Evelyne Godin dans une entrevue avec elle-même.

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J’entre dans la pièce et je m’assois sur le divan qui est au centre plutôt que sur la chaise berçante qui est à côté. C’est plus confortable et le divan, lui, il ne grince pas au moins.

-Bon, je suis prête. On peut commencer.

-Tu as l’air motivé. Parle-moi un peu de toi.

-Euh…je ne sais pas trop par quoi commencer. Bon. Je n’aime pas vraiment parler de moi, je ne me connais pas vraiment; ma couleur préférée? mon repas favori? et tout le tralala? Ce que j’aime faire… De la danse : ballet, claquette, jazz, danse acrobatique, chearleading. J’ai arrêté pour avoir plus de temps pour mes travaux de cégep. J’adore lire, un peu de tout, mais surtout des romans policiers ou fantastiques. Euhm…

-Es-tu indécise?

-Indécise? Non…oui, bin pas vraiment. Ça dépend. Peut-être? Ok, ouin…

-Paresseuse?

-Ça sort d’où ces questions-là? En tout cas…oui, bon. Pis je suis une procrastineuse professionnelle. Je vais travailler là-dessus plus tard.

-Et socialement, tu t’en sors comment?

-Je suis très introvertie, même que parfois ça me pose problème parce que je suis trop gênée. Comme je l’ai mentionné, je n’aime pas parler de moi, donc, quand je suis avec des amis, je préfère les écouter ou amener la conversation vers des sujets moins personnels…

-Et ton avenir, comment le vois-tu?

-Honnêtement? Je ne le vois pas. Je n’arrive pas à me projeter dans le futur en appartement avec un emploi stable ou avec un chum. Côté carrière, je n’ai jamais su ce que je voulais faire dans la vie, même quand j’étais enfant. Je n’ai jamais eu les idées classiques du genre «je veux être une princesse» ou «je veux être vétérinaire». Même si je ne sais toujours pas ce que je veux vraiment faire, l’année passée j’ai choisi d’aller en traduction au terme de deux rencontres avec la conseillère. Je sais au moins que je me plairai dans ce programme-là puisque j’ai toujours aimé apprendre des langues et que j’ai une certaine facilité à le faire. Donc, comme ça, si je finis par trouver ce que je veux vraiment faire, au moins je n’aurai pas passé des années de ma vie à occuper un emploi qui ne me plaît pas.

-C’est très bien, tu en sais déjà plus que la dernière fois. Je pense qu’on peut s’arrêter là.

-Je vais y aller alors. J’ai un autoportrait à écrire.

Sur ce, je me lève, le cœur plus léger, et je quitte la pièce vide. Parler toute seule m’a toujours aidée à m’éclaircir les idées!

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