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L’année des mal-aimés
Ô Printemps, Printemps, printemps !
Les amoureux marchant au gré de leurs souffles mentant
Mon visage étendu sur mon écran cherchant, cherchant
Oh joli été !
L’amour sur un quai, un baiser déterminé
Mon visage mal-aimé tellement frustré, frustré
Automne, au tonnerre !
Des tonnerres de femmes sur mon homme
Mon visage devient monotone, monotone
Hiver si éphémère !
Paroles cachottières de mon ère
Mon visage derrière, derrière
Pain d’un jour
Ébranler la mémoire d’un homme qui est affamé
Morceau de pain et plus rien
Un crâne couleur de lumière
Se fout de son front et ne le trouve pas canon
Il n’y pense même pas à son plus grand rêve
Il n’y songe même pas
Il conçoit une autre tête plus artistique
La tête de Picasso
Ou bien la tête de n’importe quel légume
Légume qui se mange bien sûr
Il a les dents qui craquent
Les dents qui cherchent le festin
Un, deux, trois, quatre
Quatre jours sans grignoter
Cela s’est assez éternisé
Ce pain est rendu très loin
Probablement qu’il le ronge dans ses rêves les plus lointains
Au bord de la poubelle, il s’endort et jamais ne se réveille
Sale misère
Je mets la main sur mon chemin, elle me rattrape à pas de lapin
Je mets du sens à ma pauvre vie autant noire que blanche
Même si on sait que les deux sont complètement différents
C’est comme si je sautais la falaise au lieu de la grimper, car je sais que je vais tomber
Pauvre misère, pauvre vie
Être pauvre d’être
Ne pas s’aimer comme on est
Ne pas dire je t’aime à son être
Attendre, attendre et attendre
Pour s’aimer
Attendre pour aimer ses faiblesses autant que sa richesse
Ne pas s’aimer, ne pas s’admirer
Pauvre nous !
Que c’est dur de s’aimer quand au fond, on est née pour aimer
Aimons-nous maintenant et moins pauvre nous serons dans un an
Aimons-nous pour la vie et tous les autres jours aussi
Héritage au revoir
Un sou peut rendre complètement fou
Un sou est égal à un trou
Le trou où on va à la fin de tout
Recevoir peut devenir plein de savoir
Comme il peut devenir un grimoire de désespoir
Avoir, avoir, avoir est égal à nos valises sèches
Pauvreté de millionnaire devient pauvreté de malheur
Une pièce, du fric et un sou ne nous rendent pas au-dessus de tout
Désert vivant
Dénuement de minceur malgré toute joie de monarque
Sécheresse misérable avant tout des rires qui laissent une marque
Malnutrition flagrante, mais absolument ravie de loger la vie
Pays ravagé, cœur ressenti du paradis
Manque de pognon avec le regard d’une princesse
Carence nutritionnelle rempli de la sagesse d’une superforteresse
Désert appauvri, désert authentique d’une vie sans gaspille
Désert véritablement vivant
À moitié vide, à moitié plein
Bol de riz est l’opposé de caviar du roi
Main de charbon est l’opposé de main de soie
Bol de riz a les moyens de mettre son bol bien plein
Tandis que caviar du roi, lui, met un grain de richesse dans sa poche
On se différencie par notre bol de riz
La seule chose que ce roi ne possède pas
Bol de riz est le roi de mille grains de riz
Tandis que caviar, lui, est le roi d’un seul sac d’argent sans vie
Le trombone de l’amitié
Une fillette à la chevelure scintillant de fortune
Aux yeux couleur d’Océan indien
Vit dans un palais de marbre
Fillette à la chevelure terreuse de pauvreté
Aux yeux couleur malhonnêteté
Vit dans une ruine de sable
Fillette à la fortune d’or salua
La fillette à la fortune de noix
Trombone de la fillette d’or rendit
Trombone de la fillette de noix recevra
Trombone d’unisson, de passion
Trombone rendit bonne et mauvaise égale
Tomber du septième ciel
Portrait saccagé, se trouver atroce
Regard, miroir
Peintre glorieux au tombeau, un rêve sans espoir
Désir, au revoir
Hausser vivre ses rêves puis traîner, monter et retomber
Volonté, au fumoir
Lui, elle, simultanément amant
Amour, à l’abattoir
Absente…
Pauvreté présente dans mon corps
Un pion de ressemblances
Intrus dans l’attroupement
Se cherchant un banc
Vivant de la promenade à ruelle
Il n’a pas assez d’oseille
Il tend sa main
On le heurte en chemin
Comme s’il n’avait pas de valeur
Comme s’il était un voleur
Au fond, on se ressemble
On veut juste notre place dans la mappemonde
On veut que notre face soit identifiée par du monde
Doigts de charbon peuvent satisfaire miss univers
Mademoiselle dodue peut satisfaire monsieur muscle
Car tout ce qu’il faut c’est un pion de ressemblances
Enfant incrédule
Un enfant naïf et craintif
Plaignant et ignorant son accroissement
Se scrute dans ses parents
Ne pense pas à ses actes pour autant
Pauvre de connaissance et sans conscience
Rame dans la vie avec une panoplie d’outils
Même si son coffre n’est pas totalement rempli
Il fait avec et vit sa vie
Plus vieux, à l’âge adolescent
Cherche un sens à son parcours décadent
Décide de quitter son nid d’éducation
Pour insensiblement se retrouver sans raison
Commence à potasser pour sa soupe
Maintenant mûr, le fait pour des simples gouttes
Il galère et s’ennuie
Regret ressenti s’établit
Décidé et prêt à rembarquer
Avec l’audace de reculer
Reprend ce long chemin ardu mais tapé
Où tout jeune, il s’est précédemment installé
À l’aboutissement du long tunnel
L’abruti devint maintenant l’instruit
Son détour longuement réfléchi
Tendit dans ses amples pinces un bon goût à la vie
Juste des larmes
Je pleure en écoutant le vent
Au long de ce sentier couvert de bois si perçant qui m’arrête un moment avec son énorme assombrissement
Je pleure, je pleure, je pleure
Au creux des charmilles et mes bottes elles se sentirent maigrir tout comme la terre au-dessous de celles-ci se devait de me soutenir
Je pleure
Ces feuillus tordus me rendent trop confondue avec un tel imprévu qu’au final je suis déçue
Je pleure par la peur
Mes abdominaux aussi gros que des bébés oiseaux deviennent de plus en plus gros
Je pleure à n’en plus finir pour ma pauvreté qui me fait fuir
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