Elles… par Katy Ferron

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          Je suis née fille, d’une femme québécoise, au Québec, avec des droits. J’ai un regard sur le monde que mes parents n’auront jamais. Cependant, bien avant que ma propre histoire ne commence, certaines règles ont été établies, d’autres abolies. Les gens ont acquis des droits fondamentaux plutôt que des privilèges transmis de génération en génération. Maintenant, au moment où j’écris ces lignes, les femmes du Québec sont-elles dans de bonnes conditions? Certes, certaines preuves historiques peuvent l’affirmer. Cependant, que fait-on de leur situation actuelle, de la situation que leurs filles vivront par la suite? À l’aide d’un historique et d’un coup d’œil sur l’actualité, on pourra s’apercevoir que, derrière toutes les manifestations du passé quant aux conditions sociales des Québécoises, elles ont encore du chemin à parcourir.

En premier lieu, il va sans dire que les femmes du Québec se sont battues pour obtenir l’égalité dans le passé, mais ont-elles gagné cette bataille? En effet, on pourrait désigner l’Acte constitutionnel de 1791, qui leur a donné le droit d’avoir une terre et, ainsi, de pouvoir voter à la Chambre d’assemblée, et ce, «malgré» leur sexe. Toutefois, cinquante-huit ans plus tard, soit en 1849, ce droit a été enlevé aux quelques femmes qui le détenaient par «erreur». Près de soixante-dix ans plus tard, en 1918, elles peuvent voter au fédéral. Au niveau du Québec, ce n’est pas gagné d’avance. En 1866, le Code civil est mis en vigueur. Selon un document PDF du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport : «les femmes mariées sont assimilées, à quelques nuances près, aux enfants et aux personnes interdites. Elles ne peuvent être les gardiennes de leurs propres enfants, se défendre ou intenter une action, recevoir un héritage. Elles n’ont pas droit au salaire que peut leur procurer leur propre travail.»[1] Les femmes du Québec, à ce moment-là, sont considérées comme des mineures et ne peuvent faire que le métier de leur mari, à qui elle doit se soumettre. Par la suite, malgré la volonté de certaines femmes avant-gardistes d’obtenir la démocratie et la liberté, les femmes souffrent encore de plusieurs préjugés. Dans la société, elles sont les mères des canadiens-français, au seul service de se reproduire. Selon Henri Bourassa, le fondateur du quotidien Le Devoir: « …les Canadiennes françaises risquent de devenir des « femmes publiques », « de véritables femmes-hommes, des hybrides qui détruiraient la femme-mère et la femme-femme ».[2] Malgré tout, elles profitent des médias pour faire passer leur message tout en manifestant, afin de finalement changer l’opinion publique et l’opinion de l’assemblé législative. Le 25 avril 1940, le premier ministre Joseph-Adélard Godbout a enfin permis aux femmes d’aller voter en toute légalité et, surtout, de se faire élire. Cependant, ce n’est que 21 ans plus tard qu’une ministre de sexe féminin se faire devient ministre. Il s’agit de Marie-Claire Kirkland-Casgrain qui a contribué à l’avancement de la cause des femmes par la proposition d’un projet de loi, visant à permettre aux femmes mariées d’accéder à la juridiction.  Le nombre de femmes dans la politique n’est pourtant pas énorme. En effet, selon le site Internet du directeur général des élections du Québec « la présence significative des femmes à l’Assemblée nationale ne se fait sentir que dans les années 80. Il faut attendre 1985 pour que les candidates élues dépassent la dizaine : 18 en 1985, 23 en 1989 et 1994, pour atteindre finalement 29 aux élections générales de 1998, soit 23 % des sièges.»[3]

Maintenant que l’on a pris compte des différents éléments historiques, est-il possible de dire que la condition des femmes au Québec est exceptionnelle? Bien sûr que non. En fouillant un peu dans l’actualité, on peut remarquer que la gente féminine n’est peut-être pas considérée sur le même pied d’égalité que les hommes. D’un point de vue statistique, en 2006, une femme n’a pas encore accès au même salaire qu’un homme, tout dépendamment de  leur âge. Les données de Statistique Canada démontrent que les femmes de 65 ans et plus gagnent 56,4% du revenu des hommes de la même tranche d’âge. Pour les jeunes femmes de 15 à 19 ans, elles reçoivent 82,4% du salaire des jeunes hommes du même âge, ce qui est une différence moins importante, mais dont l’inégalité est toujours présente[4]. Ensuite, prenons par exemple le Plan Nord qui fait beaucoup parler ces temps-ci. Les femmes québécoises ne sont pas épargnées. Effectivement, selon la Gazette des femmes :

«Le mot femme n’apparaît qu’une fois dans le document Faire le Nord ensemble qui décrit le Plan Nord en détail. Aucun groupe de femmes québécois n’a été consulté; le gouvernement québécois n’a pas fait appel à leur expertise. Il n’a pas non plus jugé bon de produire une analyse différenciée selon les sexes pour prévoir comment le développement de ce vaste projet pourrait affecter différemment les femmes, les enfants et les hommes. La question se pose donc dans son entièreté : le Plan Nord est-il réservé aux hommes?»[5]

En conclusion, est-ce que, encore aujourd’hui, des secteurs de la vie économique, politique et industrielle du Québec sont des secteurs d’hommes? Certes, les femmes ne sont probablement pas toujours jugées selon leurs vraies capacités, mais sont-elles conscientes de tout ce que les femmes ont réussi jusqu’à maintenant? Un autre problème, dont les femmes sont les actrices, fait partie des préoccupations importantes de notre époque. Il s’agit de l’hypersexualisation.  Diminue-t-elle la valeur des jeunes filles, sont-elles réduites à des objets? Il est prouvé que les habitudes vestimentaires de ces futures femmes sont un signe de disponibilité sexuelle, et ce, bien qu’elles n’en soient pas conscientes. Aujourd’hui, les femmes sont probablement plus libres sur un plan politique, mais la consommation et la mode se sont épris d’elles pour les rendre esclaves d’un canon de beauté, d’un idéal trop sévère.


[1]Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. La constante progression des femmes, [En ligne]. http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/conditionfeminine/pdf/Historique_Droits_femmes_f.pdf (Page consultée le 30 avril 2012)

[2] Cap-aux-Diamants, no 21, printemps 1990, p. 20

[3] Le directeur général des élections du Québec. Droit de votes des Québécoises, [En ligne].http://www.electionsquebec.qc.ca/francais/provincial/vote/droit-de-vote-des-quebecoises.php (Page consultée le 30 avril 2012)

[4] Québec Hebdo. Condition des femmes au Québec : une lutte à poursuivre, [En ligne]. http://www.quebechebdo.com/Actualites/Actualites-regionales/2010-10-13/article-1845926/Condition-des-femmes-au-Quebec%3A-une-lutte-a-poursuivre/1 (Page consultée le 30 avril 2012)

[5] Gazette des femmes. Les oubliées du Plan Nord, [En ligne]. http://www.gazettedesfemmes.ca/dossier/53/ (Page consultée le 30 avril 2012)

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