse de se débattre. Elle est morte de fatigue et d’épuisement. Elle sent tous ses muscles étirés par les mouvements brusques qu’elle a faits. Elle a chaud et commence à être étourdie. Jamais elle ne s’est sentie ainsi. Elle sait qu’elle va mourir. Des images de son enfance repassent dans sa tête, tel un film. Elle se revoit enfant, avec ses parents et sa petite sœur lors d’une journée à la plage, ensuite en camping avec des amis. Un sentiment de nostalgie et de tristesse s’empare d’elle. Camélia s’imagine déjà les unes dans le journal du lendemain : «Une adolescente morte agressée». C’est alors qu’Ulric crie : «Coupez». La vidéo est terminée. Camélia comprend qu’elle avait été choisie pour être la victime de leur vidéo. C’était donc ça leur cachotterie de la soirée… Tous s’applaudissent, se disent à la semaine prochaine pour le visionnement de leur petite vidéo : «Des retrouvailles qui se terminent mal».
Camélia a décidé d’organiser des retrouvailles avec son groupe d’amis du primaire qu’elle n’avait pas revus depuis longtemps. Ces amis, afin de la taquiner, ont décidé de lui jouer un tour. J’aime ce texte, car l’histoire semble tout à fait banale et les seules anomalies dans le comportement de ses amis sont rapidement mises en second plan, mais assez importantes pour créer un peu de suspicion. Cela produit un effet de surprise inattendue à la fin que j’ai grandement apprécié.